Les citoyens désirant acheter le mouton du sacrifice restent sceptiques alors que le rendez-vous tant attendu n'est plus qu'à deux jours.Ces derniers qui tablaient sur une éventuelle baisse de prix ces derniers jours et qui semble ne semble pas venir, ne savent plus à quel saint se vouer face à la cherté des bêtes cette année, selon bon nombre de citoyens, à l'instar de Samir, cadre moyen dans une entreprise privée et père de trois enfants, rencontré au niveau d'un point de vente illicite installé à Hai Yaghmoracen. «Le prix a fait un bond allant de 15.000 à 20.000 dinars cette année. Je ne sais pas si je pourrais en acheter un», dira-t-il. Même son de cloche chez Abdelhamid, petit artisan plombier : «j'ai parcouru plusieurs points de vente, et partout c'est la même chose. Les prix oscillent entre 35.000 DA et 85.000 DA. Les moutons qui se négociaient il y a deux ans à 35.000 sont actuellement entre 46.000 et 48.000 dinars. C'est trop cher». Pour Khadija et Amine, jeune couple rencontré devant un troupeau de moutons à Hai El Badr : «le plus petite bête à peine une douzaine de kilos est à 32.000 dinars, elle fait de la peine à être sacrifiée. Mais on n'a pas le choix, notre budget est serré, on va l'acheter».
Cette flambée des prix cette année est, selon Abdekader, un vendeur venu de la wilaya de Tiaret et ayant un enclos de fortune à Ain Beida non loin du cimetière, est due à deux facteurs de taille. Le premier est que cette année les prix des aliments de bétail ont connu une flambée vertigineuse. « A cause de la spéculation, le quintal de son est à 4 500 DA, soit une augmentation de près de 300% par rapport à son prix de 1 700 DA/QX, ces dernières années. L'orge qui devrait être proposé à 1 550 dinars le quintal, est vendu à 5 500 dinars. Le prix de reviens du mouton a augmenté automatiquement surtout que la sécheresse que connait le pays n'a pas permis l'accès aux espaces de pâturages sans oublier les frais liés à l'achat des citernes d'eau pour les troupeaux », affirme notre interlocuteur. La deuxième raison est que « depuis l'apparition de coronavirus, les ventes ont baissé de manière drastique. Il n y a plus de grande fêtes de mariage où on consomme plusieurs moutons, plus de hadj et de Omra et surtout l'année passée beaucoup de personnes ont fait l'impasse sur le sacrifice de peur d'être contaminées par le virus lors de l'abatage et surtout du dépeçage. La conjugaison de ces facteurs a aggravé la précarité des éleveurs ce qui les a contraint cette année à augmenter les prix de vente pour sauver les meubles et sortir un peu la tête de l'eau» ajoute t-il.
Pour Boualem, éleveur venu de la région d'El Bayadh également installé à proximité du cimetière de Ain El Beida, «on trouve les pires difficultés à s'en sortir avec toutes les contraintes, cherté des aliments, de l'eau, de la main d'?uvre, du carburant. Les prix demandés ne reflètent en aucun cas le prix réel. On travaille à perte le plus souvent. La vente est timide. Je suis entrain de brader. Les moutons qui faisaient 70.000 et 75.000 da, je les propose à 60.000 dinars depuis quelques jours. Mais nous n'avons pas d'autre choix que de continuer et espérer que ça s'arrange avant l'aïd».
Tous les plans sont bons pour acheter un mouton
Le rituel du sacrifice est incertain pour de nombreuses familles cette année. Au vu de cette situation, certains ménages optent pour une cotisation familiale et jettent leur dévolu sur un mouton soit moyen ou de grand gabarit. Des citoyens rencontrés, nous ont indiqué, hier, que les prix du mouton ont connu une baisse significative au niveau de plusieurs points de ventes à l'instar de Sidi Chahmi, Es-senia et Ain El Beida. Une baisse de l'ordre d'un millions de centimes qui concerne cependant des bêtes qui étaient affichées à plus de 7 millions de centimes et qui ne trouvent pas preneur.
Certaines familles, même si elles sont rares, ont opté pour des moutons à crédit, soit au sein de leurs entreprises, soit au niveau de fermes qui font dans la vente par facilité. Cette formule constitue un vrai soulagement pour les personnes dans l'incapacité de payer le prix dans son intégralité en une seule fois. Toutefois les fermes qui proposent la vente par facilité ne sont pas très nombreuses à Oran. Ces dernières ne le font que pour des connaissances ou sur recommandation. A l'instar d'une ferme installée dans la localité de Bouyakour, relevant de la commune de Boutlelis. Le propriétaire propose des moutons dont les prix varient entre 45.000 et 60.000 dinars, avec un paiement en 4 mensualités.
Et au temps du numérique il y a bien sur la vente en ligne des moutons. Le potentiel acheteur n'a qu'à se connecter et contacter les pages ou les groupes dédiés à cela. Les acheteurs ont même le choix entre un mouton vivant ou égorgé. Les tarifs varient en fonction de la taille du mouton, entre 40 000 et 65 000 DA. «Si un client ne veut pas se déplacer, des photos lui sont envoyées pour choisir le mouton qu'il veut. Le mouton est livré gratuitement au moment choisi par l'acheteur», dira l'administrateur d'une page qui propose la vente de cheptel.
Mais certains ne font pas confiance à ces pages. Pour Nabil : «si on a un problème on n'a aucune façon de retrouver le vendeur et réclamer un remboursement. Je préfère acheter dans une ferme, afin d'éviter d'avoir une mauvaise surprise comme la putréfaction des carcasses après le dépeçage. Il y a aussi le côté pratique de la chose. On peut leur demander de garder les moutons, de procéder au sacrifice, au dépeçage, au nettoyage des trippes, du crâne et des pieds. On ne fait que superviser sans fournir le moindre effort, mais s'il faut ajouter les frais relatifs à cette opération pas très appréciée par les ménagères en ces temps de coupures d'eau, de grandes chaleurs et une fatigue accumulée pendant une année difficile à cause du Covid-19 ».
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Posté Le : 18/07/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : J Boukraa
Source : www.lequotidien-oran.com