Algérie

Adaptée de «L'Attentat» de Yasmina Khadra: Franc succès pour «Es-Sadma»



Défi relevé jeudi dernier par Mourad Senouci lors de la générale de «Es-Sadma», pièce adaptée du célèbre roman de Yasmina Khadra «L'Attentat». Le public invité avait tout l'air d'être conquis ; on se rendait compte de cela à voir, dans l'intervalle de deux répliques, le mutisme « assourdissant » qui régnait dans la salle.

A la fin, une véritable standing ovation a gratifié les comédiens pour leur performance, leur prouesse même, qui est d'avoir assuré le jeu du début à la fin. Le succès de ce spectacle réside dans le fait que la traduction du roman en « langue théâtrale » a été réussie. « Pour les besoins du roman, nous dit Mourad Senouci, Yasmina Khadra a fait dans le détail, nous, on a fait dans la synthèse ». Bien sûr, après cela, on peut faire couler beaucoup d'encre quant au contenu du spectacle ; certains l'aiment, d'autres pas. Cela dit, tous les facteurs déterminants pour la réussite d'une pièce, à savoir la mise en scène, le jeu du son et de la lumière, et la vivacité des personnages ; tous ces ingrédients étaient présents. Et là est le tour de force de Mourad Senouci, et du metteur en scène Ahmed Khoudi.

Pour ceux n'ayant pas eu l'occasion de lire le roman, il est à rappeler qu'il s'agit d'un drame se jouant en Israël ; où Amine Jaafari, arabe israélien, bien intégré dans le milieu petit bourgeois de Tel Aviv, médecin de profession, vivant le parfait amour avec sa femme Sihem ; apprend un jour que cette dernière s'est faite explosée dans un restaurant tuant alors une vingtaine d'innocents, la plupart des enfants. Tout bascule alors dans sa vie ; à peine 24 heures auparavant, sa vie se résumait au parfait bonheur et voilà que tout d'un coup, elle devient un véritable enfer. Il décide alors d'aller à la rencontre de ceux qui ont poussé sa femme à commettre cet attentat, et de s'expliquer avec eux. Par cette histoire, l'auteur a voulu à la fois parler du drame que vivent les Palestiniens dans leur quotidien, du fait que les jeunes Palestiniens, eux aussi, à l'instar des jeunes de toutes les autres nations, rêvent d'une belle vie, de moments heureux, de voyages, de fêtes, mais que, hélas !, leur seul tort est d'être né sur cette terre minuscule, où la répression est telle que la violence reste pour eux une sorte de buttoir face à l'injustice. D'un autre côté, afin de briser une coutume bien répandue dans les rues arabes, par ce roman, l'auteur a également voulu signifier que, quoique l'on dise, il reste, malgré tout, beaucoup d'Israëliens justes, voulant la paix, ne cherchant pas querelle aux Palestiniens, à l'exemple de cette Kym, la collègue de Amine, qui se trouve être la seule à venir lui remonter le moral.

Pour revenir à l'auteur, Yasmina Khadra, il était évidemment présent lors de cette générale. Mieux que ça, quelques heures auparavant, à l'Hôtel Royal, il avait animé une conférence de presse suivie d'une vente-dédicace au cours de laquelle, ses fans ont pu se faire signer son dernier roman, « Ce que le jour doit à la nuit ». Pendant la conférence, l'auteur a au préalable averti l'auditoire que c'était l'écrivain qui était là, non le directeur du CCA. D'ailleurs, à ce propos, il a laissé entendre qu'en sa qualité de directeur du centre algérien à Paris, il ne cautionne en rien le régime actuel ; qu'il ne se gênerait pas, si besoin est, de le critiquer.

Au final, c'est un jeudi culturel chargé qu'a eu droit Oran. Il ne restait plus qu'à espérer que ce genre de manifestation se répercute de façon la plus récurrente possible ; et qu'il arrive le jour où la vie culturelle à Oran renaîtra de ses cendres.




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