Algérie

Abus, passe-droit, opportunisme et individualisme alimentent la haine


Abus, passe-droit, opportunisme et individualisme alimentent la haine
La campagne électorale pour l'élection présidentielle du 17 avril a eu, au moins, un mérite : celui de faire découvrir ou sinon de ne plus pouvoir occulter le phénomène de la violence qui sommeille en chacun des Algériens et, pour chacun, des raisons qui à la limite peuvent être légitimes, majoritairement non justifiées et enfin sous l'une ou l'autre forme éloignées de toute attitude rationnelle.Jusque-là, tous les acteurs de la société contribuaient dans une démarcheconsensuelle hypocrite à faire croire que la violence de manière générale n'est pas importante et/ou circonscrite et que celle urbaine ne se limite qu'à des sorties sporadiques de petites frappes, «des brebis égarées manipulées par des individus malintentionnés et qui n'ont rien à voir avec les valeurs ancestrales de la société algérienne...», si ce n'est pas la main de l'étranger..., mais seulement quand l'instabilité ou sinon les mouvements de foule prennent une ampleur débordante. Les services de police, de gendarmerie ont leurs statistiques régulières. Celles-ci ont la particularité d'être aux réalités vécues quotidiennement par les populations ce qu'est la plume d'un scribe de l'Egypte ancienne au micro-ordinateur dernière génération.Dans la wilaya de Constantine, deux villes satellites ont été réalisées depuis une quinzaine d'années en l'occurrence Ali-Mendjeli et Massinissa. La première est un volcan plus souvent éruptif que dormant, quant à la deuxième c'estlittéralement un havre de paix.Les habitants des deux nouvelles villes viennent, dans le cadre d'opérationsmassives de relogement, de Constantine. Où se situe la différence sinon où niche la nuance ' La nouvelle ville Ali-Mendjeli a été rapidement et surtout inconsciemment ghettoïsée avec le relogement de milliers de familles issues de quartiers, si tant est que des méga-bidonvilles peuvent être considérés en tant que tels parce que socialement anachroniques et déstructurés par rapport à la notion théorique qui peut être faite d'un pan de la société. En somme une population dans sa quasi globalité, passez-nous l'expression, à la marge dans une autre relativement normale et ce qui est en train de se passer ailleurs pour ne pas dire Ghardaïa, Béjaïa, Tizi Ouzou, Batna, Khenchela, Oum El Bouaghi, mais pour des raisons qui ont l'avantage d'avoir une explication en l'occurrence l'affirmation et/ou la préservation d'une identité, l'est pour d'autres (raisons) qui n'ont rien à voir avec un besoin de reconnaissance de soi et qui pourtant aussi maladroite soit la démarche peut être interprétée de la même manière.Les repères identitaires des réfractaires «naturels» de la nouvelle villeAli-Mendjeli ayant toute la latitude d'invoquer le déracinement, le déni d'un repère essentiel dans leur vécu : un territoire, un peuple...le seul qu'ils ont connu depuis leur naissance, un habitat extensible à souhait, des espacesbucoliques pour évacuer toute forme de spleen. Or, se retrouver soudainement dans un immeuble hideux au milieu de la rocaille, parfois si ce n'est toujours sans électricité, sans eau, sans moyen de transport, sans ce lieu convivial qu'est un café, un terrain de football, un arbre auquel s'adosser, une part d'ombre, des voisins nouveaux, ne peut que faire de tout individu réputé normalement constitué un agité. Ce concours de circonstances ou de conditions «propices» inconsciemment créé par les pouvoirs publics et consciemment non appréhendé qui n'est d'ailleurs pas commun à la seule wilaya de Constantine met en place une dimension multiforme du mécontentement graduellement transformé en violence morale, verbale, physique susceptibles de partir en vrille à n'importe quel moment pour peu que ce bouillonnement trouve un déclencheur. Ce qui ne manque évidemment pas : un mauvais résultat de l'équipe locale de football, une s?ur, un frère importuné dans la rue, un agent de l'ordre dont l'intervention a été mal interprétée, une coupure dans la desserte d'eau potable en plus, bien entendu, du gros problème de la gestion des parkings dans les cités-dortoirs.Ce qui ramène à la question du territoire qui fait se dresser les uns contre les autres dans des conflits homériques les jeunes de plusieurs cités à la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Néanmoins, si la violence qui fait peur ou inquiète est celle physique rapportée quotidiennement par les médias, il y a également d'autres formes de violence comme celle politique, la corruption, l'abus de pouvoir, les passe-droits, le népotisme comme il y a tout aussi d'autres violences qui sont tues parce que malgré leur... violence, elles restent taboues : les viols, les agressions sexuelles sur mineur (es), la pédophilie tous azimuts, les femmes battues, voire les hommes battus, l'inceste etc. Paradoxalement des délits dont mêmes les services de police n'en parlent pas... extraordinaire exercice de politique de l'autruche. Dans tout cela l'essor social de la société algérienne par rapport aux valeurs morales, aux traditions ancestrales, à la religion, aux mécanismes de la cellule familiale s'est vraisemblablement fait dans une forme de décalage qui a privilégié la société de consommation au détriment de celle sociale et faisant passer l'intérêtindividuel au dessus de l'intérêt général.Alors qu'il s'agisse du parler de tous les jours, du genre de musique, de la manière de s'habiller, de conduire, de regarder les gens, de voyager, de manger, tout ne se fait plus dans les normes, l'agressivité ponctue tout geste de l'Algérie, tout rapport avec autrui procède d'une attitude violente inavouée et dans le meilleur des cas de la méfiance. Laquelle méfiance est l'antichambre de ladite violence. La solution à cette crise ne peut être forcément humaine, morale, loin de tout traitement répressif sans pour autant que la permissivité ou le laxisme s'érigent en droit de cité. Une solution qui est bien loin d'être facile et pour cause les dégâts incommensurables causés à la société durant ces trente dernières années. En somme, il faudrait engager une véritable révolution pour inverser la tendance. Ce qui est tellement peu probable en ce sens que ceux qui peuvent engager un tel défi ne semblent pas exister ici et maintenant. A. L.


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