Algérie

Acte 7 : Départ de tout le système


Un seul mot d'ordre : ils partiront tous, «Itnahaw-ga3». Aujourd'hui, le combat continue pour demander aux symboles de ce système de partir, notamment le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, et le Premier ministre, Noureddine Bedoui. Les Algériens n'acceptent pas que ces symboles organisent les prochaines élections et mènent la période de transition.
A Constantine, la place des martyrs, devenue le point de ralliement de toutes les contestations et attroupements, les citoyens, arborant l'emblème national, ont laissé libre cours à leur liesse après l'annonce de la démission de Bouteflika.
Et de prendre le temps de savourer cette victoire qu'ils veulent la première d'une longue série à remporter. «Jusqu'à ce que tout le système parte !», n'ont-ils de cesse de scander, appuyés dans ce rassemblement nocturne par les klaxons des automobilistes.
La vigilance reste toutefois le maître-mot. Une fois l'euphorie passée, le ton est devenu sérieux et l'heure à l'analyse des événements qui se sont bousculés ces dernières 48 heures. «La mobilisation citoyenne a remporté une première manche.
N'oublions pas que la marche du 22 février était initiée contre le 5e mandat.
C'était fructueux. Nous visons maintenant la fin de ce système et ce dernier vient de vaciller», explique Malik, sur un forum d'étudiants.
Certains acquiescent, d'autres opposent quelques réserves, notamment des étudiants en droit. Et à eux de décortiquer les fameux trois articles de la Constitution, pour conclure que le système, dès l'application de l'article 102, peut renaître de ces cendres. Dans la rue, le citoyen qui vaque à ses occupations est dans la projection d'une ère meilleure.
A l'image de ces retraités croisés au square Bennacer : «Nous espérons un Etat où il y a plus de justice, que les plus vulnérables ne soient pas laissés pour compte».
Un Etat de droit auquel tout le monde aspire. «Il faut rester vigilant, la démission de Bouteflika clôt certes le chapitre de son règne, mais pas celui du système corrompu qu'il nous lègue», avertit Hocine Z., militant de longue date et qui a été de toutes les marches et rassemblements anti-5e mandat.
Et de rappeler qu'il a été interpellé par la police, en date du 9 septembre 2018, quand il a voulu soutenir le mouvement Mouwatana. «Maître Zoubida Assoul, Soufiane Djilali, Me Salah Debouz et Ali Bounouari et d'autres se sont déplacés à Constantine dans le cadre d'une campagne anti-5e mandat.
La ville était quadrillée. Les sympathisants, dont moi-même, qui étions au lieu du rassemblement, à savoir la station du tramway, avons été embarqués manu militari avant même le début de la manifestation, qui d'ailleurs fut empêchée», se souvient-il de cet épisode et qu'il fait le v'u de ne plus revivre : «Nous voulons une Algérie démocratique, celle des libertés, de l'équité et de la justice.»
Pour les Constantinois, le rendez-vous d'aujourd'hui est retenu : «Tant que le pays ne s'est pas débarrassé des affidés du système, nous maintiendrons la marche de vendredi.» .