Algérie

Abecedarius : Fascinante Alamut



Décidément, le monde de la politique se montre toujours diligent pour se saisir d’une œuvre littéraire et la mettre à son service. L’exemple le plus frappant, en ce début du troisième millénaire, est sans doute celui du roman Alamut de l’écrivain slovène, Vladimir Bartol (1903-1967). En effet, c’est à la faveur des événements du 11 septembre 2001 que ce roman a pu être tiré de l’oubli et connaître ainsi une nouvelle vie en bénéficiant d’une large diffusion. Vladimir Bartol, qui avait mis dix ans pour écrire ce roman et le publier en 1938, ne pouvait espérer alors une telle aura. Son but était de lutter contre la montée du stalinisme en URSS, du fascisme en Italie et du nazisme, en Allemagne. Comme il ne pouvait évoquer directement la situation socio-politique prévalant alors dans toute l’Europe, sous peine de risquer sa vie, il était donc allé quérir la matière de son roman dans une région de l’Asie centrale, à une époque très éloignée et, bien sûr, dans une aire culturelle qui, en dépit qu’elle fût en contact direct avec le monde de la chrétienté, n’en était pas moins éloignée. Il aura fallu pas moins de 70 ans aux lecteurs dans le monde occidental pour faire connaissance avec ce roman. Comme quoi, la politique parvient toujours à déformer ou à donner une nouvelle orientation à l’œuvre littéraire proprement dite. On le sait, la montée de l’islamisme politique dans le monde arabo-musulman avait mis le monde occidental en déphasage par rapport à la réalité de l’Asie centrale. Les analyses de l’orientaliste Bernard Lewis – dans le fond racistes – donnèrent lieu à des résultats néfastes et les menées des différents services de renseignement occidentaux n’ont fait que désorienter l’action politique en Asie Centrale. En Occident, on continue toujours de pointer le doigt en direction de cet islamisme politique qui, à chaque fois, épouse de nouveaux contours en Afghanistan et dans les régions voisines. Alamut est cette citadelle au nord de la Perse de laquelle partaient les Hachichines «assassins» au XIe siècle, sur ordre de leur mystérieux chef, Hassan Sabbah, qui avait mis tout le Moyen-Orient en coupe réglée, dans le seul but, disent les historiens, de contrecarrer les menées sunnites de la dynastie des Abbassides de Baghdad et permettre ainsi au shiisme ismaélite de s’imposer dans la région.     
Le roman de Vladimir Bartol n’a pas eu la chance de jouir de la même aura que celle du roman Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell (1900-1949), célébré la même année au double plan littéraire et cinématographique. C’est que l’Amérique était alors occupée ailleurs avec son «New Deal» et continuait à considérer la nouvelle configuration du monde sans se soucier de ces «peuplades de l’Asie centrale», toutes religions et croyances confondues. Est-ce à dire que l’action de Hassan Sabbah, qui se faisait appeler «le Vieux de la Montagne», en 1092, date de l’action du roman Alamut, est vraiment la même que celle qui prévaut de nos jours en Asie centrale et qui terroriserait, de ce fait, le monde occidental ' L’évolution du monde nous le dira certainement.
   toyour1@yahoo.fr
 


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)