Algérie

Activisme diplomatique, asthénie politique



Activisme diplomatique, asthénie politique
L'assassinat barbare d'Hervé Gourdel est, c'est une évidence, un très mauvais coup pour l'image de l'Algérie. Il serait absurde de le nier même si le sort du ressortissant français qui n'aurait jamais dû se trouver dans cette zone à très haut risque semblait scellé dès le début. L'armée algérienne a déployé de grands moyens, mais il était clair qu'il aurait fallu un vrai miracle pour le récupérer dans une région montagneuse où les caches ne se comptent pas.Le premier message des terroristes ne comportait aucun espace pour la négociation, il annonçait clairement le coup d'éclat médiatique sanglant d'un groupuscule se ralliant à la nébuleuse du Daech. Le discours de fermeté des responsables français était d'ailleurs une réponse qui prenait acte, de facto, de l'impossibilité d'une négociation, les exigences formulées par le groupe étant inacceptables pour n'importe quel Etat.Le gouvernement algérien a beau ne pas être responsable de l'imprudence du ressortissant français et de ses amis algériens, il a beau avoir déployé des forces importantes pour tenter de le retrouver, l'issue horrible de l'enlèvement est mauvaise pour le pays.Sans mettre l'Algérie dans la case de la Syrie ou de l'Irak devenus, par l'effet combiné des crises internes et des ingérences occidentales et arabes, le gros abcès de fixation des médias mondiaux, l'affaire écorne le discours sur la stabilité retrouvée développé par les autorités algériennes.Il y a depuis le début de l'enlèvement du ressortissant français et après son dénouement, un surprenant écart entre le grand activisme diplomatique de Ramtane Lamamra à New York et la communication minimaliste des responsables en Algérie.Et cela reflète bien la réalité d'un système algérien qui parle beaucoup aux partenaires étrangers mais ne semble pas avoir grand-chose à dire aux Algériens. Ou, pire, ne se sent pas tenu de dire quelque chose aux Algériens.Pourtant, l'assassinat d'Hervé Gourdel a choqué les Algériens et, s'ils peuvent admettre que l'imprudence initiale était difficile à rattraper même avec le grand déploiement de l'armée, ils se posent beaucoup de questions. Cela ne se passe pas dans les médias traditionnels plus ou moins verrouillés mais restant globalement dans le «conforme», mais sur Internet.Que le groupe terroriste qui a assassiné le citoyen français a utilisé à deux reprises avec recherche de l'impact maximal.Sur les réseaux sociaux, on a des questions qu'on ne retrouve pas ou peu sur les médias traditionnels et que certains opposants évoquent de manière très elliptique sur les raisons de la persistance de la «poche» ou du «kyste» terroriste dans la région de Kabylie.Ces questions s'accompagnent souvent de jugements catégoriques. Pour certains, cela est «voulu» pour maintenir un «seuil» qui justifie l'immobilisme politique du système et le refus de faire l'aggiornamento qui permette de reconquérir l'adhésion de la population. Et bien entendu, on évoque la «passivité» des populations en Kabylie qui ne collaborent pas, par défiance politique, avec les autorités dans la lutte contre les terroristes. Certains posent aussi la question de la compétence des services de sécurité…Autant de questions d'Algériens qui sont sans réponses et qui donnent une apparence surréaliste à l'activisme diplomatique à New York. Le blocage du système empêche l'existence d'un «seuil raisonnable» de politique et de débats qui permettent d'éclairer les Algériens et de ne pas les laisser surfer dans le désarroi entre abattement et théories du complot.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)