Algérie

Accusations des insurgés contre l'Algérie: Ould Kablia évoque des «parties étrangères»



«Nous n'avons rien cédé, nous avons appliqué les seuils qui étaient décidés bien avant,» nous a déclaré le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales à propos des décisions prises par le gouvernement pour faire taire les nombreux mouvements de protestation.

C'est sur le tarmac de l'aéroport de Bordj Badji Mokhtar (BBM) que Ould Kablia s'est défendu «de n'avoir rien fait pour les agents de sécurité radiés par leurs corps de fonction.» C'est, nous dira-t-il à ce sujet, que «le directeur général m'a contacté quand j'étais en déplacement à l'intérieur du pays, pour me demander mon avis, j'ai dit que j'étais d'accord pour qu'ils soient intégrés dans leurs corps d'origine, en plus j'ai accepté que la prime d'alimentation des policiers soit augmentée de 40 dinars pour passer de 100 à 140 DA». Pour lui, «si cela s'appelle concession, c'en est une, mais la seule, sinon pour tout ce qui est des mesures qu'on a prises pour régler les conflits sociaux qui se sont déclarés, nous n'avons jamais cédé plus que ce qui avait été prévu dans les grilles de salaires et les statuts des différentes catégories professionnelles qui étaient déjà ficelés bien avant.»

Interrogé sur la position de l'Algérie sur ce qui se passe en Libye, le ministre de l'Intérieur estimera que «nous sommes pour un règlement politique entre les parties en conflit.» Ceci étant, il ne cachera pas son rejet catégorique «de ce que fait la coalition sur les territoires libyens.» A la question «pourquoi les insurgés ont-ils accusé l'Algérie d'avoir envoyé des mercenaires pour les combattre ?» Ould Kablia lâchera «ils sont peut-être inspirés par des parties étrangères.»

A son arrivée lundi à BBM, il avait carrément affirmé que «la coalition leur suggère leurs positions et leurs déclarations.» Ainsi, à propos des nuances qu'il a apportées hier, a-t-il affirmé «de toute façon, nous sommes contre la coalition !» Aux côtés du ministre des Ressources en eau, le ministre de l'Intérieur a procédé, hier matin, à l'inspection de plusieurs projets de construction de barrages, d'électrification, de réfection de routes. La plus importante structure inaugurée hier à BBM est incontestablement le centre d'analyses épidémiologiques dont les équipements n'ont rien à envier à ceux existant à travers certaines villes du pays et dont la nécessité, pour ces régions, n'est même pas à prouver. Seulement, les médecins qui y travaillent ne sont pas contents. Ils regrettent même d'avoir choisi de faire leurs trois ans de service civil à BBM. «Nous pensions qu'on pouvait avoir des avantages par rapport au Nord, ils nous les avaient promis, mais on n'a rien eu,» dit à la presse un jeune médecin de Bejaïa. Son confrère n'en dira pas moins à propos d'un choix qui les a obligé, tous les deux, «à partager un logement avec d'autres, à avoir un seul repas assuré et à percevoir uniquement 12.000 DA de prime de zone par rapport au salaire de nos confrères du Nord».

Les autorités civiles et militaires sur le qui-vive

Les médecins s'empressent de dire «nous avons hâte de rentrer chez nous dès qu'on termine nos trois ans, on souffre ici, toutes les promesses, c'est du bluff.» BBM a un médecin pour 2.000 habitants, un chirurgien-dentiste pour 12.000 habitants et un pharmacien pour 23.000 habitants. «Nous souffrons du manque d'infrastructures, d'encadrement et de l'éloignement,» se plaint l'ensemble des citoyens.

Le directeur de wilaya de la Santé nous explique que depuis que «le lycée a été ouvert en 2009 à BBM, nous avons pu trouver des jeunes des classes de seconde et première pour en faire des aides-soignants.» Il rappelle que la région a aussi pu former 30 techniciens de la santé en 2008. «Il nous est difficile de trouver des jeunes de ces localités pour les former mais le lycée nous a beaucoup aidé.» L'ouverture prochaine d'une polyclinique donne par ailleurs, un grand espoir aux populations. Les deux ministres ont mis l'accent sur l'eau qui manque terriblement. Sellal fait de la réalisation d'un barrage souterrain et du transfert des eaux de Tagrouat vers Timiaouine, sa fierté «comme pour Tamanrasset». Il explique que «nous comptons sur les moussons du Golfe de Guinée pour remplir le barrage.»

La visite des deux ministres dans ces régions semble s'inscrire dans une stratégie que le gouvernement a mis en place pour mettre en confiance les populations, en ces temps d'insécurité grandissante aux frontières du pays. D'ailleurs, à chaque fois qu'il était question de parler de projets socio-économiques -et si le ministre de l'Intérieur faisait en sorte de ne pas rappeler les problèmes de terrorisme et de contrebande qu'en filigrane, contrairement au discours qu'il avait tenu à Tamanrasset, en marge de la visite du président- les intervenants eux, en parlaient sans hésitation. «Nous sommes toujours les défenseurs de ce pays, nous resterons tous debout, nous jurons qu'on ne laissera personne rentrer de nos frontières,» lui avait dit un notable. Le cheikh Mohamed Kounti, de la célèbre zaouïa du même nom, lui avait évoqué l'insécurité sur les longues distances que les populations sont obligées de parcourir pour, entre autres, se faire délivrer leurs documents d'état civil. «Facilitez-nous les choses, on ne peut à chaque fois prendre la route alors que la sécurité manque,» a-t-il dit lundi soir, lors d'une rencontre des deux ministres avec les autorités civiles et militaires ainsi que les notables de la région. Des autorités qui sont sur le qui-vive pour assurer une sécurité et contrôler des territoires sans limites. Le tout sur fond de supputations surprenantes et de rumeurs les plus folles, à n'en pas finir.

Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales promet de se rendre prochainement à Illizi et à Djanet avec un retour à Tamanrasset.




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