Algérie - A la une


Affaire
Il paraît que, dans des sociétés de gardiennage, les dobermans encaissent pas mal par mois, voire plus. Tiens ! Un créneau porteur auquel personne n'y avait songé auparavant. Otchimine n'en croit pas ses oreilles, lui, le retraité, qui atteignait le SMIG que rarement.
Son salaire, il le gonflait avec les heures supplémentaires et encore. Pour une fois, le pôvre Otchimine va s'entendre avec Zogha la blonde, qui vient juste de se faire une nouvelle coiffure. D'ailleurs, elle ne rate jamais l'occasion pour narguer les voisines de l'immeuble. Elle a sa propre manière de monter et descendre les escaliers. Elle se déhanche moyennement, ni trop peu ni très trop. Elle tient l'exclusivité dans la façon de mâcher son chewing-gum. «Khamsa oua kh'mouss âliha». Malheureusement, ces jours-ci, les yeux de l'immeuble ne sont plus braqués sur elle comme d'habitude. Et pour cause ! Depuis que la vraie rumeur circulait dans le quartier, tout le monde s'est mis à penser et à repenser, sans dépenser le moindre sou bien sûr. Otchimine et Zogha, donc, se mettent d'accord pour monter leur propre «charika». «Ecoute, tu dois faire de l'économie, désormais, il faut se priver de chewing-gum et surtout de coiffeuse», lance le vieux Otchimine à l'adresse de sa conjoncturelle associée. Celle-ci rêve déjà aux bijoux qu'elle va porter, aux voitures de luxe qu'elle peut acheter rien qu'on faisant travailler les dobermans, «des chiens très méchants», qui ne risquent pas de connaître les aléas du chômage. Dans cette catégorie d'animaux actifs, il est dit que le taux de chômage avoisine le zéro. Il y a même du boulot pour les dobermans qui ne sont pas encore nés.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le compte bancaire est prêt. La cave est aménagée et il ne reste plus qu'à ramener les bêtes et encore, qu'ils ne soient pas encombrants. Les chiots dorment dans des boîtes à souliers. Tant mieux. Les dépenses, ainsi, ne seront pas élevées et la SARL «Otchimine-Zogha» ira bien. Au fur et à mesure que les bêtes croissent, leur espace vital se rétrécit, compromettant l'avenir de la «charika». Et les ex-chiots deviennent exigeants en matière de nourriture. La viande, du matin au soir. Malgré les prix, relativement bas dus au manque de fourrages, pratiqués dans les boucheries, il est évident que sur la tête de Otchimine et Zogha la blonde, les épines commencent à pousser...
Alors que les dobermans dégustent la viande, les Otchimine-Zogha dévorent, quant à eux, les os.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)