Algérie

Acculturation



Acculturation
«Quand ils nous ont appris à dire "bonjour", nous avons reçu un coup sur le nez. Quand ils nous ont appris à dire "bonsoir", nous avons reçu un coup sur la mâchoire.» El-Hadj Arezki Ihouachen
Est-ce l'approche de l'anniversaire du printemps ou bien le magnifique cadeau qui m'a été fait dernièrement qui me fait replonger dans des considérations portant sur l'identité que je prétends porter en moi depuis que j'ai atteint l'âge de raison' D'abord, je reconnais que je n'ai pas fait un quelconque effort pour acquérir des informations suffisantes sur la question et que je me suis contenté de glaner par-ci et par-là celles que le vent portait au hasard vers moi. C'est peut-être la raison pour laquelle mon éveil a été tardif. Quand on est issu d'un milieu très modeste et qu'on a connu le dur chemin du fils du pauvre, on pense d'abord aux recettes qui améliorent la condition de l'individu et qui font sortir de la gadoue. Cependant, je ne cesse pas de rendre hommage à ceux qui n'ont pas emprunté la voie de la rentabilité financière pour s'engager dans les chemins qui montent du militantisme pour essayer d'illuminer nos consciences. Il faut saluer les efforts méritoires de ceux qui ont taillé dans le maquis confus de l'ignorance le premier sentier (Asalù) que les suivants élargiront et aplaniront. C'est pourquoi
j'éprouve une grande admiration pour ceux qui se sont échiné à sortir du brouillard entretenu par les différents impérialismes culturels que nous avons connus: c'est d'abord une gageure que de réaliser une oeuvre fondatrice qui servira de base d'études aux futurs intellectuels qui, grâce aux progrès de la démocratie et de la communication, pourront approfondir les ébauches esquissées jusqu'ici. Car, il faut tout de suite reconnaître que jusqu'à une date récente, les bibliothèques officielles ne fourmillaient pas d'oeuvres documentaires sur un passé qui nous appartient et que nous revendiquons: seuls quelques privilégiés qui ont eu l'heur d'accéder aux riches fonds européens et américains ont pu voler, dans la mesure de leurs moyens, les informations nécessaires pour éclairer des pans entiers de notre histoire. Ce handicap, je l'avais senti déjà dans les années 1960, quand l'Université algérienne, aseptisée et orientée vers une autre recherche identitaire, mettait en vedette un certain Ibn Khaldun, proto-inventeur de la sociologie et précurseur de la valeur ajoutée. On parlait abondamment de ses «Prolégomènes» mais on n'avait jamais accès à ses livres concernant l'histoire proprement dite des dynasties berbères qui ont fleuri après l'arrivée de l'Islam. Que dire alors des différents chroniqueurs grecs et latins dont nos livres d'école s'ornaient parfois de passages qui ne nous concernaient guère. J'avais l'impression que mon peuple n'existait pas avant Abd-El-Kader. Et l'enseignement officiel dispensé par des maitres venus d'ailleurs n'arrangeait rien: l'érudition avait atteint un tel niveau que certains pouvaient vous dire le nombre de chameaux qui avaient participé à la bataille de Kerbala mais que l'ignorance totale planait sur le nom même de Zama. C'était pour moi le sommet de l'acculturation: certains mêmes poussaient le cynisme à importer des noms du Moyen-Orient pour les apposer aux frontons de nos écoles tandis qu'on essayait d'effacer les noms locaux. Le régime du parti unique avait fait pire: une criminelle opération pompeusement appelée «algérianisation de l'environnement» avait sournoisement commencé, sous prétexte d'effacer les traces du colonialisme, des mains barbares passaient sur les écriteaux qui indiquaient les noms de rues et des lieudits pour les remplacer par des noms maladroitement transcrits en arabe. Cependant, cette opération, comme toutes les opérations qui ne concernent pas le peuple s'est évanouie sous le soleil comme les oueds dans le sable du désert.. Le pouvoir d'alors s'est aperçu un peu trop tard qu'en grattant un peu le vernis superficiel, une réalité s'imposait: Tiaret devenait Tihert, Port-Gueydon, Azzeffoun et Azazga Iâazzouguen... Dans la liste on avait sciemment oublié que Ménerville ainsi nommée en 1963 avait pour nom, au temps de Si Mouh Ou Mhend, Thizi Nath Aïcha, n'en déplaise à ceux qui l'ont baptisée Thénia. La question qui se pose pour le recouvrement de l'identité: à quand un lycée Koceila pour servir de pendant à celui de Okba'




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