Algérie

Affaire Benhadid


Affaire Benhadid
Contrairement à ce qui a été dit auparavant, il n'y a aucune plainte écrite, émanant du ministère de la Défense, versée dans le dossier judiciaire du général à la retraite Hocine Benhadid, placé en détention, depuis mercredi dernier, à la prison d'El-Harrach.C'est ce qu'ont affirmé, hier, ses avocats, Mes Bachir Mecheri et Khaled Bourayou, lors d'une conférence de presse sur les violations de procédures judiciaires ayant émaillé cette affaire. Me Mecheri reconnaît qu'il avait déclaré, il y a quelques jours, que l'action publique a été déclenchée sur la base d'une plainte formulée par le ministère de la Défense. "Je l'ai dit parce que le procureur et le juge me l'avaient attesté. Mais finalement, cette plainte ne figure pas dans le dossier judiciaire. A-t-elle a été émise par téléphone, verbalement ' Dans tous les cas, si cette plainte existe, elle devait être notifiée à la défense." Me Mecheri pense que c'est le procureur du tribunal Sidi-M'hamed qui s'est autosaisi, non sans avoir reçu, auparavant, des consignes dans ce sens.La défense ajoute que le tribunal de Sidi-M'hamed n'est pas territorialement compétent pour prendre en charge cette affaire. Le général Benhadid habite à Ben Aknoun, localité relevant du tribunal de Bir-Mourad-Raïs.Me Bourayou est revenu longuement sur le parcours professionnel de son client, qui le hisse, selon lui, au rang des généraux les plus diplômés, avant d'aborder les conditions de son arrestation : "Ce n'est pas seulement moi qui le dis, le mot guet-apens est consigné dans les PV de la Police judiciaire. Le général Benhadid a été arrêté à 18h, un mercredi 30 septembre, en pleine autoroute, braqué et encerclé par quatre véhicules. Ils l'ont fait descendre de sa voiture avec violence, sachant son âge, 72 ans, et son état de santé qui le contraint à se déplacer avec une canne. Il a été entendu à 19h40 par la gendarmerie sur la base des déclarations qu'ils a tenues le 21 septembre dans sa maison à Ben Aknoun." Toujours sur le chapitre de la violation des règles de procédure, Me Bourayou relève une transgression de l'article 51 du code pénal qui parle de l'obligation de lire au suspect ses droits.À savoir le droit de contacter sa famille et le droit à un examen médical, à la fin de l'instruction préliminaire. "Or, dans le dossier, rien n'indique qu'il a été examiné par un médecin. Il n'y a ni la date de l'examen médical ni certificat médical." L'avocat ajoute que la fouille du domicile du général à la retraite a été effectuée en l'absence de ce dernier et sans notification d'un mandat de perquisition délivré par le procureur de la République. Il cite, dans ce sens, l'article 54 du code pénal stipulant que la perquisition à domicile doit avoir lieu en présence du mis en cause ou d'une personne déléguée par lui. "Pourquoi tant de moyens musclés déployés ' Hocine Benhadid est un homme public, s'il avait été convoqué par la justice, il se serait présenté. C'est ce qu'il a fait dans le cadre de l'affaire de son fils quand il a été cité à comparaître en tant que témoin", affirme Me Bourayou. Sur la qualification des faits, Me Bourayou précise que son mandant est accusé "de participer à une entreprise de démoralisation de l'armée, à travers des déclarations et la détention d'armes et de munitions de guerre sans autorisation". Deux chefs d'inculpation l'exposant à une peine de prison allant de 5 à 10 ans.La défense du général à la retraite avance que Hocine Benhadid a présenté un permis de port d'armes pour un pistolet "de type 4". Il avait également en sa possession une carabine de chasse ne nécessitant pas une autorisation, à en croire ses avocats. Le port d'armes avec ou sans autorisation ne semble qu'un prétexte. Ce qui semble avoir gêné le plus, ce sont les sorties médiatiques récentes du général Benhadid. Le procureur de la République a retenu précisément une seule contre lui : "L'armée n'est plus solide et soudée comme avant. Je parle du commandement de l'armée et non de l'armée en général." C'est cette phrase qui aurait valu au général à la retraite sa descente aux enfers. Me Mecheri croit détenir une explication : "Benhadid est allé avec cette déclaration à l'encontre du discours du chef de l'état-major, ne manquant pas de rappeler à chaque fois que l'armée algérienne est forte et solide." Me Mecheri refuse d'aller plus loin dans son analyse pour ne pas, dit-il, donner un caractère politique à cette affaire, et ce, même si elle l'est déjà par la manière dont les poursuites ont été engagées. En l'occurrence, l'enclenchement d'un référé pénal.Sur la base des violations de procédures judiciaires répertoriées, la défense du général à la retraite compte introduire, dans les prochains jours, une requête d'annulation des poursuites. "Il ne se nourrit plus, selon sa femme, et son état de santé se détériore même s'il est détenu dans d'assez bonnes conditions", témoignent ses avocats.N. H.


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