Algérie

Affaire Beliardouh


Procès demain Le procès opposant les ayants droit du défunt Abdelhaï Beliardouh et le journal El Watan à Saâd Garboussi, président de la chambre de commerce et d?industrie des Nemmemchas et trois autres prévenus y officiant, aura lieu demain. Comme on le sait, lors de l?audience du 23 mai dernier, le tribunal correctionnel de Tébessa s?est déclaré incompétent du fait que l?affaire relève du tribunal criminel, car les prévenus sont poursuivis pour « enlèvement et séquestration ». Cependant, l?audience de demain se tiendra dans l?opacité totale, car depuis la dernière audience du 23 mai 2004, des faits pour le moins étranges qui suscitent moult interrogations sont survenus. L?un d?eux et non des moindres : le parquet a fait appel du jugement du 23 mai 2004 qui a prononcé l?incompétence matérielle du tribunal correctionnel. Cet appel du parquet vient, selon Me Zoubir Soudani, avocat de la partie civile, en contradiction avec l?article 363 du code de procédures pénales, stipulant que le ministère public saisit obligatoirement la chambre d?accusation lorsque le jugement d?incompétence est intervenu après une information judiciaire. Une autre grosse interrogation : l?on apprend, tout aussi par hasard et subitement, soit presque une année après, qu?il y a eu levée du contrôle judiciaire sur Garboussi et les trois autres co-accusés, datée du 19 août 2003. Aussi est-il légitime de se demander alors pourquoi au cours de l?audience du 26 octobre 2003, le prévenu Garboussi avait protesté contre une demande de report du procès formulée par la partie civile, soulevant notamment qu?il était gêné par le contrôle judiciaire, et l?on se demande aussi pourquoi lorsqu?au cours de l?audience du 23 mai 2004, Me Zoubir Soudani, voulant savoir pourquoi Garboussi avait violé le contrôle judiciaire en allant en Tunisie les 4 et 5 février 2004, avait demandé l?ordonnance de levée du contrôle judiciaire, celle-ci n?a pu être produite au cours de l?audience. Une levée du contrôle judiciaire énigmatique, d?autant que le 19 août 2003, l?instruction était encore en cours et qu?elle ne s?est achevée qu?au début du mois de septembre 2003. Il faut préciser le fait que le prévenu avait ainsi quitté le territoire national et passé la nuit du 4 au 5 février 2004 dans l?hôtel El Kelil au Kef (Tunisie). Selon la loi, la violation du contrôle judiciaire entraîne automatiquement le mandat de dépôt. Oui, autant de questions qui attendent forcément des réponses. Rappelons que le défunt Abdelhaï Beliardouh avait été kidnappé par Saâd Garboussi et trois autres hommes dans la soirée du samedi 20 juillet 2002. Il a été séquestré, battu et humilié devant plusieurs témoins. Il a été embarqué dans une voiture de type Daewoo et dirigé vers la cave ou les entrepôts de friperie de Saâd Garboussi. Les agresseurs voulaient la source d?information ayant servi à la confection de l?article qui, paru le 20 juillet 2002 en page régionale, fait état (au conditionnel) de l?arrestation de Saâd Garboussi pour soutien au terrorisme. Passant outre à la loi, ce dernier et ses acolytes ont usé le jour même de violence et d?intimidation. Le journaliste avait été l?objet de ce qui s?apparente carrément à une tentative de lynchage ou d?assassinat. Il n?avait pu déposer sa plainte et n?a pu être entendu qu?après moult difficultés. Tout cela s?est passé dans un climat de terrible tension et sous de non moins terribles pressions. Cependant, fait plus grave, alors que Abdelhaï Beliardouh était au parquet, une bombe de près de 1 kg de TNT a été déposée au bas de l?escalier de l?immeuble où réside son avocat, Me Benalleg Dhaker. Vers 8h, la bombe ayant été par bonheur découverte par un locataire, les services de police, alertés, l?ont fait exploser vers 11h. Depuis, la police a-t-elle trouvé le ou les poseurs de la bombe ? Sinon, pourquoi ? Soumis à une forte et intenable pression psychologique, Abdelhaï Beliardouh, voulant mettre fin à sa vie, avait ingurgité samedi 19 octobre 2002 de l?acide pur. Transféré dans de terribles conditions vers l?hôpital Mustapha Bacha à Alger, il y décédera dans la nuit de mardi 19 novembre et mercredi 20 novembre 2002.
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