Algérie

Abordé sous l'angle «site touristique» au conseil exécutif: Des choses à mettre en ordre sur la pénétrante portuaire



Fait saillant sur la scène locale, la pénétrante du port s'est invitée au menu du conseil exécutif. Effet prévu pour quelques-uns, imprévu pour d'autres, bienfaisant pour certains, indésirable pour d'autres, le rush drainé par cette voie ayant effacé un bon bout des frontières ville-mer est un sujet qui divise.

Or, si le bon sens veut qu'on trouve une solution pour concilier la fonction primaire (transport de marchandises) avec la fonction secondaire (station touristique) de cette route, ce même bon sens refuse aussi le manque d'incivisme qui entache ces lieux.

Camions-conteneurs et véhicules touristiques font-ils bon ménage sur la nouvelle liaison Port-Autoroute Est-Ouest via Canastel ? Jusqu'ici, on fait avec. C'est-à-dire qu'on ne touche à rien et qu'on donne libre cours à l'évolution de la situation, le temps d'y voir plus clair. Une sorte de test de simulation en réel. En fait, le problème n'est pas du tout dans la coprésence sur cet axe de trafic automobile d'un grand flux de véhicules de fort tonnage et autres poids lourds généré par les activités du port avec les véhicules légers ou utilitaires. Le gabarit de cette desserte autoroutière, ouvrages d'art compris bien sûr, a été optimisé pour permettre un trafic maximal ouvert à toutes les catégories de véhicules routiers motorisés. Et s'il en fallait une mise au point officielle pour couper court à la spéculation et aux ouï-dire à l'ère des réseaux sociaux, la précision faite à la cérémonie du couper du ruban par le ministre des Travaux publics et des Infrastructures de base et le wali d'Oran n'a pas laissé l'ombre d'un doute quant à l'accès totalement libre à cette nouvelle route littorale.

UNE ÉQUIPE DE RÉFLEXION POUR Y VOIR PLUS CLAIR

« Nous avons été pris au dépourvu par l'incroyable flux de visiteurs qui déferlent sur le site. La pénétrante se découvre une toute nouvelle vocation : une destination touristique par excellence. Peut-être même la plus prisée d'Oran. Si elle est prise d'assaut par un monde fou depuis son ouverture alors qu'en saura-t-il dans un proche avenir lorsque l'espace sera aménagé et mis en valeur ? Il faut faire avec. Bref, il y a vraiment nécessité de mettre en place une équipe de réflexion dans cette perspective », a souligné le wali Saïd Sayoud en guise de préambule au sujet. Le souci, c'est le cas de le dire, s'est posé et se pose toujours depuis la mise en service de cette voie avec le phénomène d'afflux brusque, hyper-important et assez désordonné des automobilistes venus de tous bords pour respirer la brise marine, se rincer l'œil et surtout explorer à pied les parages. Quoi de plus normal que de faire un petit tour dans sa voiture seul, avec les potes ou en famille, par ce nouveau chemin côtier pour faire d'une pierre deux coups : profiter de l'esthétisme, du géométrisme et des effets lumineux et signalétiques d'une route «chef-d'œuvre» qui marche sur l'eau par enrochement sur mer, transperce le rocher par tunneliers, se glisse dans une vallée rocailleuse par viaduc dallé et se noyer ensuite dans un environnement marin autant relaxant qu'inspirant, un espace bleu ouvert et complémentaire à l'infini du ciel, le tout dans une fusion harmonieuse ville-port-mer. Tout compte fait, cette marée humaine sur la pénétrante portuaire est tout à fait normale et en partie explicable par une sensation due à une sorte de levée d'une zone d'interdiction dans la mesure où ce ruban routier a réintégré et rétrocédé ce point de chute naturel de la ville à la ville, effaçant du coup une vieille ligne de démarcation ville-mer immatérielle, sous-jacente mais franchement dissuasive.

UNE MARÉE HUMAINE ET DES EFFETS DE CONTAGION

Or, ce qui est moins normal, ce sont ces nombreux faits d'incivisme marquant les ruées quotidiennes vers ce nouvel havre : non-respect du code de la route, stationnement anarchique, musique à fond, consommation immodérée et ostentatoire de boissons alcoolisées, jet d'ordures sur les bas-côtés et derrière la glissière en béton, franchissement des lignes de sécurité pour aller jusqu'aux zones de danger (non signalées jusqu'ici par des panneaux d'accès interdit), faits portant atteinte à l'ordre public et/ou contraires aux bonnes mœurs… On ne découvre là, toute hypocrisie mise à part, rien de nouveau sur des écarts d'incivilité dans notre société certes et il ne s'agit, ni moins ni plus, que d'un copier/coller de certains fléaux qui trouvent leurs repaires propices dans les routes en balcon clairs-obscurs donnant vue sur mer, à l'image de la rampe du Commandant Ferradj (ex-Capitaine Valès) en contrebas de la promenade de l'Etang ou du front de mer du vieux Canastel. Evidemment, l'incivisme qui contamine la pénétrante portuaire a un coût en termes de charges supplémentaires contraignantes pour les services publics : chaque jour les agents de la DTP et l'ADA se relaient pour nettoyer un long tronçon des 8 km de cette route, encore sous garantie, et mettre en sacs-poubelles des quantités énormes de toutes sortes de déchets : canettes, bouteilles, paquets de cigarettes, sacs en plastique, emballages en papier, serviettes, lingettes, mégots… avant de les évacuer vers le CET. L'encombrement de la circulation dû aux pics de flux de voitures accru par le stationnement massif et désordonné le long de la dernière ligne droite avant l'accès du port, lui aussi, présente une certaine contrainte pour le passage des camions de transport de marchandises.

DES ACTIONS ET DES PERSPECTIVES

A noter aussi, dans la foulée, la persistance sur ce nouvel axe routier du phénomène pour le moins désagréable de la fuite au compte-gouttes des grains de céréales et leur entassement sur l'accotement de la chaussée, causée par des camions à benne ou à remorque en provenance des silos du port. Autant de « petits pépins » qu'il va falloir traiter dès maintenant avant de passer à la réflexion sur les perspectives du site et les actions à entreprendre. L'on sait déjà qu'il est question de certaines opérations à brève échéance d'ordre paysagère et esthétique dont le traitement du talus et du massif rocheux, les cascades artificielles, les jets d'eau, la végétalisation des bordures et le reboisement des espaces dégarnis. Un port de plaisance est également prévu éventuellement sur fonds de l'Etat ou, à défaut, il sera procédé à un appel à manifestation d'intérêt (AMI) dans le cadre d'un projet promotionnel plus global et intégré, selon les éclaircissements du wali. L'hôtel Four Point by Sheraton est également concerné par le processus, du moins au niveau de l'assiette de terrain qui lui est concédée en vue de la réalisation d'une station balnéaire intégrée comprenant un centre de thalassothérapie.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)