Algérie

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Par Sarah HaidarEn ce moment, comme chaque fin d'année, l'intérêt porté au sud du pays par les discours officiels s'inscrit dans la logique saisonnière, mais depuis deux ans il renvoie également à une volonté de «draguer» cette région dans un contexte délétère, avec l'Azawad d'un côté, le gaz de schiste de l'autre et, bien sûr, la misère et l'exclusion comme leitmotiv indécrottable.On nous parle donc de ce territoire algérien chéri que l'on inonde d'activités culturelles afin de renforcer son potentiel touristique et offrir à ses habitants le même droit au divertissant que les gens du Nord. Bien sûr, on évite de répondre aux multiples reproches concernant par exemple la fermeture du circuit Tassili N'ajjer au tourisme, l'une des principales sources de revenus économiques de la région ; on évite également d'expliquer aux Touareg pourquoi leur eau est toujours aussi salée malgré le pompeux projet de l'aqueduc In Salah-Tamanrasset, pourquoi leurs enfants sont les «cancres» de l'école DZ et pourquoi leurs jeunes ne trouvent d'autres échappatoires au chômage que de verser dans la contrebande ou la drogue. On ne leur demande pas le degré de souffrance qui se cache sous les épaisses couches de leur pudeur digne et de leurs habits bariolés et, souvent, on oublie que ce sont des citoyens et non pas seulement des figurines folkloriques que l'on convoque pour faire joli dans les fiestas officielles à Alger”'mais il y a un moment où ce peuple beaucoup moins bavard que les baroudeurs classiques de la contestation donne les premiers signaux rappelant aux autistes politiques qu'il ne faisait que fermenter les raisins de la colère et mûrir la révolte, la légitimité de celle-ci devant être inattaquable comme le veut leur code d'honneur ancestral. C'est ainsi que les décideurs, sachant pertinemment qu'il y a un véritable danger dans la perpétuation de l'humiliation et de l'injustice envers le Sud, vont entamer leur exercice favori : le populisme niais et le maquillage des véritables problèmes. Dans la pure tradition du déni et de la mystification, on leur rappelle donc leur statut de cartes postales ambulantes, porteurs d'une culture et d'un patrimoine qui font la fierté de ce grand pays auquel ils appartiennent, honorables passeurs de mémoire dont la terre édénique subjugue et ensorcèle les visiteurs étrangers. On souligne particulièrement leur grand apport patriotique à la nation alors que le concept même des frontières arbitraires leur est étranger et que, de plus en plus, l'inévitable fracture se fait jour. Théodore Monod l'avait dit limpidement : «Les pouvoirs centraux ont toujours détesté les nomades. Parce que les nomades sont des hommes libres ; or, un homme libre, pour les bureaux, pour l'administration, c'est inadmissible !»L'inadmissible, donc, a passé de longues années à se taire, à attendre que ces pouvoirs centraux changent d'attitude ou, tout au moins, qu'ils deviennent moins indécents. Aujourd'hui, plus que jamais, ils persistent dans la politique de l'autruche et de l'insulte voilée, et ça ne peut mener qu'à une légitime et éclatante révolte”'s.'h.?




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