Publié par l’APS le : Samedi, 18 Mai
ADRAR - La mesure "Kayl'' des eaux des foggaras, puits traditionnels d’irrigation, très répandus dans la wilaya d’Adrar, constitue un procédé unique en son genre dans la répartition équitable des quantités des eaux destinées à l’irrigation des oasis et des palmeraies des régions de Touat (Adrar), Gourara (Timimoun) et de la Tidikelt (In-Salah).
Faisant partie de la liste représentative du patrimoine immatériel culturel de l’organisation onusienne UNESCO, cette technique ancestrale de calcul des quotes-parts d’eau demeure en quête de plus d'efforts pour sa préservation et sa valorisation auprès des futures générations eu égard aux multiples aléas naturels qu’humains risquant d’hypothéquer son existence.
Approché par l’APS, Ba-Hadj Kaba, mesureur d’eau "Kiyal" de la commune d’Aoulef, Est d’Adrar, qui a avoué avoir pris le relais de ce métier séculaire des aïeuls, a émis le souhait de voir ce savoir-faire pérennisé et protégé de la disparition, car, a-t-il dit, constituant un procédé primordial dans la gestion rationnelle et juste des eaux de la foggara dans le Grand Sud du pays.
De son côté, "El-Kiyal" (mesureur) Ahmed Ghanemi, a indiqué qu’il fait partie des rares jeunes de la commune de Bouda, Ouest d’Adrar, à assumer cette tâche de préserver cet ancien patrimoine social qu’il a hérité de son père, avant de l’appuyer (la tâche) d’une formation qualifiante en entretien de la foggara dispensée, il y a trois ans, par le Centre de formation professionnelle de la commune de Timi.
Le jeune Ahmed qui a, à ce titre, exhorté les jeunes à s’attacher à leur legs immatériel, a indiqué que "ce métier traduit le génie et les qualifications ancestraux portant pratique d’un système de partage de l’eau étudié et minutieux en fonction du calcul du quote-part du liquide précieux pour chaque propriétaire d’oasis.
Pour ce faire, a expliqué Ahmed, cette mesure repose sur l’utilisation de simples instruments, notamment des unités de mesure permettant le calibrage du passage de divers débits des eaux.
Les dépositaires des foggaras ont, a ajouté M. Ghanemi, recouru, vu l’importance vitale de l’eau dans la vie saharienne, à l’archivage et l’authentification de tous les calculs relatifs aux quantités d’eaux des foggaras et des quoteparts de chacune des tribus dans un registre appelé communément "Zemam" à mettre à la disposition des mesureurs, propriétaires des palmeraies et associations de protection des foggaras, servant de références à la réalisation de chaque foggara, leurs héritiers et les palmeraies irriguées depuis cette foggara.
Cheikh limam Hadj Mohamed Bâamar, responsable de la tâche "Keyl El-Ma" dans le territoire de Touat, a, pour sa part, indiqué que le mesureur d’eau assume une grande et sensible responsabilité dans la protection des quotes-parts des propriétaires de l’eau de la foggara, avant d’ajouter que "cette tâche de mesure de l’eau requiert des assistants chargés d’autres missions y afférentes".
Nécessité de former la relève des Kiyals
Poursuivant ses explications, Hadj Mohamed a fait savoir que ces missions consistent en la mobilisation également d'"El-Wakkaf", chargé des opérations de mesure de l’eau des fouggaras, de l’organisation des ouvriers, de leurs rémunérations, accompagné d’"El-Hasseb" (comptable), appelé également "Zemmam" (écrivain) et Chahid (témoin), personne chargée de l’audit des débits des eaux de la foggara, avant d’ajouter que la mission d’El-Hasseb chapeaute également d’autres adjoints chargés des Seguias, cours et ruisseaux d’eaux coulant depuis le système d’"El-Kasseria", départ de partage de l’eau d’irrigation desservant les jardins et palmeraies.
La rencontre intitulée "Kiyal El-Mae" (mesureur d’eau), tenue dernièrement dans la wilaya d’Adrar, dans le cadre de la célébration du Mois du patrimoine (18 avril-18 mai), a été mise à profit par les participants, chercheurs et représentants d’organismes et d’associations concernées par la gestion de l’eau de la foggara, ayant ont recommandé l’impérative valorisation de cette tâche de calcul de l’eau, jugée nécessaire pour la gestion et l’exploitation rationnelle du système traditionnel d’irrigation.
Ils ont, à ce titre, appelé à mettre au point des textes réglementaires permettant au Kiyal de l’eau de la fouggara d’accéder à la carte d’artisan pour jouir de ses droits, la vulgarisation de la tâche de mesureur d’eau en organisant des rencontres scientifiques, la création, sous la houlette des experts, des clubs culturels versés dans la technique de mesure de l’eau en vue de transférer le savoir-faire aux futures générations.
L'organisation des sessions de formation sur le procédé de "Keyl El-Ma" à la faveur de l’élaboration d’un programme traitant les différents volets liés à ce système d’irrigation et la réalisation de ceintures vertes pour la protection des foggaras de l’ensablement, font également partie des recommandations adoptées par les participants au terme de cette rencontre.
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Posté Le : 19/05/2024
Posté par : rachids