Algérie

Accord minimum entre l'Algérie et l'Union européenne



Les résultats du Conseil d'association Algérie-UE du 15 juin dernier ont été conformes aux attentes. Pour l'essentiel un accord de principe sur une révision à la baisse du calendrier de mise en Å“uvre du démantèlement tarifaire prévu par l'Accord d'association négocié et conclu au pas de charge en 2002.

Grâce aux propositions qu'elle s'est engagée à faire «très rapidement», selon M. Medelci, l'Algérie va donc gagner un peu de temps et réduire également le manque à gagner pour le Trésor public qui résulte de la baisse des droits de douanes sur les produits importés de l'UE. On est loin de la «renégociation» spectaculaire que les déclarations de certains responsables algériens pouvaient laisser prévoir. Pour faire bonne mesure et sans doute aussi bonne figure, le ministre des AE qui dirigeait la délégation algérienne, a rappelé ce qui est devenu un leitmotiv de la position algérienne : «Mon pays en signant l'accord d'association voulait développer une coopération globale qui couvrirait tous ses volets : politique, économique et commercial, culturel, social et humain. Or, nous relevons clairement que le volet commercial a reçu une attention particulière par rapport aux autres».

 M. Medelci n'a pas manqué non plus de souligner que «les flux d'investissement européens en Algérie sont en deçà de nos attentes, en particulier ceux destinés à promouvoir la diversification de son économie et de ses exportations». Un accord minimal aussi bien que des déclarations de principe qui cachent mal l'embarras qui est aujourd'hui celui des deux parties.

Un accord plus coûteux que prévu

Côté algérien, on s'aperçoit qu'à la suite du gonflement accéléré des importations au cours des dernières années (38 milliards de dollars en 2008 et 2009 contre 11 à 12 milliards au début de la décennie) la baisse des tarifs douaniers contenue dans l'Accord d'association coûte beaucoup plus cher que prévu au Trésor algérien. Déjà près de 2,5 milliards de dollars de pertes de recettes douanières cumulées entre 2005 et 2009 et certainement plus de 8 milliards en 2017 au train où vont les choses. Un haut fonctionnaire algérien, ancien directeur du commerce extérieur, nous confie : «On n'avait pas anticipé une telle explosion des importations algériennes qui sont imputables pour l'essentiel aux plans de relance décidés depuis 2002. C'est une situation qui crée un déséquilibre entre les profits et les pertes de recettes consécutives à l'application de l'Accord». D'où la disponibilité et la souplesse affichée par les fonctionnaires de Bruxelles pour «mieux adapter l'accord aux réalités et aux potentialités de la relation économique entre l'Algérie et l'UE». Par ailleurs, les orientations récentes du gouvernement algérien en matière d'encadrement de l'investissement étranger sont à l'origine d'une panne des IDE déjà sensible en 2009 mais qui devrait se manifester surtout à partir de 2010 en empêchant le pays d'exploiter les potentialités ouvertes dans ce domaine par l'Accord conclu avec l'UE. Ajoutons que les financements institutionnels disponibles dans le cadre des programmes MEDA ont été fortement sous-utilisés pendant toute la décennie écoulée et on comprendra l'embarras actuel voire le dilemme des autorités algériennes tiraillées entre les conséquences de la logique de franche ouverture au partenariat qui était celle de 2001 et la démarche pragmatique et de repli sur soi inaugurée voici 18 mois par le gouvernement de M. Ouyahia.

Un Forum des investissements avant la fin de l'année

Côté européen, on est tout aussi embarrassé. Les rapports d'experts établis à l'occasion de la préparation du Conseil d'association constatent une augmentation sensible des flux commerciaux estimée à plus de 80% entre 2005 et 2008. On relève aussi les faiblesses de la coopération institutionnelle. Les financements mobilisés dans le cadre des programmes MEDA sont jugés «insuffisants» et courant le risque d'une dispersion en raison du nombre important des projets. On s'inquiète surtout des difficultés qui s'annoncent pour mobiliser les investisseurs privés dans le cadre de la nouvelle réglementation algérienne. Les experts européens recommandent que «la situation du climat des affaires en Algérie soit discutée avec les opérateurs économiques des deux parties et que des solutions soient trouvées pour permettre aux investisseurs étrangers de se rassurer sur l'environnement des affaires en Algérie».

 Ce sera l'objet du Forum des investissements proposé par Bruxelles pour démontrer sa bonne volonté .Un Forum qui pourrait se tenir à Alger d'ici la fin de l'année. Reste un problème qui devrait interpeller les responsables politiques, et pas seulement eux, des deux côtés de la Méditerranée. Il s'agit de celui que pose une perception aujourd'hui globalement négative dans les médias comme dans l'opinion nationale d'une coopération dont les objectifs fondamentaux sont d'organiser la synergie des intérêts et de rapprocher les peuples.




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