Algérie

Affaire du diplomate Hasseni Ziane



Me Ksentini, à Paris, pour démêler l’écheveau Le déplacement à Paris de Me Ksentini, le président de la Commission nationale de promotion des droits de l’homme en Algérie (CNPDH), prévu pour ces jours-ci, débloquera-t-il la situation dans laquelle se trouve le diplomate Hasseni Ziane, accusé du meurtre de l’opposant algérien André Ali Mecili, à Paris, il y a de cela plusieurs années? Rappelons que Me Ksentini, un pro-che du président Bouteflika, a soutenu, avant-hier, que la France, via cette scabreuse affaire, est en train «d’exercer une pression politique» sur les autorités algériennes. L’affaire Mecili ou Hasseni, c’est selon, est en train de devenir une affaire politico-judiciaire à équations multiples. Les autorités françaises jurent par tous les Saints que leur justice est indépendante et que le pouvoir français ne peut aucunement influer sur le cours des événements. A leur tour, les autorités algériennes soupçonnent leurs homologues françaises d’utiliser cette affaire à des fins politiques, mettant en exergue un chantage diplomatique qui ne dit pas son nom. Un ministre algérien est allé jusqu’à parler «d’otages», sans donner plus de détails, laissant la porte ouverte à toutes les supputations. Or, et à bien analyser le dossier, le diplomate algérien Hasseni Ziane, retenu depuis août dernier et soupçonné d’être le commanditaire du meurtre de l’opposant André Ali Mecili, est victime d’un «marchandage judiciaire» qui le dépasse. Son innocence ne peut être, donc, confirmée que si les autorités des deux pays -pour tenter de démêler l’écheveau- finissent par s’entendre sur l’essentiel et occulter les arrière-pensées politiques. Le juge Thouvenot, au mépris des règles internationales, décide donc de maintenir la liberté provisoire du diplomate algérien, sans raison et sans aucun fondement juridique. La position molle et ambiguë de la diplomatie algérienne a fait le reste. La famille Hasseni Ziane continue de payer pour un crime que son parent n’a pas commis. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les deux parties continuent de se parler par médias interposés alors qu’un simple «travail diplomatique» peut mettre fin à cette histoire qui n’en finit pas. Le témoin à charge, le colonel en exil, Mohamed Samraoui dit Lahbib, par qui toute la procédure a démarré, est revenu presque sur ses propos en affirmant à la journaliste d’Echourouk qu’il n’a «jamais eu accès au dossier d´instruction ni participé à l´enquête», ajoutant: «il m´est difficile d´apporter une réponse adéquate à votre question». Il avouera, par ailleurs, qu’il a rencontré une seule fois le juge Thouvenot: «Je ne suis pas responsable de ce que peuvent écrire les journalistes, car, jusqu´à présent, je n´ai rencontré le juge qu´une seule fois et je n´ai fait qu´apporter mon témoignage sur l´assassinat crapuleux d´un opposant algérien. Je ne vois pas où est la contradiction à partir du moment où je ne me suis exprimé qu´une seule fois de manière officielle sur cette affaire. Aboud (Hichem) ou un autre peut dire ce qu´il veut, cela ne m´importune nullement et ne risque en aucun cas de troubler ma sincérité; j´ai pour moi ma conscience. Pour le reste je m´en fiche royalement. Si la parole est d´argent, le silence est d´or. Plus les attaques continuent et plus ils enfoncent Hasseni. Pour ma part, je ne tomberai jamais dans la provocation et je ferai toujours preuve de discernement, quelles que soient les circonstances. Ce n´est ni Aboud ni un quelconque autre relais de la mafia au pouvoir qui va ternir ma réputation». Enfin, il justifie son absence lors de la confrontation prévue le 19 décembre dernier pour «des raisons que j´exposerai ultérieurement et qui ne m´ont pas permis de me rendre en France. Le guet-apens dans lequel je suis tombé en Espagne, l´année dernière, est encore vivace». Le colonel Samraoui était attendu à Paris par le juge Thouvenot, pour une audition, et aussi à la demande de la défense de Mohamed Ziane Hasseni pour une confrontation entre lui et Aboud, lui et Hasseni et ensuite une confrontation générale. Cette absence non justifiée a intrigué plus d’un. Est-ce un signe avant-coureur que cette affaire va connaître, dans les prochains jours, son épilogue? La prochaine visite en France de Farouk Ksentini pourrait débloquer cette situation kafkaïenne. Le déplacement à Paris de Me Ksentini intervient alors que la France est en train «d’exercer une pression politique» ce qui prouve, encore une fois, que la clé de cette affaire se trouve entre les mains des hauts responsables politiques des deux pays. «Le premier juge a mal instruit l’affaire», a affirmé Me Ksentini. Le dessaisissement du juge Thouvenot du dossier est un signe positif car «il s’est montré incapable de gérer cette affaire», ajoutera-t-il. Cela voudrait dire que le pouvoir algérien fonde son espoir sur la nouvelle juge qui prendra en charge l’affaire Hasseni à partir de janvier 2009. Déclarera-t-elle, cependant, un non-lieu? Saïd Farhi


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