Le cabinet conseil
Shearman and Sterling LLP (France)
mandaté par le gouvernement algérien pour procéder à l'évaluation des actifs d'Orascom Telecom Algeria (OTA-Djezzy) et
l'accompagner dans le processus d'achat a-t-il livré ses conclusions ? Personne
n'est en mesure de donner une information précise sur le sujet. L'Etat algérien
compte-t-il toujours acheter Djezzy dans le cadre du
droit de préemption. Là, également, la réponse a cessé d'être évidente par
défaut de communication. Ici, des points de vue d'experts.
Le ministère des
Finances qui a la charge du dossier Djezzy a cessé de communiquer sur le dossier du rachat de Djezzy dans le cadre du droit de préemption sur les
cessions de participations des actionnaires étrangers ou au profit
d'actionnaires étrangers, instauré depuis 2009. Fin mai dernier, le Premier
ministre Ahmed Ouyahia a été affirmatif : «L'Etat
algérien rachètera Djezzy». Moussa Benhamadi, ministre des TIC se contente depuis de renvoyer
au ministère des Finances qui est en «charge» du dossier. Il reste que
l'échéance donnée pour l'évaluation est dépassée et que l'Etat algérien ne dit
plus rien sur la question. Pour l'expert Farid Bourennani
le «calendrier annoncé pour la poursuite de l'évaluation/acquisition, fixé
initialement à fin mai 2011, est oublié et le dossier mis sous silence». Pour
lui, la seule chose certaine à ce stade est que le ministère des Finances a
dépensé plusieurs millions d'euros en conseil. Et il pense que les conclusions
du cabinet, si tant est qu'elles ont été transmises, ne peuvent que démontrer
que «l'entêtement à recourir au droit de préemption conduirait inéluctablement
à l'arbitrage avec des probabilités de condamnation élevé». Pour sortir de
cette option d'arbitrage, l'alternative, selon Bourennani,
serait l'achat négocié entre les parties à un prix «plutôt proche de 8
milliards de USD (évaluation de Sawiris ndlr) que de 1 à 2 milliards USD» annoncé par des sources
officieuses algériennes.
Le silence ne vaut
pas une réponse
Cette absence de
communication sur un dossier qui est presque devenu un symbole de «néo-patriotisme»
économique de ces dernières années exprime-t-il un recul sur la décision de
racheter Djezzy. Là également, aucune réponse claire
ne peut être faite hormis le constat, fait par Bourennani
d'un «retour de Djezzy dans les médias, notamment la TV publique, alors qu'il en
était exclu». Mais, estime l'expert, l'Etat devra indiquer officiellement sa
position car le «silence ne vaut pas une réponse». Pour lui, si l'Etat a
abandonné l'option de rachat cela «serait une décision sage et salutaire…. Cela
signifierait que les griefs subjectifs, sous jacents à la volonté d'acquisition,
se sont apaisés avec le temps et la rationalité économique et la raison ont
repris le dessus». Pour Bourennani, l'Etat n'a «aucun
intérêt de nature économique ou stratégique à racheter OTA. Bien au contraire, l'Etat
aurait détruit de la valeur pour l'entreprise et aurait alloué d'importantes ressources
en devises inutilement».
Des options selon
les ambitions de l'Etat
Quelles sont les
issues possibles sur ce dossier ? Il y en a plusieurs, selon le «niveau
d'ambition de l'Etat» estime l'expert. «Si l'ambition est juste une sortie
politique honorable, Vimpelcom, pour qui OTA n'est
plus une filiale clé dans le nouveau groupe pourrait décider de vendre, en
concertation avec l'Etat algérien qui ferait valoir un droit d'agrément ou de
préférence. Comme cela fut le cas en Tunisie». La seconde option qui partirait
d'une ambition de préserver l'outil entreprise OTA, tout
en l'algérianisant, consisterait pour l'Etat algérien à amener Orascom Telecom «à accepter le
principe de procéder à une ouverture de capital par augmentation de capital et
non par cession de capital». Une troisième, totalement inhabituelle dans la
culture gouvernementale algérien serait de se donner
l'ambition de prendre place dans grand groupe Telecom
international. Dans ce cas l'Algérie «pourrait initier un achat en bloc
d'actions cotées d'OTH au Caire et ainsi deviendrait
coassocié du groupe russo-norvégien Vimpelcom à bon
prix». De son côté, l'expert Adel Si-Bouekaz
note que Vimpelcom a fait passer le message «qu'il
attendrait jusqu'à la fin de l'année en cours» pour voir «si les autorités
algériennes tenaient à préempter». Lui, aussi, constate que pour le moment, l'Algérie
n'a pas mis à exécution son droit de préemption. «Si l'Etat décide d'acheter
OTA, il se retrouverait avec deux opérateurs mobiles, aux stratégies
commerciales et aux grilles de salaires complètement différentes», affirme-t-il.
Une autre solution consisterait, selon lui, par le rachat par l'Etat de «51%
des parts d'OTA, répartis à hauteur de 31% entre des
groupes publics comme la BEA,
Sonatrach, Cosider et
autres, qui ont besoin de placements, alors que les 20% restants devraient être
introduits en Bourse» et qui trouveraient des acquéreurs auprès d'entreprises
privées. Pour le moment, note-t-il, «Vimpelcom est le
propriétaire effectif d'OTA (filiale d'OTH)» à travers le rachat de Weather
Investment Spa, la maison mère de Orascom
Telecom Holding SAE)».
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Posté Le : 06/09/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdelkader Zahar
Source : www.lequotidien-oran.com