Algérie

Accusé de trafic de drogue: Un cadre de la CNAS condamné à 15 ans de prison



L'affaire de trafic de drogue jugée hier par le tribunal criminel d'Oran sortait de l'ordinaire, en ce sens que le prévenu du jour n'avait rien ou si peu de commun avec le profil qu'on avait l'habitude de voir au box dans ce type de procès. Un cadre de la CNAS. Tel est ou plutôt tel fut le poste du mis en cause avant son incarcération, il y a deux ans, pour «détention et commercialisation de drogue».

Le 1er septembre 2008, à 15 heures, à la sortie de Maghnia en allant vers Oran, la vie de H.M., la cinquantaine, père de cinq enfants, a brutalement basculé du statut d'un chef de centre de la CNAS (à Maghnia) à une bien mauvaise posture d'un présumé baron de kif mis en cellule. Ce jour-là, à cette heure-là, à cet endroit-là, H.M., conduisant une Citroën Xara, est prié de serrer à droite par les gendarmes en faction au niveau d'un barrage. Il s'exécute gentiment. On va directement au tableau de bord qu'on enlève en un tour de main. On fait sortir quatre paquets contenant 39 kilos de kif, préalablement enduits d'une substance désodorisante pour tromper les chiens renifleurs. Conduit au poste de la brigade, H.M. passe aux aveux. Selon les PV d'audition de la police judiciaire, il reconnaît qu'il acheminait la marchandise vers Oran pour la livrer à un certain Djamel, un «détaillant» résidant à Bousfer.

 Il a eu déjà à effectuer trois opérations de ce genre. Dans le bureau du juge d'instruction, dans une seconde comparution, il se rétracte de fond en comble. Cette fois, il dit ignorer qu'il y avait des stupéfiants dans sa voiture. Selon lui, le kif lui aurait été placé exprès, lorsqu'il avait remis son véhicule à un acheteur pour des essais. Il était chargé de dettes et il ne lui restait que sa Xara à vendre pour calmer les créanciers qui étaient sur son dos, d'après sa version des faits, toujours. Son conseil, un avocat commis d'office à qui on fait appel la veille pour suppléer à son avocat défaillant, abondera d'ailleurs dans ce sens : «Il se peut que ce sont les mêmes narcotrafiquants qui ont placé les 39 kilos sous le tableau de bord du véhicule appartenant au directeur du centre CNAS qui l'aient dénoncé aux gendarmes dans le but de faire diversion au niveau du point de contrôle et, du coup, faire passer inaperçue une grosse cargaison. Réfléchissons un peu, c'est une hypothèse qui tient la route», soutient-il sous le regard incrédule de la présidente, la tête posée dans la paume de sa main. Même air de défiance vis-à-vis de cette histoire du côté des deux juges assesseurs et de l'homme et la femme que le sort a choisis comme jurés, le temps d'une audience. C'est que, au fond, il n'y avait aucun mobile apparent pour faire porter le chapeau à ce cadre de la sécurité sociale, de surcroît dans une grosse affaire de kif.

D'autre part, une perquisition effectuée dans le domicile du mis en cause, un logement de fonction situé au sein de l'agence, n'a rien donné. Cependant, une somme de 14 millions de centimes a été saisie. Interrogé sur ses premiers aveux, l'accusé a déclaré avoir été l'objet de menaces de représailles envers sa famille de la part des trafiquants qui l‘ont menacé de décimer sa famille, de les kidnapper et de les emmener vers le Maroc.

Derrière son pupitre de représentant du ministère public, le procureur général a balayé d'un revers de la main la version du complot ourdi par des narcotrafiquants et cette histoire du voyage à Oran le 5 septembre 2010 dans le but d'«établir un acte notarié pour la vente du véhicule».

Il a requis la réclusion à perpétuité contre le prévenu. La défense a plaidé non coupable, s'agissant de l'accusation de «commercialisation et drogue», sollicitant la mansuétude de la cour pour le délit avéré de la «détention de stupéfiants». A l'issue des délibérations, l'ex-directeur du centre de la CNAS de Maghnia a été reconnu coupable à l'unanimité et condamné à 15 ans de réclusion criminelle. Un autre mis en cause, le présumé fournisseur du kif, H.D., en fuite, devait faire quant à lui l'objet d'une procédure de contumace.




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