Algérie

Abderrahmane Zidane. Architecte Notre ambition est que les Jeux méditerranéens d’Oran se déroulent à zéro déchet





- Vous avez présenté une communication à Archi’Terre 2017 sur les actions du R20 à Oran. Présentez-nous le R20?

Le R20 est une ONG internationale fondée par des célébrités dont l’acteur américain Arnold Schwarzenegger, ancien gouverneur de Californie. L’Algérie a adhéré à cette ONG après la signature d’un accord en 2013, à l’époque d’Amara Benyounes alors ministre de l’Environnement.

Oran est le pôle méditerranéen de cette organisation. Nous avons décidé que Oran devienne une ville pilote. Et, depuis 2013, la ville est devenue très dynamique en matière de gestion environnementale (déchets ménagers, efficacité énergétique, énergies renouvelables). A titre d’exemple, nous menons de l’éducation citoyenne dans le domaine du tri sélectif. Nous avons mis en place une unité de fabrication de compost à partir de déchets ménagers.

- Il est question aussi d’outils de gouvernance locaux

Absolument. Il s’agit, par exemple, du pôle de promotion de l’écoconstruction qui est présidé par le wali d’Oran. Il y a aussi une opération de gestion numérique de la ville d’Oran. Nous avons lancé également un master professionnel entre l’Ecole des mines de Saint-Etienne (France) et l’Ecole polytechnique d’Oran.

Nous sommes déjà à la première promotion avec seize apprenants de divers secteurs publics et privés. Ils viennent notamment des collectivités locales de Annaba, Boumerdès, Ghardaia et Tlemcen. Et bientôt, nous allons lancer une deuxième promotion à partir de septembre prochain.

Il s’agit d’un master concret. Ce n’est pas une thèse qu’on va mettre dans un terroir et l’oublier après. Il s’agit de vrais projets qui vont être connectés avec d’autres projets du R20 international. Il y a 100 projets pour le climat. L’Algérie bénéficie d’une quinzaine d’entre eux: des fermes solaires, des éco-quartiers, valorisation des déchets. Notre ambition est que les Jeux méditerranéens de 2021 se déroulent à Oran à bas carbone, à zéro déchet.

- Qu’en est-il de la plateforme que gère le pôle de promotion de l’écoconstruction?

C’est une plateforme numérique sur internet dédié aux professionnels de la construction et de la ville durable. Dynamique, cette plateforme permet d’avoir un aperçu de tout ce qui se fait à travers le monde et en Algérie en matière de construction durable, des matériaux de construction, des villes, des infrastructures en eau, en énergie et en santé. Parallèlement, nous organisons un concours national et international.

En 2016, nous avons primé quelques réalisations algériennes comme la Résidence Hasnaoui à Oran qui est un exemple en matière d’isolation et de gestion de déchets. Un prix a été aussi donné au Ksar Tafilet Tadjit (Ghardaïa) qui a été consacré au niveau international à l’occasion de la COP 22 (Conférence internationale sur le réchauffement climatique) qui s’est tenue à Marrakech au Maroc. Aujourd’hui, beaucoup de wilayas nous demandent de dupliquer l’expérience avec la collaboration du ministère des Ressources en eau et de l’Environnement.

- Peut-on connaître quelles sont les wilayas?

Il y a d’abord Béjaïa. Le wali est très impliqué dans les questions d’environnement. Il a fait appel à nous et nous avons élaboré une feuille de route qu’on va mettre en pratique bientôt. Il y aussi Mostaganem, Ghardaïa et Sétif. Donc, ça commence à faire tache d’huile. C’est tout bénef pour l’Algérie parce qu’il est question de préserver les ressources naturelles, de protéger l’environnement et de s’adapter aux changements climatiques. Nous sommes vulnérables comme pays. Nous ne sommes pas émetteurs de gaz à effet de serre, mais nous risquons de payer, de boire la tasse si nous ne nous prenons pas à temps. Dans la nouvelle Constitution, la question environnementale est prise en charge.

- Existe-t-il une culture écologique en Algérie?

L’écologie est d’abord une question d’engagement militant. Pour nous, il s’agit d’un engagement technique. Le rôle du R20 est de mettre en adéquation les systèmes financiers, les expériences technologiques et le territoire. Tout récemment, la daïra d’Es Senia, à Oran, nous a demandé de les accompagner dans la gestion urbaine des déchets, de l’éclairage et de l’économie d’énergie surtout en période de restrictions budgétaires. Nous les aidons à trouver des sources de financement. Les Algériens sont sensibilisés aux questions relatives à l’écologie. Il suffit seulement de mettre les bonnes définitions.

Parler environnement, ne veut pas dire évoquer la propreté ou la saleté. Notre démarche est de convaincre les citoyens d’aller vers de nouveaux gestes quotidiens comme le tri sélectif et le choix des produits pour minimiser les déchets. Les déchets sont une ressource, pas une malédiction. Il faut savoir que tous les déchets sont utiles.


Fayçal Métaoui




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