Le Nigeria est en
train de réévaluer la viabilité économique du projet de Transaharian
gas pipeline (TSGP), un méga-tuyau
de 4200 km
devant acheminer le gaz des champs du delta du Niger au marché européen via le
Niger et l'Algérie. La viabilité du TSGP, une idée «politique» du Nepad née en 2002, semblait avérée et suscitait l'intérêt
de l'Europe. La chute des prix du gaz et la perte d'attrait pour les contrats
gaziers à long terme poussent à la prudence.
La dernière
évocation publique du projet de Transaharian gas pipeline (TSGP) par un responsable algérien remonte à
novembre 2011 et elle s'était faite sur le mode laconique. Le ministre algérien
de l'Energie, Youcef Yousfi,
avait indiqué, sans donner de détails qu'une réunion devait avoir lieu entre Sonatrach et la compagnie pétrolière nigériane NNPC pour
examiner les moyens de faire évoluer ce projet. Un message à tonalité plutôt
pessimiste qui vient d'être conforté par les autorités nigérianes qui
s'inquiètent de la viabilité économique de l'investissement. David Ige, directeur exécutif pour le gaz et l'électricité à la Nigerian
National Petroleum Corp (NNPC), a souligné que le «marché mondial a changé».
«Nous construirons un trans-nigerian de toute façon
et nous le ferons dans la perspective de poursuivre le transsaharien si le
marché le permet». Pour rappel, le projet de TSGP avait été relancé en juillet
2009 à travers un accord intergouvernemental entre l'Algérie, le Nigeria et le
Niger, signé à Abuja. Selon des estimations réévaluées à la hausse,
l'investissement devrait coûter au moins 12 milliards de dollars. D'une
longueur de 4128
kilomètres - 1037 au Nigeria, 841 Niger et 2250 en
Algérie -, le TSGP doit relier à travers le Niger, les champs gaziers du
Nigeria au terminal de Béni Saf en passant par Hassi R'mel.
LES CONTRATS A LONG TERME N'ONT PLUS LA COTE
L'idée de départ
était d'adosser l'investissement à des contrats de livraison de 15 ans… sauf
que ce type de contrat n'a plus la cote. Un an après la conclusion de l'accord
entre le Nigeria, le Niger et l'Algérie, le prix du gaz a baissé de 21% aux
Etats-Unis. En 2011, la chute des prix a été encore plus prononcée et a atteint
32%. En fait, la tendance à la baisse s'installe durablement sur le marché
nord-américain, effet de la surabondance de l'offre liée à l'amélioration des
techniques de forage dans l'industrie du gaz de schiste dans l'est des
Etats-Unis. Le Nigeria doit construire plus de 1000 km de gazoduc du
sud-est du pays vers Kano au nord. Cela ne sera pas achevé avant 2015 et
surtout le gouvernement nigérian est à la recherche d'investisseurs. Le projet
est très coûteux et le gouvernement est sous pression, explique David Ige. «Le gouvernement ne dit pas qu'il ne financera pas,
mais il ne peut pas le financer tout seul». D'où la recherche de nouveaux
investisseurs pour valoriser les ressources gazières. En 2010, l'ambassadeur
d'Algérie à New Delhi avait ouvertement appelé à une implication des
entreprises indiennes dans le projet de gazoduc transsaharien. «Nous avons
besoin de plus de partenaires étrangers hors d'Europe pour ce projet de plus de
4000 km
de long» a indiqué l'ambassadeur d'Algérie en Inde, M. Mohammed Hacene Echarif. Sans grand écho à
l'évidence.
L'OPTIMISME DE
KHELIL RECADRE PAR LE MARCHE
Selon les propos
de M. Ige, la compagnie nigériane NNPC se donne deux
mois pour vérifier que ses projections de financements sont correctes et elle
travaille en ce sens avec la
Commission de régulation de l'électricité des pays de l'Ouest
africain. Le Nigeria envisage d'emprunter près de 8 milliards de dollars y
compris auprès de la Banque
mondiale, la Banque
Islamique de développement et l'Eximbank
chinoise pour financer des projets de gazoducs et d'oléoducs. Le gouvernement
veut changer d'approche. Le gaz a été, jusqu'à présent et en général, une
dimension collatérale des explorations pétrolières. Le Nigeria veut inciter les
entreprises à explorer spécifiquement le gaz et à le découpler de l'exploration
pétrolière. Il s'agit d'attirer d'autres entreprises que les majors qui sont
très centrées sur le pétrole. Les responsables nigérians font preuve désormais
de retenue en raison d'un changement de contexte. En 2006, une étude
britannique avait conclu à la profitabilité commerciale du projet tandis que
l'ancien ministre algérien de l'Energie, Chakib Khelil, estimait que le financement du projet de TSGP
«n'était pas un problème». Un optimisme que le marché oblige, au moins, à
réévaluer.
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Posté Le : 28/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Oussama Nadjb
Source : www.lequotidien-oran.com