Algérie

Affaire DSK : « Un troussage de domestique » '



Brahim Younessi
Décidément, ceux qui se sont mobilisés, l'année précédente, sous la houlette de Bernard-Henri Lévy, pour empêcher l'extradition par le gouvernement fédéral suisse de Roman Polanski vers les Etats-Unis où il a été reconnu coupable de viol sur une adolescente de 13 ans, montent de nouveau au créneau pour défendre leur ami Dominique Strauss-Kahn accusé par le procureur du district de New York d'acte sexuel criminel au premier degré, de tentative de viol au premier degré, d'agression sexuelle au premier degré, de séquestration illégale au second degré et d'attouchements non consentis qui lui vaudrait un maximum de 74 années de prison. Le procureur Cyrus Vance Jr accorde à la déposition de la victime présumée, madame Nafissatou Diallo, une « haute crédibilité » et reconnaît que les charges qui pèsent sur DSK sont « extrêmement sérieuses ».
Immédiatement, le doute sur la probité, la neutralité voire le professionnalisme de ce procureur généralement reconnu non seulement compétent mais honnête est entretenu par une équipe d'hommes et de femmes politiques et d'intellectuels qui s'attaquent, comme s'ils le découvraient, au système judiciaire américain jugé, sans aucune nuance, inhumain parce que Dominique Strauss-Kahn a été montré la mine défaite après une trentaine d'heures de garde à vue et les mains entravées dans le dos par des menottes, ce qui, selon eux, peut laisser croire à sa culpabilité alors qu'il est présumé innocent. On ne peut qu'être surpris par ces critiques que ne justifie pas l'humanité supposée de la justice et de la police françaises qui traitent de la même manière, peut-être, à maints égards, pire, les présumés innocents que le juge d'instruction devant les mêmes accusations place en détention provisoire pour plusieurs mois voire plusieurs années.
Ces phrases écrites par le « nouveau philosophe » n'ont besoin d'aucun commentaire pour démontrer la différence qu'il fait entre le présumé coupable de viol et sa victime présumée en dénonçant le juge d'avoir fait « semblant que Dominique Strausss-Kahn était un justiciable comme un autre ». Et allusion claire faite à la femme de ménage qui accuse un puissant, Bernard-Henri Lévy qui a pris l'habitude de donner des leçons de morale au monde entier dit toute son hostilité « à un système judiciaire américain qui permet à n'importe quel quidam d'accuser n'importe quel autre de n'importe quel crime ? ce sera à l'accusé de démontrer que l'accusation était mensongère, sans fondement. »
Aux yeux de Lévy, cette accusation qui vient d'une « petite personne », a fortiori une femme africaine, ne peut être que mensongère parce que l'ami Strauss-Kahn qu'il connaît depuis vingt cinq ans, et quoi qu'il ait fait, semble-t-il dire dans sa tribune, il restera son ami, « ne ressemble pas au monstre, à la bête insatiable et maléfique, à l'homme des cavernes, que l'on nous décrit désormais un peu partout : séducteur, sûrement ; charmeur, ami des femmes et, d'abord, de la sienne, naturellement ; mais ce personnage brutal et violent, cet animal sauvage, ce primate, bien évidemment non, c'est absurde. »
En même temps qu'il cherche à démolir la crédibilité de Nafissatou Diallo, il tente de discréditer l'autre accusatrice, Tristane Banon, cette jeune journaliste française qui affirme avoir subi en 2002 les assauts de Dominique Strauss-Kahn qu'elle a comparé à « un singe en rut ». Comme circonstance atténuante, Bernard-Henri Lévy invoque ce que le monde sinon l'Europe doivent à DSK qui, depuis quatre ans à la tête du FMI, leur aurait évité le pire. Peut-être, mais la crise est toujours là. Le bilan de Dominique Strauss-Kahn à la direction de l'institution financière internationale est encore à faire malgré les lauriers qui lui sont prématurément tissés. Il a certes enregistré quelques succès mais l'essentiel comme la réforme du système monétaire international, par exemple, est toujours à l'ordre du jour. Le propos n'est pas aujourd'hui dans les compétences ou les incompétences de l'accusé Strauss-Kahn qui doit répondre devant la justice américaine d'actes très graves qui lui sont attribués par la femme de ménage du Sofitel de New York et le procureur de cette même ville.
Plus révoltant encore que l'attitude de Bernard-Henri Lévy, le mot de Jean-François Kahn qui a parlé de « troussage de domestique » sans considération pour la victime présumée comparée à une volaille dont on attache les pattes et les ailes avant de la faire cuire. Indigne de la part d'un homme qui se prétend plus humaniste que tous les humanistes. Toute cette semaine, nous avons vécu un déferlement de propos abjectes à l'égard de Nafissatou Diallo.
La réaction de Bernard-Henri Lévy, Robert Badinter, Jack Lang, Jean-François Kahn et des autres en faveur de l'ancien directeur général du Fonds monétaire internationale exprime leur scepticisme quant à la réalité du crime que leur proche aurait commis dans la suite qu'il occupait au Sofitel de New York et jette le soupçon et l'opprobre sur la femme de ménage qui s'est plainte auprès de sa direction d'une agression sexuelle par l'occupant de la chambre 2806.
Les avocats de D. Strauss-Kahn, les meilleurs du barreau américain, qui ont lancé sur les traces de la femme de ménage une brigade de détectives privés chargés de trouver la moindre faille dans la vie de la victime présumée en vue de l'exploiter lors du procès, si procès il y aura, s'apprêtent d'ores et déjà à l'écharper pour sauver leur client.
Si Dominique Strauss-Kahn qui crie son innocence et qui nie « avec la plus grande fermeté possible toutes les allégations qui ont été faite contre [lui] », écrit-il dans sa lettre de démission adressée au FMI, s'avérait coupable des chefs d'inculpation qui lui sont reprochés et qu'il aurait laissé sa victime présumée se faire abîmer par ses avocats, ce serait non seulement encore plus condamnable mais ce serait aussi faire preuve d'une grande lâcheté.
Brahim Younessi
Algerie Netwrok et parti-udma


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