Par Sarah HaidarComment mener une guerre contre Dieu ' Depuis l'éclosion des religions, les athées du monde entier ont voulu détruire l'idée d'un créateur omnipotent et maître de nos vies, placer l'Homme au-dessus de l'illusion divine et éradiquer l'aliénation religieuse. Bien entendu, ils ont échoué, mais ils ont laissé quand même quelques pistes pour un monde possible qui pourrait, dans quelques siècles, trouver du sens à son existence en dehors d'un avenir métaphysique. Quand Bakounine dit : «Et même si Dieu existait, il faudrait s'en débarrasser !» C'était une jolie déclaration de guerre d'un anarchiste conscient que ce n'est pas tant l'entité mystique abstraite qui abrutit les hommes, mais ce qu'elle induit en renoncement à toute tentative d'émancipation, qu'elle soit politique ou intellectuelle. Même quand El Hallaj clamait que Dieu s'était fondu en lui dans une espèce de fusion quasi érotique, il voulait simplement que ses contemporains apprennent à dissocier le dogme de la spiritualité et ainsi se libérer des intermédiaires qu'étaient les gouvernants de l'époque. Plus tard, quand El Ghazali fustigeait Averroès et les philosophes sous prétexte que le raisonnement menait inévitablement à l'athéisme, il avouait sans le vouloir que pour rester aveuglément croyant, il fallait être bête comme ses pieds !Vu à travers l'Histoire de l'islam, le débat autour de la divinité a toujours été passionnant, parfois sanguinaire, mais souvent d'une hauteur intellectuelle enviable, qu'il s'agisse de l'époque omeyyade, abbasside ou andalouse. On sait par exemple qu'un Abou Nouas, poète épicurien, bisexuel et porté sur la bouteille, n'a jamais passé plus de quelques jours en prison. On sait aussi que les Frères de la Pureté (Ikhwan a-Safaâ) n'ont jamais été inquiétés par la théocratie lors même qu'ils osaient des débats blasphématoires. Sur les différentes époques, on aura donc remarqué que ce qu'on appelle «l'Age d'or de la civilisation islamique» doit aussi son rayonnement à la liberté de ton arrachée par les intellectuels et philosophes, à l'audace (impensable aujourd'hui) des questions abordées dans les débats publics et à l'apport considérable d'une certaine élite laïque, si ce n'est areligieuse.A la lumière de ces repères historiques, j'ose deviner que Hamadache, Chamseddine et leurs semblables fantasment sur ces époques lumineuses, pleurent encore la chute de Grenade et rêvent de reconquérir «Le paradis perdu» qu'était l'Andalousie. J'ose aussi croire que malgré leur manque flagrant de culture religieuse et leur populisme obscurantiste, ils gardent une certaine foi en Dieu au-delà du costume grotesque qu'ils Lui ont fabriqué... Y a-t-il donc quelqu'un pour leur dire que c'est manquer de respect envers Lui que d'affirmer qu'un simple ministre du Commerce a les capacités de «mener une guerre contre Dieu» du simple fait qu'il ait supprimé une ridicule autorisation à la vente d'alcool '!S.'h.?
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Posté Le : 15/04/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Soir d'Algérie
Source : www.lesoirdalgerie.com