Algérie

ADSL : d'un monopole à l'autre



Comment l'empressement d'avoir l'introduction de l'ADSL dans son bilan conduit le politique à des décisions qui font passer le haut débit d'un monopole à l'autre. Les explications d'un acteur du secteur.

Le président de l'Association des fournisseurs d'accès algériens à Internet (AAFSI), Ali Kahlane, a foi dans l'avenir de l'Internet en Algérie et l'a dit dans un entretien accordé à l'hebdomadaire les Afriques. Ali Kahlane s'est attardé sur la contradiction frappante entre le potentiel de progrès de l'Internet et le fait insolite que le pays ne compte plus aujourd'hui qu'un seul fournisseur ADSL, Algérie Télécom, Eepad ne donnant plus signe de vie pour ses 35.000 abonnés depuis plusieurs mois. Pour Ali Kahlane, la situation est conjoncturelle et découle d'une histoire du haut-débit où le politique – le ministre des TIC en l'occurrence – était pressé à l'époque de lancer l'ADSL en Algérie. C'était en 2003 et l'on a voulu lancer l'ADSL «à n'importe quel prix», explique-t-il. «Algérie Télécom ne disposait pas d'une infrastructure réseau, d'équipements, d'étude de marché ou d'une étude d'éligibilité des lignes téléphoniques fixes à ADSL (…). Alors, ils (les politiques) se sont rabattus sur le provider privé Eepad qui a joué le jeu (…). Le lancement de l'ADSL a été fait au détriment des 50 ISP opérationnels à l'époque. Ils n'ont pas été mis dans la confidence pour (y) participer. Algérie Télécom n'a offert ce service qu'une année plus tard, en 2004, en lançant Fawri en partenariat avec l'équipementier chinois Huwaei.»                       

La bande passante gérée comme le téléphone fixe

 M. Kahlane reproche à Algérie Télécom d'avoir «géré la bande passante Internet comme elle gère le téléphone fixe», c'est-à-dire, avec un barème tarifaire «qui ne (tenait) pas compte de la réalité existante sur le marché». «A titre d'exemple, dit-il, 2 mégas valaient la somme faramineuse de 800.000 DA, soit plus de 8000 euros, à la veille du lancement de l'ADSL.» Cette politique tarifaire, souligne-t-il, allait dans le sens d'une monopolisation de l'Internet haut débit par Eepad à la disposition duquel l'opérateur historique «mettait, de fait, l'ensemble de ses ressources humaines, matérielles et infrastructurelles».

 Pour le président de l'AAFSI, le développement de l'internet dépend en grande partie de la révision de ce barème tarifaire afin de permettre d'élargir le champ de l'activité ADSL aux ISP privés, longtemps marginalisés. Ce développement est aussi fonction d'une politique étatique de promotion des contenus web algériens. Ainsi, suggère-t-il, le domaine DZ ne devrait plus être géré par un «établissement scientifique», le CERIST, mais par les «professionnels du secteur», réunis en une instance consultative. Une politique audacieuse de promotion du domaine national peut être suivie par l'Etat, ajoute-t-il : «(Celui-ci) doit obliger les institutions à avoir des sites web en point DZ, une boite e-mail et une boite e-mail en point DZ. Je propose qu'Algérie Poste octroie gratuitement 10% de comptes e-mail soit 800 000 boites e-mail en point DZ aux usagers du CCP tel est le cas au Maroc et la Tunisie.»


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