-Comment expliquez-vous les propos du ministre de la Communication relatifs à la publicité qui doit aller, selon lui, aux «journaux vertueux», pour reprendre ses mots ' Est-il venu avec un ordre de mission précis qui vise à étouffer les journaux critiques 'Il a été chargé de faire pression sur les journaux qui critiquent le pouvoir. Mais, par manque de connaissance du secteur de la communication, il est allé très loin en outrepassant les prérogatives des autres institutions (la justice, la police?) et en se plaçant comme un chef suprême qui concentre tous les pouvoirs. Car si ces journaux, qui critiquent le pouvoir, dépassent les limites et ne respectent pas la déontologie, il y a bien la justice, dans ce pays.Ce n'est pas à un ministre de la Communication de déclarer que tel ou tel média ne respecte pas l'éthique et la déontologie. Comme il ne connaît pas le secteur, il s'est mis à juger, lui-même, les professionnels du secteur de manière pitoyable, en déclarant que les titres critiques de la presse nationale doivent être sanctionnés sur le plan commercial.Mais ce qu'il ne sait visiblement pas, c'est que celui qui commet un délit de non-respect de l'éthique et de la déontologie est puni par la loi. La diffamation et l'injure sont punies par le code pénal. Et c'est à la justice de le faire. Et non pas à un ministre de la Communication, par des procédés détournés, ?uvrant à priver ces journaux de ressources publicitaires. Le pouvoir ne lui a pas demandé d'inquiéter ces journaux de cette manière lamentable, mais en apportant des preuves tangibles devant la justice.-Pourquoi a-t-il été choisi 'Ceux qui lui ont permis de devenir ministre n'ont rien à voir avec la presse. Sa façon de faire le prouve. Il a été nommé à ce poste en signe de récompense pour services rendus quand il était responsable de la communication et de la publicité chez l'opérateur téléphonique Djezzy. C'est un renvoi d'ascenseur. Le pouvoir ne lui a pas demandé de sanctionner la presse en la privant de la publicité. Les procédés de sanction des délits de presse sont connus. Ils sont puisés dans les textes de loi. La publicité, quant à elle, est régie par des règles économiques.Avant ce ministre, jamais la publicité, encore moins privée, n'a été utilisée comme moyen de pression pour pousser les journaux à changer de ligne éditoriale ou à cesser de critiquer le pouvoir. La publicité n'a rien à voir avec l'information. La publicité est un moyen pour les annonceurs de profiter de la réputation d'un journal afin de faire connaître leurs produits? Elle n'a rien à voir avec les idées et le journalisme. Le ministre, qui ne comprend rien ni en journalisme ni en publicité, a créé la confusion entre les deux. Il dit ainsi que c'est la publicité qui définit la qualité de la presse. C'est la preuve qu'il n'a rien à voir avec le secteur. Il est déjà le pire ministre de la Communication.-Y a-t-il un lien direct entre cette campagne contre la presse et le scénario de la succession 'Effectivement, on veut affaiblir les journaux critiques pour opérer la succession sans couac. Mais ce raisonnement est totalement faux, car si les man?uvres pour la succession se déclenchent, ce ne sont pas les journaux qui vont les accentuer ou les contenir. C'est une affaire politique qui va se faire avec les partis politiques, la société civile et les hommes qui sont au sein des institutions de l'Etat. Encore une fois, le ministre, qui ne connaît pas la presse, mélange le journalisme et les affaires politiques.-Hamid Grine fait énormément de déclarations ces derniers temps sur le professionnalisme et l'éthique. Il a donné sa définition de la pratique du journalisme. De par votre longue expérience dans le domaine, de quelle école de pensée ou de journalisme est-il ' Quelle était sa vision de la presse avant qu'il endosse ce poste de responsabilité 'Je ne sais pas s'il est d'une école de pensée ! Il n'a pas beaucoup travaillé dans la presse. Il est connu pour avoir été journaliste spécialisé dans le sport. Après, il est devenu attaché de presse et chargé de la publicité au sein d'une entreprise privée algérienne. Ses déclarations sur la déontologie et la publicité reflètent sa non-maîtrise de la gestion du secteur, en affirmant que les trois critères de distribution de la publicité, c'est le tirage, la déontologie et la volonté de l'annonceur. Or, le premier critère de distribution de la publicité, c'est la volonté de l'annonceur et rien que la volonté de l'annonceur.
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Posté Le : 04/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohand Aziri
Source : www.elwatan.com