Voilà que les poètes s'en mêlent, et c'est bien leur droit, voire leur devoir, tant le côté prémonitoire de leur vision est nécessaire pour alimenter cette grande marmite qu'est la vie et son univers. «Ce monde, pour les uns, mourra brûlé, selon d'autres, gelé», a déclaré Robert Frost (1874-1963), dans son recueil de poèmes Feu et Glace, publié au sortir de la Deuxième Guerre mondiale. Rien moins que cela ! Avant lui, Paul Eluard (1895-1952), n'avait-il pas lancé : «La Terre est bleue comme une orange » ' Voulant poétiquement suggérer que la Terre est pourrie, il a produit néanmoins un trait hautement visionnaire qui s'est vérifié lorsque les premiers vols de fusées autour de la Terre commencèrent à la fin des années cinquante et que notre planète apparut en bleu aux cosmonautes.
Robert Frost y ajoute un plus en adjoignant un troisième trait, celui de la sentimentalité tout court. Tout en empruntant un chemin à part, il rejoint, en même temps, toutes les visions qui ont primé sur ce sujet depuis les premiers penseurs matérialistes de l'Antiquité, voulant ainsi réconcilier idées religieuses, libres pensées et dimension purement anthropologique. C'est à croire qu'il a voulu ainsi pasticher le Saint Coran qui donne une description toute particulière sur la fin de la vie : le Soleil qui s'assombrit, les étoiles qui deviennent ternes et les dernières tribulations de l'être humain face au chaos au sein duquel il se trouverait un jour. En bref, c'est le refroidissement total de l'univers, précédé peu avant par des explosions inimaginables, un peu partout dans le firmament, ainsi qu'une débandade de l'être humain devant l'épreuve de ses derniers instants.
Entre le big bang, entendez le commencement de l'univers, et le big crunch, soit la grande contraction finale de celui-ci, les astrophysiciens continuent de livrer encore diverses interprétations sur la naissance du cosmos comme sur sa mort. Les quinze milliards d'années d'existence de ce dernier sont ponctuées de diverses lectures dès lors que l'astrophysique, en tant que discipline scientifique évoluant au fil du temps et des découvertes, se trouve contrainte de tâtonner avant de donner quelque réponse définitive sur tel ou tel autre aspect de l'univers. Pourtant, les astrophysiciens, à qui incomberait ce rôle majeur d'interprétation scientifique de la vie de l'univers, disposent déjà de nombreux éléments d'information qui pourraient les amener à opter pour quelque réponse à ce sujet.
Dans son recueil, Feu et Glace, notre poète émet, tout bonnement, mais avec certitude, une troisième hypothèse où il serait question, selon lui, de voir la vie – toute la vie –, physique comme spirituelle, tomber sous les coups d'un grand refroidissement qui brouillerait, cette fois, le monde des sentiments entres les àªtres humains : «Ce que j'ai tâté du désir, chante-t-il, me fait dire que le monde sera brûlé. Mais s'il devait deux fois mourir, je sais ce que c'est que haïr. Et je peux dire que pour détruire, le gel est fort aussi, et suffit. »
Faut-il donc accréditer cette troisième thèse, celle que nous propose Robert Frost, et peut-être bien d'autres poètes de la terre ' La vie ne risquerait-elle pas de disparaître sous le poids de ce big chill, ce grand refroidissement qui a toujours existé entre les hommes, en dépit de ce cyclotron générateur d'énergie ayant toujours marqué leur existence sur cette terre, et par extension, dans tout l'univers '
toyour1@yahoo.fr
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Posté Le : 30/04/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Merzac Bagtache
Source : www.elwatan.com