Algérie

Aboudjerra Soltani au Quotidien d?Oran L'heure des choix



Aboudjerra Soltani, président du MSP qui joue son poste en mars prochain à l?occasion du IVème Congrès ordinaire de son parti, est revenu dans cet entretien qu?il nous a accordé sur les motifs qui le tiennent à l?écart de ses alliés de la coalition, s?agissant du troisième mandat de Bouteflika et de la révision de la Constitution. Le Quotidien d?Oran: Le SG du RND Ahmed Ouyahia a annoncé jeudi dernier son soutien à un troisième mandat du président de la République, il s?aligne ainsi sur la position du SG du FLN Abdelaziz Belkhadem. Il ne reste que vous, en tant que partie prenante dans l?Alliance présidentielle, qui manquez à l?appel. Vous donnez l?impression de ne pas adhérer à la démarche de vos alliés. Est-ce le cas ?Aboudjerra Soltani : Nous ne sommes pas contre la démarche mais au MSP, c?est le Madjliss Echourra qui décide. Nous avons débattu de la politique générale y compris la question de la révision de la Constitution au sein de nos structures. S?il y a un avant-projet de texte, qu?on nous le soumette et on en discutera mais dans le cas présent, nous n?avons qu?un texte virtuel et rien qui puisse inciter au débat ou à un positionnement de notre part.Q. O.: Vous savez que l?objectif n?est pas l?amendement de la Constitution en lui-même mais plutôt ne pas limiter le nombre de mandats présidentiels et permettre au président de briguer un troisième mandat en 2009. Etes-vous contre le fait qu?il soit réélu ?A. S.: Ceux qui pensent que je suis contre un troisième mandat du Président Bouteflika connaissent mal le fonctionnement de notre parti. Je suis certes le président du parti mais je ne décide pas en dehors des institutions. Si j?ai une proposition à émettre, je le fais à l?intérieur des institutions du parti, soit elle est approuvée soit elle est rejetée. Le troisième mandat est lié à l?article 174 du texte fondamental qui stipule que le président a la prérogative de proposer la révision de la Constitution. L?article 177 stipule que les 3/4 du Parlement avec ses deux Chambres sont convoqués pour l?avaliser avant de la soumettre à référendum. Mais ce qu?on est en train de faire, c?est mettre la charrue avant les boeufs !Q. O.: Des voix appellent le Président Bouteflika à se présenter en 2009. Nous sommes pratiquement dans le même contexte que 2003. Pourquoi vous hésitez alors que vous l?avez soutenu à cette époque. Qu?est-ce qui a changé pour vous. Est-ce vos relations qu?on dit tendues avec le chef de l?Etat ?A. S.: En 2003, la question de la révision de la Constitution ne se posait pas puisqu?elle autorisait deux mandats. A l?époque, nous avons mis cinq options sur la table des discussions: Soutenir Bouteflika, soutenir un candidat de l?opposition, soutenir un candidat de la mouvance islamique, présenter notre propre candidat ou alors jouer au spectateur et rester neutre. Nous avons débattu de ces cinq options et nous avons décidé de prendre partie pour Bouteflika. Par la suite, nous avons longuement discuté de la meilleure façon de concrétiser ce soutien. Nous étions dans une coalition en 1999 et le 15 février 2004 est née l?Alliance présidentielle. Aujourd?hui, pour nous le contexte est différent. On veut ouvrir une porte sur les mandats présidentiels. La même question de soutien est de nouveau mise sur la table. En ce qui nous concerne, une fois que l?amendement est effectif, nous devrions au sein du Madjliss reparler des cinq options que j?ai évoquées. Nous devrions alors décider soit poursuivre l?Alliance soit changer d?orientation.Q. O.: Est-il possible pour le MSP de changer d?orientation et de quitter l?Alliance présidentielle ?A. S.: Je ne peux pas répondre à cette question mais elle reste envisageable. Et encore une fois c?est le Madjliss qui décidera. En 2004, cette institution a ouvert une session pendant 23 jours, durant lesquels, nous nous sommes concertés. Nous avons même contacté d?anciens présidents de la République. Nous avons alors opté pour le soutien de Bouteflika.Q. O.: Quels sont ces présidents que vous avez contactés ?A. S.: Chadli, Zeroual et Ben Bella...Q. O.: Ils vous ont conseillés de soutenir Bouteflika ?A. S.: Ce qui nous intéressait, c?était la concertation. Nous ne prenons pas nos décisions à la légère. Nous faisons en sorte d?engager un débat serein et sans tenir compte de l?agitation ambiante.Q. O.: Si on comprend bien, vous n?êtes pas contre la révision de la Constitution sauf que vous y mettez des garde-fous. Vous parlez de dispositions à ne pas toucher dans le texte fondamental. Quelles sont-elles ?A. S.: Elles sont contenues dans le texte. Les constantes : l?Islam, les langues arabes et amazigh, l?intégrité nationale et les libertés individuelles et collectives.Q. O.: Pourquoi, vous vous sentez obligés de vous poser en défenseur des constantes alors qu?il est impensable qu?on y touche à moins que vous n?ayez eu vent d?un quelconque changement à ce niveau ?A. S.: Je ne suis pas dans le secret mais toujours est-il qu?il faut le rappeler. Les constantes doivent demeurer en tant que telles.Q. O.: Le FLN a soumis un projet de révision de la Constitution au président de la République. Avez-vous eu une copie de ce texte ?A. S.: Nous n?acceptons pas de Constitution émanant d?un parti politique. La Constitution doit émaner du premier magistrat du pays. C?est lui seul qui en a la prérogative. Il y a neuf partis au sein de l?APN, si tous ces partis s?amusaient à proposer un texte fondamental, on ne sortirait pas de l?auberge.Q. O.: Pourquoi ne pas l?avoir fait dans le cadre de l?Alliance présidentielle ?A. S.: Nous n?avons pas le droit de le faire, nous sommes des partis politiques.Q. O.: Belkhadem dit le contraire...A. S.: La loi est claire à ce sujet.Q. O.: Existe-t-il un texte élaboré par le président de la République ?A. S.: Nous avons effectivement entendu parler de ce texte mais nous n?avons pas de copie. Notre souhait et qu?il contienne beaucoup d?amendements allant dans le sens des réformes. La démocratie en Algérie est née dans le sang avec les événements du 5 octobre 1988. Il y a eu tout un parcours depuis, et aujourd?hui, on veut que cette démocratie soit consolidée et que les libertés individuelles et collectives soient renforcées.Q. O.: Vous tiendrez aujourd?hui (mercredi, ndlr) un sommet de l?Alliance présidentielle. Il est question, selon Ouyahia, d?une déclaration commune de soutien au président de la République pour un troisième mandat. Allez-vous la signer ?A. S.: Je ne pense pas que je la signerai. Si c?est une déclaration commune de l?Alliance, je ne pourrai pas la signer. Je serais obligé de demander la levée de la séance et de convoquer le Madjliss Echourra dans les 72 heures qui suivent.Q. O.: Mais vous dites que votre parti ne pourra pas se positionner avant d?avoir une copie du projet de révision de la Constitution ?A. S.: Effectivement !Q. O.: On reproche à l?Alliance présidentielle de servir de tremplin à des postes au sein du gouvernement et que ce trio de parti n?a rien réalisé de concret. Qu?avez-vous à dire ?A. S.: Je ne suis pas d?accord avec cette critique. La stabilité du pays en est un résultat patent.Q. O.: Ce n?est pas l?Alliance qui a contribué à la stabilité du pays, c?est l?ensemble des institutions, des patriotes et des corps constitués.A. S.: Oui mais l?Alliance a joué un grand rôle en portant à bras le corps le projet de réconciliation nationale du Président Bouteflika. Il a permis le retour de la paix, la dissipation des rancoeurs et le rétablissement du droit et de l?ordre.Q. O.: Le processus de paix a commencé, avec la main tendue de Zeroual.A. S.: On ne nie pas le travail des prédécesseurs de Bouteflika mais nous devons mesurer l?efficacité du projet de réconciliation nationale sur le terrain. Il faut faire le bilan de ce que nous avons gagné à travers ce projet. Le terrorisme a reculé et les gens sont convaincus par la lutte contre le terrorisme et par sa condamnation. Nous ne sommes pas en reste du monde.Les attentats aussi se produisent dans des pays stables. Je ne citerai que la France ou encore les Etats- Unis. Pour revenir à l?Alliance présidentielle, je réfute catégoriquement les allégations selon lesquelles notre mission se résume à nous partager les portefeuilles ministériels. Lors de nos réunions, nos discussions portent sur l?application des neufs objectifs de notre plateforme.Q. O.: Justement parlons de cette plateforme, certains pensent que vous n?avez pas atteint vos objectifs. On parle même d?échec. Quel commentaire faites-vous ?A. S.: Je crois que nous avons échoué à l?appliquer sur le terrain, au niveau de la base. L?Alliance est restée cantonnée au sommet mais nous espérons arriver à la descendre aux structures horizontales. Comment ? La plupart des APC souffrent de blocage et il se trouve que ces APC sont entre les mains des partis de l?Alliance. S?il y a collaboration entre nos élus, nous arriverons à bout de ce blocage.Q. O.: Est-ce que cela sous-entend que vous allez demeurer au sein de l?Alliance présidentielle ?A. S.: Non ! Pas forcément ! Les APC sont élues pour cinq ans mais nous ne sommes pas tenus d?être toujours au sein de l?Alliance.Q. O.: Vous avez dit qu?au MSP, nous ne sommes pas des suiveurs. Est-ce une remontrance dirigée contre vos alliés ?A. S.: C?est plus une mise au point par rapport à un certain comportement. Nous avons toujours dit que l?Alliance n?est pas un parti politique et que chacun des alliés qui prend une décision qui n?est pas conforme à la plateforme de notreentité, il l?assume en tant que parti indépendamment du triumvirat.Q. O.: On estime que l?Alliance présidentielle est plus préoccupée par les rendez-vous électoraux que par l?application du programme du président. Les délais de réalisation du million de logement et des grandes infrastructures sont largement dépassés sans oublier les deux millions d?emplois qui restent un voeu pieux. Que répondez-vous ?A. S.: Ce qu?il faut retenir est que les projets ont été amorcés et les moyens financiers ont été dégagés à cet effet. Cependant, il faut reconnaître qu?effectivement la faiblesse ou la lenteur réside dans l?exécution. Concernant le million de logement 600 000 unités ont été réalisées, 250 000 sont en cours de réalisation, le reste le sera à la fin de 2009. Quant à l?achèvement des infrastructures à savoir, l?autoroute Est-Ouest, tout comme les rails, il suit son cours. Le plus important reste le remboursement de la dette extérieure par anticipation. Des 27 milliards de dollars, il ne reste que 4 milliards à payer. C?est grandiose !Q. O.: Ce n?est encore une fois pas grâce à la coalition ni à une quelconque redynamisation du secteur productif national mais à l?excédent des recettes pétrolières. Qu?en est-il des emplois ?A. S.: J?ai été ministre du travail et je peux vous dire que nous avons fait d?énormes progrès. L?Office national des statistiques en 1999 indiquait un taux de chômage de 27,4 %. En neuf ans, il a baissé pour atteindre actuellement 11,4%. Ceci dit pour vous dire que le bilan du programme de Bouteflika sera présenté en septembre prochain.Q. O.: L?éventualité d?une alliance islamique est remise au goût du jour avec la fameuse ligue islamique. Etes-vous partie prenante dans cette alliance ?A. S.: Nous nous sommes rencontrés publiquement avec des partis islamiques tels El Islah et Ennahda pour discuter et débattre de sujets politiques qui nous intéressent en tant que partis et surtout s?agissant du recul de notre mouvance.


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