Notre pays est beau, vaste, diversifié et contrasté. Déployé sur une étendue de 2 381 740 km2, soit quatre fois la France hexagonale, il dispose d’atouts multiples : naturel, géographique, économique, etc. mais que gâchent et défigurent des pratiques sociales dévastatrices que nul discours officiel ne saurait nier ou masquer.
Nos officiels chargés de ce secteur vital ont beau discourir et enjoliver les œuvres accomplies ou à accomplir dans l’avenir en matière du développement d’infrastructures, d’accueil et de services, notre pays demeure pourtant fort arriéré en ce domaine. Là, cependant, où le discours officiel dit vrai, c’est quand il fait valoir la beauté de nos paysages et de nos plages pittoresques et révèle, avec des chiffres à l’appui , des réalisations «grandioses» en termes de structures physiques, d’équipements et de personnel «formé» ou à former dans l’immédiat. De fait, notre pays est beau, si beau et si attachant que les colons européens, à commencer par les Alsaciens Lorrains, les Espagnols, les Italiens, les Corses et les Maltais, ne s’étaient pas imaginé un seul instant l’abandonner un jour. Au lendemain de l’insurrection du 1er novembre 1954, ils furent si affolés et si paniqués qu’ils firent feu de tous bois pour conserver leur «Algérie française» qu’ils chérissaient et regardaient comme un Eden sans pareil au monde. Ils n’avaient point tort.
Car, en effet, et partout, du Nord au Sud, d’Ouest en Est, le pays recèle, outre les plaines fertiles et nourricières de la Mitidja, des Hauts- Plateaux céréaliers, et de bien d’autres, des sites naturels merveilleux, des vues panoramiques extrêmement prenantes qu’illustrent, entre autres, les corniches (Jijel-Bougie), les gorges de Kherrata et de Lakhdaria, naguère baptisées Porte de fer, le golfe d’Oran, de Skikda, la baie d’Alger, les gorges du Rhumel, les merveilleux Balcons de Ghoufi dans les Aurès. Tous ces sites splendides constituent autant de trésors que la nature en a fait un don «spécial» à l’Algérie.Beauté d’un pays sacrifié sur l’autel de l’indifférence et du dilettantisme professionnel.
Des voyageurs européens du XIXe siècle, et parmi lesquels des écrivains illustres, avaient fait une description objective et vivante de l’Algérie et de ses paysages. J’en cite ici qu’un seul parmi eux : Guy de Maupassant. En abordant pour la première fois la baie d’Alger, en 1863, celui-ci ne put s’empêcher d’extérioriser les émotions qui manquèrent de l’étrangler à la vue de cette dernière depuis les hauteurs d’Alger : «Féerie inespérée, écrivit-il, et qui ravit l’esprit ! Alger a passé mes attentes. Qu’elle est jolie, la ville de neige sous l’éblouissante lumière ! (...) De la pointe de la jetée, le coup d’œil sur la ville est merveilleux. On regarde, extasié, cette cascade éclatante de maisons dégringolant les unes sur les autres du haut de la montagne jusqu’à la mer. On dirait une écume de torrent, une écume d’une blancheur folle ; et de place en place, comme un bouillonnement plus gros, une mosquée éclatante luit sous le soleil.»
Alger, ainsi décrite, n’est pas l’Algérie ; elle n’en est qu’une facette parmi bien d’autres : «Féeries» que l’écrivain alors en quête d’exotismes «indigènes» n’avait pas eu l’occasion de découvrir. Car plus au Sud, à quelque trois mille kilomètres environ d’Alger, se dresse majestueusement le massif volcanique du Hoggar, dont le point culminant se situe au Djabal Tahat (2908m). Les paysages lunaires qui l’entourent avec leurs collines en manière de «coupoles» et de têtes de sphinx que l’érosion éolienne a dessinées avec un art consommé à travers les millénaires sont d’une rare beauté de formes et de couleurs. Les intenses lumières qui les baignent au coucher du soleil accentuent et précisent les moindres détails et linéaments qui les traversent de part en part. Chef-d’œuvre exceptionnel du créateur ou du travail spontané de la nature - je ne sais -, ces sites aux paysages extraordinaires offrent au regard fatigué par la monotonie des villes bruyantes et polluées de la «civilisation» urbaine des moments de repos, de méditation et d’exaltation salvatrices.
Le paradoxe d’un beau pays qui repousse plus qu’il n’attire le tourisme
Bien que certains rapports internationaux classent l’Algérie au dixième rang parmi les plus beaux pays du monde en termes de contraste, de beauté et de diversité naturelle et géographique, elle demeure cependant une des nations les moins attractives pour le tourisme étranger. A quoi est due cette répugnance manifestée chez le touriste étranger à venir chez nous, bien qu’il puisse être fasciné et admiratif devant les images qui se présentent à son regard à travers les prospectus des agences de voyage ou à travers l’Inter-net ? On sait que les étrangers, notamment les Européens et les Américains du Nord, qui se révèlent être de grands voyageurs et qui ressentent du fait de leur culture un grand besoin de découvrir les choses et les objets du monde, y compris les objets «ethniques», connaissent toutes les destinations touristiques du monde les mieux cotées. Or, ils savent tous que l’Algérie figure parmi les pays féeriques de leurs rêves et désirs d’escapades. Pourtant, notre pays ne les tente guère. Pourquoi ? Les raisons en sont multiples et peuvent se ramener à plusieurs facteurs dont les plus saillants sont :
-Un accueil incivique et rébarbatif ;
-un manque flagrant de propreté ;
-des plages saturées et transformées en une immense poubelle.
Un accueil rébarbatif et hargneux
Puisque le tourisme ne se limite pas aux complexes de luxe et ne s’intéresse pas forcément à des hôtels de quatre ou cinq étoiles, mais concerne aussi tous les lieux de curiosités et de découverte de l’insolite, du folklorique et du pittoresque, commençons alors par les lieux publics simples et la manière dont ils accueillent le client ordinaire. En effet, partout, et dans quelque lieu où vous foulez des pieds un lieu public (café, restaurant, hôtel, magasin d’alimentation…) l’accueil est exécrable. Le patron ou le garçon de café vous accueille avec une face rébarbative, et heureux si vous ne vous faites pas insulter en lui faisant la remarque sur son attitude peu rassise à votre égard.
Lui demande-t-on gentiment d’essuyer la table encrassée ? Le garçon, et parfois le patron lui-même, vous envoie promener de manière cassante. Si, inversement, le garçon est aimable et de bonne humeur, il opinera de la tête tout en vous faisant attendre une demi-heure ou plus pour nettoyer la table et vous servir. Dans la plupart de ces cafés et restaurants populaires, la politesse, la civilité et la propreté ne sont pas les choses les mieux prisées. Ces traits de conduite vertueuse ne sont pas intégrés dans leur univers mental orienté qu’il est exclusivement vers l’utilitaire et le service «minimal».
Un manque flagrant d’hygiène et de propreté
Au mauvais accueil réservé à la clientèle bigarrée, s’ajoute le manque d’hygiène. Comme on le verra sous peu, ce phénomène manifeste n’épargne pas les complexes dits pompeusement «touristiques». Certains hôtels classés quatre ou cinq étoiles ne sont pas à l’abri de la saleté ni de la présence envahissante de ces cafards aussi nuisibles à la santé que répugnants aux regards allergiques. L’exemple des waters (toilettes), illustre de manière frappante le peu de cas accordé à la propreté et au respect du client. En effet, parmi les 802 cafés et restaurants répartis entre le nord (Alger), l’Est (Constantine, Annaba), l’Ouest (Oran) et le Sud (Biskra, Touggourt, Ouargla…) dont je fus un client de passage, il n’est pas un seul qui dispose de waters (WC) propres ou d’une porte qui ferme.
Certains n’en disposent d’ailleurs pas quand d’autres sont bouchés par d’énormes monticules d’excréments aux odeurs pestilentielles. Mais le plus cocasse et qui se répète sous toutes les latitudes du pays, c’est la fermeture à clé des quelques waters fonctionnant tant bien que mal. Si vous n’êtes pas un client familier des lieux, vous ne pouvez pas espérer obtenir du cafetier la clé en question et vous risquez fort bien, dans ces conditions, faire dans votre froc. Il lui indiffère que vous soyez indisposé par quelque crise digestive ou en proie à une diarrhée aiguë.
Le gain facile au détriment de la propreté
Le pire, c’est que beaucoup de restaurants à grillades ne disposent pas de WC ou disposent de toilettes mais mitoyennes avec la cuisine de telle sorte que les vapeurs fétides des unes se mêlent à la fumée et aux odeurs piquantes de l’autre. Les lavabos sont généralement crasseux, faute d’eau mais aussi faute de soin et de propreté de la part des gérants et des patrons dont les soucis majeurs semblent être le gain facile, l’accumulation d’argent. Ne parlons pas des serviettes noires de saleté que l’on trouve accrochées près de ces lavabos dont les robinets sont souvent «secs» ou coulent au ralenti. Ces serviettes servent non seulement à s’essuyer les mains, mais aussi les moustaches souillées de graisses animales ! Gondolées et rêches, il semble qu’elles n’ont jamais été lavées depuis leur mise en service, qui pourrait remonter à quelques années en arrière.
Mais ce n’est pas fini : lorsque les garçons ne portent pas la tenue réglementaire, comme c’est souvent le cas, au point de se confondre avec les clients qu’ils servent, les rares qui en portent sont affublés de tabliers de couleur blanche, mais se trouvant recouverts d’épaisses et larges couches noires d’aliments et de graisses d’origine diverses, végétales et animales. Certains garçons que j’ai pu observer, s’en servent également pour essuyer non seulement leurs mains dégoulinantes de matières visqueuses, mais aussi leurs crottes de nez tout en remuant de leurs doigts aux ongles non moins noirs de crasse les bouts de viande entreposés sur les braises !
Les marchands de pâtisseries, de zlabiyya, de viande, etc. ne sont pas en reste. Ils servent le produit de leurs mains calleuses et moites pendant que leur front ruisselle de sueur dont certaines gouttes viennent s’infiltrer dans les aliments sous le regard du client qui paraît complètement indifférent ou accoutumé à cette pratique d’«hygiène» d’un autre âge. Les mains gluantes de miel et de sucre auxquelles se mêlent les sueurs humaines à force de distribuer des poignées de mains à des dizaines de personnes par jour, le vendeur de zlabiyya ne se gêne pas par ailleurs de lécher ses doigts pendant qu’il vous sert, et certains s’enfoncent même une grosse chique dans la bouche ou la retirent de leurs gencives pourries tout en malaxant le produit de leurs mains horriblement encrassées.
Il en est en effet qui fourrent même leur index dans les narines et en retirent des matières flasques qu’ils plaquent aussitôt sur leurs vêtements déjà repoussants de saleté… Quant aux bouchers, ils ne font pas plus de cas, en matière de soin et d’hygiène, que les marchands de sucreries. Ils manipulent la viande avec des mains imprégnées de tabac, de poussière et d’autres particules invisibles de microbes, et vous rendent la monnaie, en papiers ou en pièces, complètement tachetée de sang et de graisse. Les poissonniers, comme les pâtissiers, font de même. La monnaie qu’ils vous rendent est soit poisseuse, soit visqueuse. Quelle sensation désagréable n’éprouve-t-on pas au toucher de cette monnaie collante!
Quand la propreté se trouve aux prises avec le diable et la violence
Ce n’est pas caricaturer la réalité que de décrire les choses telles qu’elles se présentent à l’œil nu. Il s’agit là, au contraire, d’images vivantes d’un pays qui semble faire fi des règles élémentaires de propreté et d’hygiène et dont les citoyens, marchands et consommateurs, ont l’air de bien s’accommoder de cet état de fait lamentable. On a beau se vanter en effet que l’Islam est la religion la plus propre de toutes les religions célestes, et l’on a beau évoquer le hâdith ou la maxime sainte selon laquelle «la propreté vient de la foi, et la saleté procède du diable» ( an nâdhafâ min al imân wa lawsakh min al chitan), il reste que le chitane semble, en l’occurrence, l’emporter au loin sur la prétendue foi en la propreté… Nos bouchers, entre autres, sont la preuve contraire de cette assertion : en exposant des cadavres d’animaux égorgés, sanguinolents, sur le bord des trottoirs poussiéreux que bordent parfois des caniveaux charriant des eaux verdâtres, sans parler des fumées des pots d’échappement, ils montrent par-là même que la propreté est le cadet de leur souci.
La légende du client roi n’est pas de mise en Algérie
La même insouciance, la même indifférence et les mêmes manquements aux règles de propreté se retrouvent quasiment partagés par la plupart des commerçants, y compris des clients dont l’exigence en matière d’hygiène est presque nulle. Ici, l’on mesure combien l’on sacrifie alors la propreté et la santé du citoyen au seul gain. Quant au citoyen acheteur, il sacrifie tout bonnement le principe du «client roi» à l’acception résignée des règles du jeu du marchand dont le diktat ne laisse d’autre choix que cette pénible alternative : c’est à prendre ou à laisser !
Protester ou émettre des remarques, même discrètes ou bénignes, sur la propreté ou sur la mauvaise qualité de la marchandise relève de la part du marchand d’une suprême insulte, voire d’un sacrilège qui pourrait susciter une réaction violente de sa part à l’encontre du client. Ainsi, une scène parmi bien d’autres, dont je fus témoin, me hante encore l’esprit : un client se fait servir des légumes dont il constate que certains sont pourris et demande calmement au marchand de les lui changer.
Ce dernier rechigne, mais le client, toujours calme, insiste. Puis soudain, le vendeur s’énerve, prend prestement le plateau de la balance et le projette sans crier gare sur la figure du client. Le sang gicle. Des cris et des remous s’élèvent.
Des badauds accourent de toutes parts pour former une masse compacte autour du marchand furieux que l’on tente de maîtriser… Cette scène dramatique est l’illustration parfaite d’une grave crise, d’un cruel déficit en matière d’éducation et de civisme.
Elle dénote un état d’esprit singulier et d’une culture qui n’admet pas la tolérance et le respect d’autrui et qui substitue au principe du dialogue et de compréhension mutuels, la violence comme mode quasi unique de régulation interpersonnel. Des acheteurs mécontents qui se font agresser verbalement ou même physiquement par des marchands irascibles, ce n’est pas chose rare en Algérie, et j’en ai vu à maintes reprises dans les divers marchés du pays profond, du centre et de l’arrière-pays, des bouchers qui brandissent en l’air leurs tranchants instruments et des marchands de légumes et d’échoppes exhibant leur barres de fer ou leur bâton à la pointe ferrée pour asséner des coups à des clients protestataires.
Des plages saturées et transformées en une immense poubelle
Nos plages ne dérogent pas à la règle générale. Ici, comme partout ailleurs, la saleté et la violence semblent marcher de pair. En effet, la plupart de nos plages, dont on célèbre la beauté se transforment en période estivale en des lieux de prédilection pour les jets d’ordures et parfois de violence et de chapardage. Sans citer aucun d’eux, les plages que j’ai pu parcourir d’ouest en est, sont jonchés d’ordures et d’objets divers dont les plus graves sont faits de bouteilles, d’éclats de verres brisés, de boîtes de conserve, de métal ferreux tranchant, de clous et parfois même de carcasses de véhicules échoués là où on ne sait par quel destin. Les pots de yaourt, les mégots de cigarettes, les sacs en plastique, les paires de chaussures et de sandales usées, les bouts de vêtements noircis de graisses, forment de larges tapis et gâchent de ce fait les fins sables dorés.
Des femmes et des hommes ventripotents et adipeux se goinfrent de gâteaux sucrés, de sandwichs graisseux et de frites huileuses, et une fois le ventre plein, ils jettent machinalement les papiers d’emballage et les restes d’aliments autour d’eux. Les sacs en plastique qui auraient pu servir de poubelle sont tout simplement et négligemment jetés autour d’eux et s’en vont grossir les montagnes d’ordures alentour. Parfois ces sacs que le vent emporte s’élèvent dans le ciel, tournoient longtemps au-dessus de la mer avant de retomber à pic sur la plage noire d’une foule bigarrée de personnes qui semblent heureuses de patauger dans l’eau polluée et de se rouler sur le sable imprégné d’aliments aux odeurs fétides.
Au manque absolu de soin et de propreté élémentaire s’ajoute le goût de l’entassement. Comme des animaux rampants, ces vacanciers marchent les uns sur les autres, se bousculent, se piétinent sans ménagement ni aucune forme d’excuse ou de politesse. Tout ce monde bariolé donne l’impression de priser plus la proximité, le bruit, la saleté, le spectacle et l'apparaître que l’ordre, le calme, la contemplation et la discipline nécessaires au repos de l’esprit et de l’âme. On y vient non pas pour apprécier ces bienfaits de la nature que sont l’eau, l’air, l’oxygène, les vagues déferlantes et les galets remués par la mer déchaînée, mais comme pour se donner en spectacle…. Celui qui sait mesurer les choses à leur juste valeur, qui sait apprécier la nature, le beau et l’agréable ne saurait en effet admettre un environnement sale et bruyant.
Le respect de la nature, de l’ordre, de l’autodiscipline et de la propreté sont les marques distinctives du civisme et de la citoyenneté active. Or, chez nous, ces vertus n’existent pas ou n’existent qu’au bout des lèvres. Pour intérioriser ces réflexes et en faire un mode de conduite en société, ça suppose une éducation de base nettement précisée et des règles d’éthiques communément admises et uniformément appliquées, faute de quoi, on cheminerait vers l’anomie. Or, ce que l’on constate, c’est que l’Algérien «moyen», et même l’Algérien entiché de «modernité» et de «civilisation», se trouve justement pris dans les réseaux enchevêtrés d’une anomie inextricable. A force de perte de repères et de dédoublement de la personnalité culturelle, on finit par opposer le soi-même à l’autre.
Quand les routes et les autoroutes sont jonchées de détritus
On ne peut pas isoler en effet la propreté, le civisme et la politesse de l’éducation. Une bonne éducation suppose les trois termes, leur intégration dans les réflexes et les conduites individuelle et collective. Chez nous, c’est la forme, l'apparaître qui prime l’être. Exemple de ces contradictions, de ces dédoublements de la personnalité culturelle : sur nos routes et nos autoroutes, on croise des grosses cylindrées conduites par des personnes, jeunes et vieux, qui se donnent des allures de «branchés» et de «modernes». Autrement dit, elles se prennent pour des gens d’éducation ou de rang social «élevé». Pourtant, ces personnes aux figures visiblement ostentatoires jettent et laissent jeter par leurs enfants des pots de yaourt, des bouteilles en plastique sur le long de la route comme si celle-ci était une décharge et non une voie commune à préserver de la pollution. Ces personnes aux prétentions particulières, vaniteuses et altières, n’ont rien à envier en fait d’éducation et de propreté aux citoyens ordinaires que l’on rencontre sur les plages et les places des marchés.
Le tourisme comme culture…
Avant de discourir sur l’éventuelle incitation au tourisme étranger en Algérie, ne faut-il pas tout d’abord s’occuper du tourisme local et lui enseigner la propreté, les règles du civisme, de politesse et du bon accueil ? Avant d’être une forme de loisir, de divertissement ou d’escapade, le tourisme est avant tout une culture, un goût et un plaisir de rencontre et de découverte de l’autre, mais aussi un moyen d’échapper momentanément à la monotonie et à la routine sociale et professionnelle. Or, le tourisme en ce sens n’existe pas en Algérie ; il n’existe que sous la forme «sauvage» dont je viens de décrire les traits les plus pertinents. Un pays qui ne peut pas assurer à ses propres citoyens un tourisme de qualité (propreté, bon accueil, confort et prix adapté à toutes les bourses…) ne saurait prétendre faire venir des touristes étrangers chez lui.
Le plus intelligent serait de rendre le tourisme local plus attrayant, après avoir réuni toutes les conditions nécessaires de propreté et d’accueil, d’en faire un objet ludique à la portée de tous, avant de songer à attirer le tourisme étranger qui rechigne à venir chez nous, non pas pour des raisons d’insécurité, mais pour des raisons qui tiennent plus justement à la triste réputation qu’a notre pays d’être foncièrement anti-touristique, peu propre et peu accueillant en ce domaine. Certes, le pétrole a longtemps constitué et constitue encore un motif puissant pour rendre le tourisme et l’argent qu’il pourrait apporter aux caisses de l’Etat un objet d’activité économique secondaire. Mais cela ne justifie plus désormais l’immobilisme persistant dans ce secteur, dès lors que le pays se prétend prêt à entrer de plain-pied dans l’économie de marché…
* Photo de Lyès H. : De très beaux lieux de villégiature à préserver
le Dr Ahmed Rouadjia
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Posté Le : 09/08/2011
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par le Dr Ahmed Rouadjia
Source : El Watan.com du mardi 9 août 2011