« Ce n'est pas facile de s'en remettre»: les quelque 3.000 spectateurs de
la place Ficgayo à Yopougon, un quartier d'Abidjan, ne cachaient pas leur
tristesse et leur colère après l'élimination de la Côte d'Ivoire par l'Algérie
en quart de finale de la CAN-2010.
Venus dès le début de la soirée
des quartiers déshérités, ils avaient envahi cette vaste place du plus grand
quartier de la capitale économique ivoirienne pour suivre, sur un écran géant,
leur équipe et sa constellation de vedettes, qui comptait parmi les grands
favoris de la Coupe d'Afrique des nations.
Après les prolongations et le 3-2
en faveur des Fennecs algériens, le mot «déception» est sur toutes les lèvres.
Quelques larmes. Et l'amertume déborde.
«Voici des jeunes qui jouent dans
les grands clubs et perçoivent de gros salaires, et qui ne sont même pas
capables de ramener une coupe d'Afrique», s'indigne Maxime, la mine défaite,
laissant pendre négligemment son drapeau aux couleurs orange-blanc-vert sur son
épaule.
«Ils jouent dans les meilleurs
clubs européens et ils ne valent rien en sélection», peste Abdul, un mécanicien
qui pointe un «manque de volonté». «Ils n'ont pas joué avec leur coeur», crie
un passant déambulant sur la chaussée rapidement désertée.
La superstar Didier Drogba, le
buteur du club londonien Chelsea, décevant depuis le début de l'épreuve, est la
cible de tous les critiques. «Drogba
égale déception»: le verdict est sans équivoque sur un carton brandi par un
supporter.
«C'est la désolation totale»,
renchérit Antony, un étudiant qui vient d'ôter le maillot frappé du nom du
champion qu'il portait fièrement avant le match.
Non loin, un groupe de jeunes
déplore une «occasion ratée avec toute cette génération» de joueurs
d'exception.
«Il faut attendre longtemps,
après notre premier succès en 1994, pour espérer remporter une nouvelle fois
cette compétition», avertit Rachel.
Pour d'autres, cette défaite
cuisante n'est rien de moins qu'»un comportement antipatriotique dans un
contexte politique fébrile».
Les bras croisés devant un bar
fermant ses portes, Jean Kati voudrait encore rêver: «ils auraient pu nous
faire oublier un tant soit peu nos querelles politiciennes à travers une
victoire», alors que le pays entre dans sa huitième année de crise
politico-militaire.
Jean va jusqu'à préconiser de
convoyer les malheureux joueurs dans un camp militaire, comme l'avait fait en
2000 le bref régime militaire du général Robert Guéï.
Malgré la déception, les
supporters s'en vont dans le calme, encadrés par quelques centaines de
policiers et gendarmes. Qui auront fait passer un sale quart d'heure à un
voleur pris la main dans le sac.
Propriétaire d'un «maquis» (bar
de quartier), Raymond se dit quant à lui doublement accablé: en plus de la
défaite, il n'a pu écouler son stock de bière. «Quel gâchis!», lâche-t-il en
rangeant ses casiers.
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Posté Le : 26/01/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Christophe Koffi De L'afp
Source : www.lequotidien-oran.com