Eclaboussé par l'affaire Woerth-Bettencourt, Nicolas Sarkozy, qui a échoué sur la sécurité et l'économie, replace, à deux ans de la présidentielle, le discours de Jean-Marie Le Pen au centre de la vie politique française. La politique stigmatisant les communautés du président français – il a promulgué plus de 30 lois sécuritaires depuis son élection – ne date pas du discours qu'il a prononcé le 28 juillet dernier à Grenoble. Elle est à chercher dans la nauséabonde thèse qui lie «Â immigration et délinquance ». Ceux qui comptent qu'elle va s'arrêter après la «Â déportation » par avion en Roumanie ou en Bulgarie de 635 Roms, «Â 950 d'ici la fin du mois », précise le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux qui aime faire le chiffre et le démantèlement manu militari de 117 camps de ces européens discriminés, se trompent. Car il n'y a rien de neuf sur le fond – 10”‰177 ont été expulsés en 2009. L'innovation tient à la forme : l'hypermédiatisation de ces reconduites. Le comité de l'ONU pour l'élimination de la discrimination raciale, le Pape, l'opposition, la presse internationale et certaines grosses pointures de l'UMP (Jean-Pierre Raffarin, le premier vice-président du parti qui appelle la majorité à avancer avec «son cerveau gauche» Dominique de Villepin, l'ex-chef du gouvernement qui parle d'une «tache de honte» sur le drapeau, Rachida Dati qui rappelle que le crime n'a pas de couleur) qui pensent pouvoir raisonner Sarkozy qui veut «désinfecter» la France de ses «étrangers» doivent revoir leur copie. Nicolas Sarkozy, qui se faisait fort de «nettoyer au Karcher» les cités chaudes, a opté pour le discours sécuritaire avec en ligne de mire le scrutin de 2012 qu'il pourrait affronter sans le Parti Chrétien-Démocrate, un parti lié à l'UMP. Christine Boutin évoque une «Â fêlure ». Amine Benalia-Brouch, le militant UMP et objet de la blague de Brice Hortefeux sur les Arabes, claque la porte du parti et rejoint le mouvement villepiniste. «Â J'en ai ras le bol de cette politique menée par le gouvernement. J'en avais déjà marre avec le débat sur l'identité nationale mais là avec les Roms, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase », dit-il. Malgré sa piètre cote de popularité - 62% ne souhaitent pas qu'il se représente, selon deux sondages - il ne perd pas espoir. Comme en 2007 Sarkozy qui a monté en épingles ce problème des Roms à des fins électorales veut chasser sur le terrain du Front National. D'où ses déclarations en boucles sur les Roms, les Gitans, les Arabes et les Noirs, le foulard islamique, la polygamie, le retrait des allocations des enfants, les peines planchers et les Français dits «Â d'origine étrangère » qu'il veut déchoir de leur nationalité à la moindre infraction. Objectif ' Conforter ceux qui sont déjà engagés dans le sentiment anti-immigrés, la xénophobie et la peur de l'étranger. Dire qu'il avait promis un plan Marshall pour la banlieue ! Roberto Maroni, le ministre de l'Intérieur italien et une des figures majeures de la Ligue du Nord, le principal allié de Silvio Berlusconi, ajoute du désordre au désordre sarkozien. Il salue la «Â déportation » même si elle est à but « électoraliste » des Roms. Il suggère au président français d'aller encore plus loin. C'est-à-dire pouvoir procéder librement à des expulsions, y compris de ressortissants européens qui ne remplissent pas les critères à minima en matière de revenus et de logements. Applaudissant des deux mains cette politique, Le Pen visite avec ses homologues européens d'extrême-droite, au Japon, Yasukuni, un sanctuaire à l'honneur de la mémoire des soldats tombés pour le Japon lors de la Seconde Guerre mondiale et celle de 14 criminels de guerre condamnés par les Alliés.
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Posté Le : 25/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel B.
Source : www.horizons.com