Algérie - Revue de Presse

Abou Bassel attend que sa maison soit reconstruite



Abou Bassel est l'un de ces plus de 100 000 travailleurs palestiniens de la Bande de Ghaza qui, depuis plusieurs années, ne peuvent rejoindre leurs postes à l'intérieur de l'Etat hébreu.

A 50 ans, ce père de huit enfants, qui dit n'avoir aucune attache partisane, est une victime innocente de la guerre sanglante et destructrice menée par Israël, l'hiver dernier. Alors qu'il gagnait bien sa vie, il lui est aujourd'hui difficile, pour ne pas dire impossible, de subvenir aux besoins de son foyer. Il n'a pas perdu, comme d'autres, un être cher. A l'image de milliers de citoyens, il a perdu sa maison qu'il a bâtie pierre par pierre, comme il nous l'a confié, lorsque son travail dans les champs, en Israël, lui procurait un revenu que de nombreux diplômés lui enviaient. Il habitait dans le quartier de Touam, la porte vers le nord de la bande de Ghaza, la plus touchée lors de l'invasion israélienne qui a duré vingt-deux jours. Abou Bassel avait décidé de quitter son domicile qui lui était si cher au 15e jour de la guerre.« Je ne pouvais plus rester. Je devais choisir entre la maison, pour laquelle j'ai beaucoup souffert, et la sécurité de ma femme et de mes enfants. Les Israéliens s'approchaient chaque jour davantage et frappaient de plus en plus férocement. Lorsque j'ai vu tous mes voisins partir, j'ai vraiment eu peur pour ma famille. » Profitant d'une trêve qu'accordait l'aviation israélienne entre 13h et 15h, Abou Bassel et sa famille ont rejoint la maison du père d'Abou Bassel, 75 ans, dans le camp de réfugiés de Jabalia. « La maison familiale est exiguë. Mon jeune frère, père de quatre enfants, y est installé avec mes parents. Au total, nous étions 18 personnes à nous entasser dans deux chambres. Mais là aussi, nous n'étions pas à l'abri. Les bombardements faisaient rage autour de nous. Plus de six maisons de militants du Hamas ont été bombardées par l'aviation israélienne », poursuit-il.Avec sa femme, il décide alors de se réfugier dans l'une des écoles de l'Unrwa, l'agence onusienne d'aide aux réfugiés. « Nous sommes sortis de chez nous sans pouvoir emporter grand-chose. Je n'ai vu les décombres de ma maison que le lendemain de la déclaration de la cessation des hostilités par Israël. Je n'en croyais pas mes yeux. Je me demandais pourquoi ils avaient bombardé ma maison. Je ne suis ni résistant ni militant au sein d'aucune faction palestinienne. Mes enfants aussi sont jeunes et n'ont pas d'activité partisane. Mais j'ai remercié Dieu de nous avoir permis de partir de la maison. Les frères El Ashkar, nos voisins, dont la maison est distante de quelques dizaines de mètres, avaient refusé de quitter les lieux. Les trois ont été tués par un avion espion alors qu'ils tentaient de secourir un résistant blessé. Il paraît que leurs corps ont été déchiquetés et leur chair éparpillée sur une grande surface. »Abou Bassel travaille aujourd'hui comme concierge dans l'un des immeubles du quartier Ennasser, à Ghaza. Il touche 1000 shekels, environ 250 dollars américains. Il a loué une petite maison dans le camp de Jabalia pour 150 dollars environ. Ce qui reste de son salaire mensuel lui suffit pour quelques jours à peine. Abou Bassel, qui n'est pas du tout abattu, comme on pourrait l'imaginer, survit avec sa famille grâce à l'aides fournie par l'Unrwa. « J'espère qu'ils rebâtiront nos maisons comme ils nous l'ont promis. Nous avons reçu une première aide financière. 5000 dollars de la part de l'Unrwa pour louer une maison, acheter des meubles et des ustensiles de cuisine. Le Hamas nous a donné 4000 euros et nous a promis que c'était une première tranche sur le chemin de la reconstruction de nos maisons. La mienne m'a coûté plus de 50 000 dollars du temps où il n'y avait pas de blocus. Actuellement, elle pourrait coûter plus de 200 000 dollars, car tous les produits de construction s'achètent au prix du marché noir. Israël ne laisse rien passer. »L'avenir ' Abou Bassel soupire : « Le mouvement Hamas a rebâti plusieurs maisons détruites appartenant à des sympathisants. J'en connais au moins six dans le camp de Jabalia. Quand j'ai vu que l'Unrwa commençait à construire des maisons en argile fortifiée comme le faisaient nos parents et grands-parents lorsqu'ils ont été chassés de leurs foyers et de leurs terres en 1948, j'ai compris que le chemin serait encore long. Je n'accepterai jamais une telle maison' »




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