Prévue en février dernier, une première visite du juge français Marc
Trévidic avait déjà été reportée, «faute d'autorisation d'Alger». Le 11 juin
dernier, de retour d'une visite à Alger, Laurent Fabius avait, pourtant,
affirmé que le magistrat français, chargé de l'enquête sur l'assassinat des
moines de Tibéhirine, pourrait être autorisé à se rendre en Algérie «dans les
jours qui viennent». «Je pense qu'il va pouvoir y aller, dans les jours qui
viennent», avait déclaré le chef de la diplomatie française, précisant avoir
abordé le sujet avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et avec son
homologue Ramtane Lamamra. Mais le juge Trévidic n'est toujours pas venu en
Algérie. La réaction de ce dernier, chargé de l'enquête sur l'assassinat des
moines français de Tibéhirine, en 1996, ne s'est pas fait attendre se montrant
excédé par le report, à plusieurs reprises, de sa visite en Algérie: «il va
falloir savoir si on se moque de nous», a-t-il lancé sur la radio ‘France
Inter', cité, ce mercredi, par l'AFP. Bien que l'Algérie ait accepté qu'il
aille faire procéder à l'autopsie des têtes des religieux décapités, le
magistrat antiterroriste a dû reporter, deux fois, cette année, cette visite,
notamment faute d'avoir reçu l'invitation officielle d'Alger. «Je n'ai pas de
date. Je ne comprends pas ce qui se passe», a déclaré, hier matin, M. Trévidic.
«La justice algérienne a promis que ça se ferait mais rien ne se passe». «En
septembre-octobre, une bonne fois pour toutes, il va falloir savoir si on se
moque de nous ou pas», a poursuivi le juge d'instruction. Lors de cette visite,
le juge compte se rendre à Tibéhirine pour faire exhumer et expertiser les
têtes des sept moines, enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur
monastère près de Médéa. «Un juge qui fait une enquête est obligé de faire une
autopsie dans une affaire criminelle», a expliqué M. Trévidic. «Personne ne
comprendrait qu'elle n'ait pas lieu».
Après le second report de cette visite, en mai, le ministre algérien de
la Justice, Tayeb Louh, avait assuré qu'il n'existait «aucun différend» entre
les justices algérienne et française, concernant cette enquête. Le ministre
français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait estimé, en juin, au
retour d'une visite à Alger que M. Trévidic pourrait être autorisé à se rendre
en Algérie «dans les jours qui viennent».
«Laurent Fabius a fait des efforts, il revient avec des bonnes paroles
mais rien ne s'est passé depuis», a déploré M. Trévidic, confiant son désarroi:
«Je ne peux pas dire plus que : envoyez-moi la date qui vous convient et nous
viendrons. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse d'autre? Je ne vais pas
m'immoler par le feu pour un dossier». Interrogé, le Quai d'Orsay a assuré que
le principe de la prochaine visite du juge n'était «pas remis en cause». «Nous
espérons qu'elle pourra intervenir prochainement», a déclaré le porte-parole du
ministère, Romain Nadal. Fin 2013, l'Algérie avait donné son feu vert aux
expertises.
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Posté Le : 10/07/2014
Posté par : sofiane
Ecrit par : El-Houari Dilmi
Source : www.lequotidien-oran.com