ACTIONS MILITAIRES DU FLN DANS L'HEXAGONE La guerre chez le colonisateur

L'action de l'OS (Organisation secrète) contre le dépôt de carburants de Mourepiane à Marseille a permis au FLN l'ouverture d'un «nouveau front», cette fois, en France.
Selon Me Ali Haroun, cette action, déclenchée le 25 août 1958, visait à «porter la guerre » sur le territoire de l'Hexagone. «L'OS avait comme missions d'organiser l'immigration en France, de faire connaître l'Armée de libération nationale (ALN) et faire savoir qu'il y a une guerre en Algérie», dira Me Haroun, invité du Forum El Moudjahidhier, à Alger. L'Organisation avait également comme objectif d'alléger le dispositif militaire colonial sur les wilayas en Algérie. «Les différentes actions en France ont permis de disperser l'armée française. Quatre-vingt mille hommes de l'armée coloniale ont été ainsi gardés dans l'Hexagone», explique-t-il. Menées contre les points stratégiques en France et les canaux bleus (réseaux des harkis), ces actions extérieures ont beaucoup aidé la cause algérienne. «Elles ont eu un poids sur les plans politique et diplomatique», ajoute Me Haroun. Un mois après les spectaculaires incendies et explosions du dépôt pétrolier de Mourepiane, «la presse française avait annoncé que le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) était contre ces actions. Or, un mois après l'action, les opérations de l'OS avaient déjà fait 188 blessés et 82 morts et perpétré 56 sabotages et 242 attaques», précise-t-il encore. L'intervenant souligne ainsi l'importance de la contribution de l'immigration à la guerre de Libération dont «nous devions être fiers». D'ailleurs, poursuit-il, «nous avons recensé en France, près d'une cinquantaine de condamnations à mort dans les rangs de l'immigration algérienne dont une vingtaine exécutée». Par ailleurs, il a déploré que Nacreddine Aït Mokhtar, jeune étudiant en médecine désigné au sein de l'OS, soit resté un nom méconnu. «Voilà un héros anonyme dont nous ne parlons jamais. Pourtant, c'était l'homme le plus dangereux pour le colonialisme en France», dit-il.