Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a, à travers une instruction, interdit aux professeurs ou aux chercheurs universitaires de participer à des appels à projets internationaux sans passer par la tutelle. Il leur a interdit surtout le transfert de données sensibles à des partenaires étrangers sans avoir l'approbation du ministère.Le département de Chems Eddine Chitour a adressé une note aux responsables des établissements universitaires sous le numéro 730, indiquant que « certains chercheurs ou professeurs participent directement aux appels à projets internationaux ou transfèrent parfois des données sensibles à des partenaires étrangers sans être désireux d'obtenir l'accord préalable du responsable de l'établissement ou même l'approbation du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique».
Et de mentionner dans ladite note que «toute participation à des appels à projets internationaux et à des transferts de données à des partenaires étrangers, que ce soit dans le cadre d'initiatives privées ou de projets de coopération ou dans des programmes ou réseaux internationaux, relève du domaine de compétence du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et du ministère des Affaires étrangères, ce qui ne peut se faire qu'après approbation de la tutelle».
La tutelle a même demandé aux recteurs d'universités d'inviter les professeurs et chercheurs de l'enseignement supérieur à éviter toute communication ou contact avec des organisations estrangères, en dehors des cadres de coopération et sans coordination avec les deux ministères, à savoir les ministères de l'Enseignement supérieur et des Affaires étrangères.
Pour Abdelmalek Azzi, coordinateur national du Conseil national de l'enseignement supérieur (CNES), la démarche qui vise à mettre de l'ordre dans le domaine de la recherche notamment à l'international est «logique et juste», affirme-t-il. Et de préciser : « Réellement, il y a certaines données notamment dans des domaines assez sensibles tels que la pétrochimie, les ressources naturelles et autres dont la diffusion doit obéir à des règles institutionnelles bien définies. Malheureusement, il y a des chercheurs qui travaillent avec des entités scientifiques étrangères avec les moyens de l'université algérienne et sous la coupe du ministère de l'Enseignement supérieur, sans l'aval de la tutelle». « Certains se font même exploiter par des laboratoires étrangers. Ils bénéficient d'un déplacement à l'étranger, mais une fois sur place, ils seront soumis à des règles strictes, en faisant leur recherche dans ces laboratoires du matin au soir».
A.Azzi s'interroge : « Pourquoi attendre tout ce temps pour réagir, alors que tout le monde était au courant de ces pratiques' ». Et de soulever une certaine ambiguïté dans la note envoyée. Il faut savoir qu'il y a des projets de recherches qui sont cofinancés par les autorités algériennes et étrangères, dans le cadre des projets de recherches de la francophonie ou dans le cadre des projets méditerranéens. Justement, il fallait évoquer ces projets, l'accès des chercheurs universitaires aux projets internationaux. Autrement dit, il faut qu'il y ait une transparence totale, à travers la publication des projets internationaux, une transparence sur les concours d'accès à ces projets. Notre interlocuteur ouvre une parenthèse en précisant que «demander aux recteurs de veiller aux dépassements, ceci peut entraîner des contraintes bureaucratiques». Et d'affirmer avec regret : «Certains laboratoires ont tourné le dos à la recherche, il faut les contrôler et exiger à leurs gestionnaires d'émettre des comptes rendus sur le fonctionnement, ces derniers sont censés être des pôles de recherches». «Vouloir encadrer institutionnellement la recherche à l'international est une bonne chose, mais cela ne devrait pas se faire par une note seulement, mais par un cadre légal qui définit les règles et les responsabilités de l'ensemble des intervenants et avec clarté pour éviter l'amalgame », conclut M. Azzi.
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Posté Le : 23/06/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M Aziza
Source : www.lequotidien-oran.com