Négocié durant sept ans ( !), l'accord d'association Union
européenne-Algérie, d'une validité de cinq ans, a été signé en septembre 2005.
Il est sur le point d'expirer et les deux parties se réunissent mardi
prochain au Luxembourg pour en renégocier certains aspects. Les changements
économiques enregistrés ces dix dernières années figurent parmi les arguments
qu'entend faire valoir l'Algérie. Ce round de négociations se présente bien,
laisse-t-on entendre du côté algérien où se dégage une atmosphère de sérénité.
Tout en réitérant le caractère stratégique de l'accord d'association avec
l'Union européenne (UE), on s'est préparé à défendre la position algérienne
d'autant que «depuis une décennie, la situation nationale a changé».
«L'Algérie se propose de demander l'adaptation du calendrier et des
listes des produits concernés par le démantèlement tarifaire afin de répondre
aux ambitions de développement et de modernisation de l'industrie algérienne»,
a indiqué, hier à Bruxelles, à Algérie Presse Service (APS), une source proche
de la délégation algérienne à la veille du Conseil d'association qui se réunit
mardi prochain au Luxembourg. La même source a indiqué que cette approche
s'appuie sur «le fait que, depuis 2002, l'Algérie et l'économie algérienne ont
changé». Elle considère «qu'il y a nécessité d'adapter un certain nombre de
programmes qui sont inscrits dans le cadre de cet accord».
L'Algérie n'est pas qu'un marché
Matériellement, les pouvoirs
publics et les opérateurs économiques locaux ont eu à pâtir du démantèlement
tarifaire. A plusieurs reprises, on a pu constater que leur «coût pèse
lourdement sur les recettes budgétaires de l'Algérie» et «n'encourage pas,
également, la création et le développement de certaines industries locales
naissantes ou en développement». La même source a souligné à l'Agence nationale
de presse que l'Algérie a ‘'de nouvelles exigences» et «des ambitions» pour
«son économie».
En substance, on rappellera que
ces changements résultent de la loi de finances complémentaire (LFC) 2009, de
la nouvelle stratégie industrielle en cours de mise en Å“uvre et du Plan
quinquennal 2010-2014.
«Le gouvernement algérien a pris
des mesures de régulation du commerce extérieur destinées essentiellement à
encadrer cette activité dans le sens d'une plus grande transparence des flux
financiers, de la lutte contre la contrefaçon et la fraude fiscale, et a
engagé, en parallèle, des actions pour promouvoir les exportations hors
hydrocarbures», a souligné la même source, faisant allusion aux dispositions de
la LFC de 2009.
Il reste qu'il faudra convaincre
les interlocuteurs européens du bien-fondé de la démarche et de l'argumentaire
algériens. De ce côté de la Méditerranée, on considère que ces mesures ont un
souci majeur, celui de la rigueur et de la défense des intérêts nationaux. Sur
le Vieux Continent, sérieusement secoué par la crise économique, on devrait
être très sensible à cet argumentaire d'autant que l'Algérie n'échappe pas
complètement aux effets de cette crise. Les Algériens entendent faire
comprendre que l'Algérie n'est pas qu'un marché de consommation, un immense
bazar. On va certainement réitérer aux vis-à-vis européens le constat de la
faiblesse de leurs investissements directs. Alger les attend toujours car ils
sont créateurs de richesses et d'emplois.
Durant ce Conseil d'Association
au Luxembourg, mardi prochain, Algériens et Européens auront donc à plancher
sur le dossier économique, mais également sur le dossier commercial. Sur ce
point, on fait remarquer que «les échanges commerciaux hors hydrocarbures, qui
sont en défaveur de l'Algérie, avec des importations algériennes de l'UE, ont
pratiquement doublé en 3 ans, passant de 10 à 20 milliards de dollars, alors
que les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'UE ont stagné».
«Le dialogue politique se déroule bien»
Equilibrer – au moins – ces échanges, stimuler l'investissement en
Algérie et rattraper les pertes fiscales, c'est grosso modo ce à quoi vont
travailler les négociateurs algériens, en ayant à l'esprit que cet accord doit
contribuer à la mise à niveau de l'économie et non pas contribuer à
l'affaiblir. La tâche des négociateurs algériens sera ardue car du côté
européen, on est convaincu que l'accord qui vient à expiration est
«asymétrique» et «au détriment de l'Union européenne».
C'est en tout cas ce
qu'exprimait, début 2010 à Alger, Laura Baeza, ambassadeur et chef de la
délégation de l'UE à Alger et rien n'indique qu'elle a changé d'avis.
On s'attend à ce que la partie
européenne évoque des sujets politiques dont le volet des droits de l'homme et
des libertés en général. Côté algérien, citant une source proche de la
délégation algérienne, Algérie Presse Service indique que le dialogue politique
«se déroule bien» et qu' «il n'y a pas de gros problèmes». «L'Algérie est
devenu un pays avec lequel on discute de questions politiques en ce qui
concerne l'Afrique, le Sahel et le Moyen-Orient et une multitude de questions
internationales», a souligné cette même source, soutenant que «le dialogue politique
se déroule à la satisfaction mutuelle».
D'après elle, «l'évolution
interne de l'Algérie, caractérisée par la stabilité politique depuis ces dix
dernières années», fait qu'»elle est devenue un pays écouté et que ses
positions sont prises en compte». Sur ce plan politique, les deux parties ont
décidé de discuter des droits de l'homme et de la lutte contre le terrorisme au
sein d'un «sous-comité spécifique», souligne cette source tout en précisant que
c'est «en réponse non seulement à la sensibilité de la question, mais aussi en
réponse à l'intérêt aussi bien de l'UE que de l'Algérie de discuter dans le
cadre d'un comité structuré».
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Posté Le : 13/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Oualid Ammar
Source : www.lequotidien-oran.com