Algérie

Actes isolés ou corruption organisée ' Les scandales à Sonatrach



Actes isolés ou corruption organisée ' Les scandales à Sonatrach
Les scandales de corruption qui ont émaillé la compagnie pétrolière Sonatrach sont-ils le fait d'une organisation «maffieuse» érigée en mode de gestion ' La justice va-t-elle pouvoir établir la responsabilité de ces actes malveillants quitte à remonter jusqu'au sommet de l'Etat '
Les thèses selon lesquelles la corruption au sein de Sonatrach est une affaire d'individus fait son chemin. Selon l'ordre tacitement établi, ce chemin doit déboucher sur un raccourci. Les fervents défenseurs de ces thèses s'efforcent à faire convaincre que les scandales de corruption dans lesquels sont cités plusieurs ministres de la République relèvent plutôt de cas isolés. Plusieurs voix officielles et para-officielles se sont élevées ces derniers jours pour tenter, tant bien que mal, de cerner le feu autour des déserteurs qui sont passés aux ennemis. Le dernier qui s'était appliqué à prêcher la même croisade contre ces déserteurs est le PDG actuel de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine.
Abdelhamid Zerguine, s'exprimant, hier, dans les studios de la Radio algérienne, a indiqué que «les scandales que nous avons enregistrés sont malheureux. Nous condamnons les agissements individuels». Abdelaziz Bouteflika, chef de l'Etat, premier magistrat du pays et président du Conseil national de l'énergie (CNE), s'est employé, lui, à mettre une dose de diplomatie dans son discours, se contentant d'inviter la justice à «situer les responsabilités et appliquer avec rigueur et fermeté les sanctions prévues par notre législation». Même son de cloche chez l'actuel ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, ou encore l'ex-PDG de la compagnie publique des hydrocarbures, Abdelmadjid Attar, qui a estimé, lui aussi, au lendemain du brûlot écrit par Hocine Malti que l'affaire Sonatrach «concerne les personnes et non la compagnie elle-même». Si tel était le cas, faut-il accuser de schizophrénie un Chakib Khelil qui avait déclaré que ni lui «ni le clan présidentiel ne se sentaient concernés par les enquêtes» autour de ce qu'on appellera «le scandale Sonatrach».
L'autre question qui se pose et qui va à l'encontre des thèses réduisant le «scandale Sonatrach» à une affaire de cas isolés est celle de savoir s'il est possible d'accaparer autant de commissions en un laps de temps aussi court, sans que l'on puisse assouvir d'autres prétendants potentiels. Si l'on doit pousser le bouchon un peu plus loin, les contrats conclus par Sonatrach, objet de ces scandales impliquant des personnalités politiques, ne sont que la partie visible. S'il est vrai, ensuite, que la conclusion des contrats relève d'un simple pouvoir personnel du ministre de l'Energie et/ou du PDG de Sonatrach, pourquoi le CNE n'a-t-il pas exigé les études d'évaluation sur les politiques mises en 'uvre et sur le niveau de leur efficacité '
Il est très utile de préciser dans la foulée que le CNE s'était mis en mode veille depuis maintenant plusieurs années sans que l'on puisse savoir s'il est toujours opérationnel ou non. Le lancement d'un aussi important programme d'investissement dans l'exploration et la pétrochimie devait être, théoriquement, préparé dans l'amont décisionnel, à savoir le CNE. Mais sa contribution à cette 'uvre n'a été à aucun moment citée jusqu'ici. Conclusion : certaines instances censées veiller, du moins, à ce que les politiques mises en 'uvre soient suivies et évaluées se sont illustrées par leur brillante absence. Il sera intéressant de savoir, par la suite, si la justice réussirait son coup de génie qui consiste à faire tomber ces cas isolés, tout en se gardant de laver leur linge sale en public.


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