Algérie

Administration : La bureaucratie plus forte que les changements


Malgré les nouvelles infrastructures administratives «répondant aux normes internationales», comme se plaisent à répéter les officiels, les diverses mesures de modernisation régulièrement annoncées, l'acquisition d'équipements sophistiqués..., l'administré oranais rencontre sensiblement les mêmes tracasseries administratives qu'il y a une dizaine d'années, et les édifices publics tonnent régulièrement des mêmes éclats de citoyens outrés et au bord de la dépression nerveuse.
LES FORMULAIRES CHEZ LE LIBRAIRE OU LE CYBER
On a peine à le croire mais aujourd'hui encore, en avril 2012, les citoyens désirant établir la carte nationale d'identité ou le passeport doivent d'abord passer par la librairie ou le cybercafé pour acheter le formulaire administratif qui, dûment rempli par le demandeur, doit accompagner les pièces composant le dossier. «Il faut voir avec le libraire en face parce que nous n'avons plus de formulaires et que nous n'en avons pas encore reçus», expliquent les agents de la nouvelle daïra de Bir El-Djir, réceptionnée il y a juste quelques années pour alléger le poids qui pesait sur une ancienne daïra incapable de répondre au volume grandissant de demandes. Et de fait, en dépit d'un édifice flambant neuf situé sur un espace dégagé du boulevard Millenium et, manifestement, des moyens matériels nécessaires, cette structure est souvent à l'origine du mécontentement des administrés soit en raison de l'indisponibilité de certains documents ou des erreurs commises dans l'établissement des pièces officielles. Et ce qui est valable pour la daïra de Bir El-Djir vaut aussi, sinon plus, pour l'ensemble des structures administratives (daïras et mairies) de la wilaya d'Oran, et il n'est pas un administré qui n'ait eu à se plaindre des lenteurs administratives, de la médiocrité -parfois même la fraîcheur- de l'accueil et l'attente, souvent longue, devant les guichets.
A Bir El-Djir encore mais, cette fois, dans les bureaux de la mairie. La procédure mise en place pour la délivrance des certificats de résidence sied probablement à ses concepteurs mais contraint les demandeurs à de longues attentes, dans de pénibles conditions. Un certificat doit passer par quatre personnes avant d'être délivré à l'administré: l'agent qui se charge de remplir le document, un premier factotum qui range la pile de certificats dans un parapheur (on ne fait pas des allers-retours pour une seule demande), un second factotum qui monte le dossier à l'étage où un responsable appose sa signature et les divers cachets. Et pendant tout ce temps, rompus qu'ils sont à ce genre de pratiques, les demandeurs -qui avaient déjà dû attendre leur tour, debout, avant de parvenir au guichet- prennent leur mal en patience en songeant au moment où ils obtiendront le précieux sésame et en priant pour qu'il n'y ait pas d'erreurs.
LES RESPONSABLES SAVENT TOUT
Les mille et un désagréments que les citoyens vivent au quotidien ne sont pas à mettre sur le compte des seules mairies ou daïras, encore que s'il avait fallu établir un classement, celles-ci trôneraient en tête du hit-parade. Les agences de la Sonelgaz, de la Seor, de la Poste ou d'Algérie Télécom provoquent régulièrement des montées massives de la tension artérielle des abonnés: erreurs de facturation, mauvais accueil, manque de monnaie, sourde oreille aux doléances, absence d'empathie..., la liste des griefs peut être aussi longue que les attentes auxquelles les abonnés sont souvent soumis. «Les responsables savent tout», murmure une employée d'Algérie Télécom en regardant les citoyens trépigner d'impatience et de colère. Cette dernière ajoute: «Ils ont constaté les mauvaises conditions de travail qui sont les nôtres et leurs répercussions sur les prestations de service. Mais ils ne semblent pas vouloir apporter les changements qui s'imposent». Dans cette petite agence de l'USTO, trois bureaux et une caisse sont chargés de gérer les milliers d'abonnés qui résident dans la zone comprise entre Gambetta et Belgaïd, soit toute la zone Est de la ville. «Il était question de l'ouverture d'une nouvelle agence, continue notre interlocutrice, mais pour des raisons de manque de ressources humaines, le projet a été ajourné». Et en ce mercredi après-midi, l'espace réduit de l'agence a le plus grand mal à contenir les nombreux abonnés venus régler leurs factures téléphoniques ou de la connexion Internet. Ce qui n'a, évidemment, pas manqué de provoquer des frictions entre les citoyens eux-mêmes. «C'est inadmissible !!» s'est emportée une femme d'un âge avancé qui n'arrivait pas à se situer dans la longue file en lacis. «Avec tout l'argent qu'ils engrangent, ils peuvent tout de même agrandir l'agence ou en ouvrir une autre !!», a-t-elle lancé sous le regard approbateur de ses voisins d'infortune.
THEME PORTEUR DE CAMPAGNE
La bureaucratie, comme la corruption et le népotisme, constitue l'un des sujets de prédilection des candidats aux élections législatives qui, profitant de la disgrâce de l'administration aux yeux des Algériens, n'hésitent pas à tirer à boulets rouges sur les auteurs de ces pratiques. Thème porteur parce que touchant directement au quotidien des Algériens, la bureaucratie est évoquée dans tous les programmes et est régulièrement citée, disséquée, analysée dans les discours par des candidats qui promettent qu'ils mettront toute leur énergie dans la lutte contre ce fléau s'ils sont élus. Engagement que leurs prédécesseurs avaient déjà pris lors des précédentes échéances avec le résultat que l'on sait...


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