Algérie

Affaire du jeune tué à Haï El Yasmine: Les deux policiers condamnés à trois ans de réclusion


Le procès, après cassation, des deux policiers accusés d'avoir «accidentellement» tué un jeune, lors d'une opération d'arrestation qui a mal tourné, à Haï El Yasmine (Oran-est), juin 2009, s'est achevé avec la confirmation de la culpabilité de ces ex-agents, mais néanmoins avec un allègement significatif de leur peine. Ceci, au vu de plusieurs éléments, dont les circonstances dans lequelles a eu lieu le drame, qui auraient pu, à peu de choses près, valu l'application du chapitre des «excuses absolutoires», ou celui de la «légétime défense», et ce, indépendamment de la question centrale: «Quelle est la main qui a appuyé sur la détente ?»

La sentence est ainsi passée de 5 à 3 ans d'emprisonnement pour les deux policiers M.Kh., 35 ans, et Z.S., 36 ans, reconnus coupables respectivement de «coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner» et «complicité», conformément aux articles 264 et 42 du code pénal.

La difficulté de savoir quelle était la main qui avait pressé sur la gâchette a pesé de tout son poids sur le procès. La citation à la barre du commissaire directeur du Laboratoire scientifique régional d'Oran, en qualité d'expert en ballistique, afin d'éclairer juges et jurés sur certains points techniques, n'a pas apporté grand-chose, l'expert sollicité ayant été incapable de répondre avec précision à certaines questions. Surtout celle de savoir le calibre de la balle qui a transpersé la poitrine de Y. Abdelkader, reste en suspens. Tout le problème est là. Selon la version des témoins présents sur la scène du crime, c'était le policier M.Kh. qui avait tiré à bout portant sur la victime. Récit refuté par les avocats du mis en cause qui ont récusé le témoignage de ces personnes, celles-là mêmes qui avaient formé un bouclier autour de l'indidu recherché, B. Mohamed Amine, allant jusqu'à agresser à l'arme blanche les deux agents pour les enpêcher d'accomplir leur mission. Pour les conseils de M.Kh, «il est certain que l'unique coup mortel n'a pas été tiré avec l'arme de M.Kh., un PA de type Beretta 9 mm.» Preuve en est, selon eux, «tout le monde est unanime, y compris les témoins à charge, sur le fait que M.Kh a tiré une balle de sommation, une seule, après avoir été pris d'assaut, lui et son collègue, par les travailleurs du chantier. Or, il est établi qu'au départ il avait 15 balles dans son révolver. Après l'incident, pièce à conviction à l'appui, il lui restait 14 balles. Il en a donc utilisé qu'une, celle tirée vers le ciel pour faire disperser les assailliants.»

Autre contre argument des avocats à la version présentant M.Kh. comme étant le tireur: «Les dimensions, étrangement mesurées par les laboratins avec un ruban millimétré et non avec un pied à coulisse, des trous d'entrée et de sortie de la balle, lesquels ne correspondaient pas au 9 mm. » Il faut dire que le doute, voire l'indétermination absolue, plane sur ce point, puisque les tests de vérifications ont été compromis par l'absence des vêtements de la victime -qui aurait été torse nu, ce début d'après-midi du 1er juin 2009- dont l'examen aurait pu trancher cette question. Autre zone d'ombre : « pourquoi n'a-t-on pas pu retrouver la douille de la cartouche de la balle qui a tué la victime ?» Les faits remontent au 1er juin 2009, l'agent M.K, du Commissariat du 22e, et son collègue, Z.S., du 21e, ont été chargés d'une mission visant l'arrestation d'un individu recherché, B.M.A. Sur leur chemin vers le lieu habituellement fréquenté par le concerné, les deux policiers, alors en civil, armés et munis de menottes et de talkies-walkies aperçoivent fortuitement ce dernier. Ils l'arrêtent, mais à peine ont-ils tenté de lui passer les menottes qu'il parvient à s'enfuir, se retranchant derrière la clôture d'un chantier de bâtiments situé dans la nouvelle cité de Haï El-Yasmine 2. Ils le suivent jusque dans son refuge. L'intrusion des deux policiers a été très mal accueillie par les ouvriers du chantier, d'autant qu'il s'agissait de la capture de leur copain. L'arrestation musclée dérape dangereusement. Et dans des circonstances qui restent très embrouillées, un des employés du chantier, Y.M, 38 ans, reçoit une balle qui lui transperce la poitrine. La victime succombera à ses blessures dès son évacuation vers les UMC du CHUO. Selon, l'agent Z.S, «nous avons été attaqués par une cohorte déchaînée d'ouvriers armés de pelles et de barres de fer… J'ai reçu un coup de pelle sur la tête et j'ai perdu connaissance... Quand je me suis réveillé, la victime était déjà touchée, je n'ai rien vu de la scène, mais je doute que mon compagnon soit le tireur…» Pour son collègue, M.K, qui reste l'accusé principal dans cet homicide « involontaire », « après que mon collègue ait reçu un coup de pelle sur la tête qui lui a fait perdre conscience, j'ai vu un des travailleurs qui nous ont agressés prendre le pistolet de Z.S, le manÅ“uvrer, ensuite le diriger vers moi en me disant «à genoux !». J'ai riposté en sortant mon arme avec laquelle j'ai tiré deux coups de sommation et j'ai couru ensuite pour me sauver.» Bref, M.K nie avoir tiré sur la victime, ni avec son arme, un Beretta 9 mm, ni avec celle de son collègue, un 7,65 mm, arme retrouvée en possession de l'un des amis de la victime, au moment de son évacuation de celle-ci aux UMC du CHU d'Oran.


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