Algérie

Affaire de Haï El-Yasmine à Oran: Des versions en attendant l'enquête


Après le saccage d'un siège de l'OPGI, avant-hier en début de soirée, le calme est revenu dans le quartier de Yasmine I,

à Oran-Est, habité par les anciens des Planteurs. Durant la soirée, un des frères de la victime (le jeune Yettou Abdelkader décédé aux UMC après avoir reçu une balle) était en bas de l'immeuble où réside sa famille.

Il recevait les condoléances des visiteurs du quartier et d'ailleurs. Il nous indique que deux officiers de la «centrale» (Sûreté de wilaya) sont passés pour présenter leurs condoléances à la famille. Une démarche pour calmer les esprits sans doute.

Cette veillée funèbre, si on peut l'appeler ainsi, avait quelque chose de sinistre. Les groupes de jeunes éparpillés aux environs du domicile mortuaire étaient presque tous emmurés dans le silence. Sur la route menant au quartier, un important dispositif sécuritaire était déployé.

Certains habitants du quartier, tous des adultes et chefs de famille, nous ont confirmé leur désapprobation du saccage du bureau de l'OPGI. Conscients qu'ils charrient une réputation négative à cause de leur provenance des Planteurs, ils essayent d'endiguer la fougue des jeunes qui se plaignent de la «hogra» qu'ils subissent de la part de certains policiers du 22ème arrondissement.

Après l'apaisement des esprits, on commence à relater les faits de cette journée qui marquera pour longtemps la mémoire de ces citoyens. On affirme que deux individus, non identifiés parce que ne portant ni tenue du corps auquel ils appartiennent, ni exhibant de cartes professionnelles, se sont permis d'ouvrir le portail d'un chantier et s'y sont engouffrés. Le chantier se trouve à une cinquantaine de mètres de l'immeuble de la victime. Le premier qui leur a fait barrage est l'agent de sécurité. Mais ils n'ont pas daigné lui expliquer la raison de leur présence sur les lieux. Ils se sont adressés directement à Yettou pour lui demander de les accompagner.

Demandant des explications, lui qui est réputé être un garçon tranquille de l'avis des grands et petits, les deux «intrus» exhibèrent leurs armes et le tirèrent au milieu du chantier. S'ensuit un mouvement de panique et des cris fusèrent et alertèrent les voisins dont les fenêtres donnent directement sur ce chantier. Deux ou trois coups de sommation sont partis en l'air. Mais les témoins sont catégoriques: le policier dit Samir a dirigé son arme vers la poitrine de sa victime. Les voisins accoururent de toutes parts. Une vingtaine de jeunes se sont retrouvés nez à nez avec celui qui a pris l'habitude avec son collègue de les terroriser. Ils les rouèrent de coups. Blessés, les deux policiers prennent la fuite. C'est à ce moment-là qu'on s'intéressa au sort du blessé qui saignait. On se débrouille une voiture pour l'emmener aux urgences médicales. La suite on la connaîtra une heure et demie après.

Cependant, d'autres versions des faits circulent actuellement à Oran. L'une d'entre elles donne des «faits» différents. En effet, les deux policiers seraient venus au chantier pour interpeller le jeune Abdelkader qui aurait opposé une résistance en utilisant une arme blanche, une hache, semble-t-il, et que les policiers se trouvaient en légitime défense et que l'un d'eux fut blessé et qu'ils se sont enfuis par un autre chantier (chinois) et qu'à ce niveau l'un des deux policiers aurait été blessé par une personne inconnue à l'aide d'une pelle. Les deux policiers auraient par la suite réussi à s'enfuir. L'autre version fait état de l'arrivée des deux policiers à Haï El-Yasmine et auraient pris en flagrant délit le jeune Abdelkader et d'autres jeunes en train d'agresser une personne à l'aide d'une épée. Les deux policiers seraient intervenus et l'irréparable est arrivé.

Néanmoins, tous nos interlocuteurs s'accordent sur deux points. Les coups infligés aux deux policiers l'ont été après leur usage de leur arme à feu et après la blessure mortelle du jeune Yettou Abdelkader. Le second point est que les deux policiers ont pu s'échapper, ce qui réfute l'hypothèse du coma dans lequel se trouve l'un d'eux actuellement.

Par ailleurs, on s'interroge sur le sens d'une rumeur qui a circulé avant la fin de journée d'avant-hier, parlant d'une tentative d'investissement du commissariat par une quarantaine de jeunes. On indique que l'attroupement qui a eu lieu aux alentours de ce commissariat visait à protester contre le harcèlement dont sont victimes les habitants du quartier de la part des deux agents nommés par leur prénom. On indique que le premier responsable de la police judiciaire était sur les lieux et tantôt a tempéré la colère des citoyens et tantôt a usé de menaces à leur endroit.

Entre les différentes versions qui circulent et les rumeurs persistantes, seule l'enquête en cours pourra déterminer le bon grain de l'ivraie et donner la véritable version des faits.

Nous apprenons enfin que l'inspecteur général des services de la DGSN se trouve actuellement à Oran.


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