Paris
De notre correspondant
Il a fermement condamné cette attaque «odieuse », et assuré que si la mosquée avait plus d'espace, elle aurait accueilli la rédaction de cet hebdomadaire dans ses murs.
Néanmoins, Dalil Boubakeur a fait part de son inquiétude face à la montée d'islamophobie en France. «Nous ne comprenons pas pourquoi les musulmans de France sont tout le temps stigmatisés et montrés du doigt. On les accuse de terroristes, de gens qui parlent mal le français et qui ne respectent pas la loi. C'est injuste, car les musulmans font partie intégrante de la société française, respectent la laïcité et les valeurs de la République française». Et d'ajouter : «Il y a aujourd'hui un sentiment d'incompréhension, peut-être parce que nous ne communiquons pas beaucoup avec les autres et ave les médias.»
Le recteur de la Mosquée de Paris a ensuite exhorté les médias français et les hommes politiques à ne pas tomber dans les stratagèmes et autres pièges tendus par des extrémistes de tous bords, notamment à la veille de l'élection présidentielle. Il s'est également élevé contre ceux qui utilisent le mot charia dans le seul but de faire peur aux gens, alors qu'eux-mêmes n'en connaissent pas le sens exact. Et d'appeler à la clairvoyance et à la raison : «Nous souhaitons une société d'apaisement. La religion doit nous conduire vers la paix et non pas vers la violence. Quant à la laïcité, nous y croyons et nous la défendons.»
«Nous refusons ce faux printemps arabe»
Laïcité oui mais islamophobie non, enchaîne Abdellah Zekri membre du CFCM.Il a appelé les médias et les hommes politiques à arrêter de fantasmer tant que les criminels qui ont incendié le siège de Charlie hebdo n'ont pas été arrêtés. «Il y a chez nous (chez les musulmans, ndlr) des intégristes et il y a aussi ailleurs des intégristes» a-t-il précisé. Tout en indiquant que les chiffres sur l'islamophobie ont augmenté de 22%, il a appelé ceux qui enquêtent pour retrouver les incendiaires de Charlie hebdo et à déployer les mêmes moyens pour retrouver ceux qui s'attaquent à l'Islam, profanent des tombes musulmanes et commettent des actes d'agressions contre les mosquées.
Allant dans le même sens, Abderrahmane Dahmane, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy sur les questions de la diversité, a estimé que les musulmans de France vivent une «situation catastrophique». «Pourquoi veut-on remettre en cause l'existence de sept millions de musulmans, sous prétexte que deux personnes, dont on ne connaît pas encore l'identité, ont incendié Charlie hebdo ' » Et de rappeler que la Mosquée de Paris défend la liberté de la presse et s'est maintes fois mobilisée pour tenter de faire libérer les journalistes français qui ont été kidnappés en Irak ou en Afghanistan. «Il y a des milliers de médecins, de fonctionnaires et d'agents musulmans qui n'ont jamais remis en cause le principe de la laïcité, à moins que le pouvoir court derrière l'extrême droite.» Le même interlocuteur a en revanche critiqué ce qu'on désigne comme «Printemps arabe», en disant que «nous refusons ce faux printemps arabe».
Une déclaration qui a provoqué un étonnement dans la salle. Etayant ses arguments, Dahmane Abderrahmane s'est interrogé sur les résultats concrets que les révolutions tunisienne, égyptienne et libyenne ont apportés pour les peuples de ces pays et pour les femmes. En revanche, il a loué les efforts du Maroc qui selon lui, est en train d'opérer des changements pacifiquement et avec calme. «Il n'est pas question de nous assimiler aux gens qui croient faire le printemps arabe alors que nous sommes dans l'hiver arabe», a-t-il conclu.
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Posté Le : 05/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yacine Farah
Source : www.elwatan.com