Selon les spécialistes, la réforme du mythique baccalauréat est étroitement liée à la réforme en profondeur de l?université. Un universitaire oranais a qualifié la nôtre, d?immense lycée. Il n?a pas totalement tort, les classements mondiaux et africains en font foi. Les échecs en 1re année sont tellement légion qu?il y a matière à douter. A quand des universités autonomes qui recruteraient leurs étudiants à partir d?un cahier des charges scientifiquement élaboré et qui répond au profil exigé ? Et à chaque faculté son cahier des charges. Une telle éventualité est farouchement combattue par certains cercles d?irréductibles. C?est qu?elle porte un espoir qui les dérange : unifier la langue d?enseignement des disciplines scientifiques, du primaire à l?université (le calcul, les mathématiques, la physique, la chimie, les sciences nat.). On voit mal comment un professeur de médecine, d?informatique, de physique nucléaire ou d?architecture accepterait que la langue (les concepts surtout) avec laquelle il enseigne, ne soit pas maîtrisée par ses futurs étudiants. De plus, l?admission n?y sera plus soumise au quitus d?un examen/tombola, ou d?une orientation assistée par ordinateur, le comble ! Cette admission sera l?objet d?une sérieuse planification afin de sauvegarder l?exigence de qualité. Les enseignants universitaires y joueront un rôle stratégique dans la confection des épreuves, leur encadrement et le choix de leurs futurs étudiants. C?est à eux qu?incombera la responsabilité de délivrer le fameux passeport. Aux lycées de certifier que le postulant a bouclé sa scolarité secondaire. Ne dit-on pas que le baccalauréat est le premier diplôme universitaire ? En réalité, cela est faux puisque l?université n?y est associée que de façon purement formelle. Autant instituer le dispositif adéquat qui conforte cette assertion en la (l?université) responsabilisant effectivement. De la sorte, le lycéen, voire le collégien, saura que seul le travail de longue haleine paiera. Il ne pourra plus évoquer l?échéance plus ou moins lointaine d?un examen/sésame, qu?il préparera le moment venu. Nombreux sont ceux qui comptent sur cette panoplie de plus en plus sophistiquée de subterfuges à vocation de triche. Avec le contrôle continu, c?est le bac tous les jours mais expurgé de ses défauts. Le lycéen n?aura pas à avoir peur d?un faux pas. Grâce au contrôle continu, il aura en principe bien cultivé son jardin de compétences, celles précisément qui répondent au cahier des charges de la faculté qu?il aura choisie. L?OAO, une autre spécialité jacobine (orientation assistée par ordinateur), sera remisée dans le placard aux souvenirs. Le contact humanisé, l?étude approfondie du profil présenté par le postulant serviront de critères d?évaluation décisifs, qui s?ajouteront aux capacités affichées lors de tests spécifiques organisés par l?université choisie . Point d?erreur d?aiguillage ou de pièce jetée à pile ou face. Ce moment arrive à grand pas. Des universités privées finiront par pointer le nez chez nous, mondialisation oblige. Il y a fort à parier, qu?elles n?accorderont aucun crédit ni à l?OAO ni au bac dans sa version actuelle. Le passeport aux études supérieures se déclinera sous un format nouveau mais infalsifiable. Ainsi, s?évaporeront tous ces ingrédients régulièrement dénoncés à tort ou raison : la tricherie des candidats, le laxisme des surveillants, les largesses des corrections, le populisme des autorités politiques. Les années scolaires ne seront plus amputées, des économies d?argent et d?énergie seront dégagées. Fini les suicides et autres signes de désespoir. L?évaluation comparative des lycées sera plus objective : le taux d?admis par les universités sera le critère prépondérant. Et la compétition, la vraie, la seule qui soit pédagogiquement rentable pour le pays pourra commencer. Elle sera, bien entendu, encadrée pour éviter la sélection par l?argent. La concurrence entre les universités sera dure, impitoyable pour les tire-au-flanc, les paresseux. Arrivé à maturité, le futur étudiant supportera mieux cette responsabilité et la pression qui va avec. Au lycée, l?adolescent est encore fragile. Ce ne sont pas les pistes de réflexion qui manquent. Encore faut-il débusquer des postes névralgiques, la bête immonde qui ligote les initiatives et les combats : les vieux réflexes fossilisés depuis ?1809. Année de la création du baccalauréat dans sa mouture actuelle.
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Posté Le : 08/09/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : A. T.
Source : www.elwatan.com