Algérie

Abderrahmane Benkhalfa fait le distinguo



Abderrahmane Benkhalfa fait le distinguo
L'ancien ministre des Finances plaide pour la réconciliation économiqueD'emblée, le conférencier a appelé à ne pas dramatiser les choses estimant qu'il y a un grand stress engendré parmi les Algériens à ce sujet.
L'économie algérienne est depuis samedi 23 septembre au menu de plusieurs conférences et communications à l'Insim de Tizi Ouzou où se tiennent les «journées de l'étudiant» jusqu'à mercredi prochain. L'ancien ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa était le premier à ouvrir le cycle des conférences avec un thème relatif à l'actualité. L'hôte de la ville des Genêts a, en effet, choisi de parler des alternatives de financement de l'économie nationale. Le sujet était tellement accroché à l'actualité qui agite la scène politico-économique nationale que la salle était archicomble.
D'emblée, le conférencier a tenu à appeler à ne pas dramatiser les choses, estimant qu'il y a un grand stress engendré parmi les Algériens à ce sujet. «Il ne faut pas exagérer les choses», estimait-il ajoutant qu'«il faut plus que jamais adopter une démarche plus positive et pragmatique. Il parlait de la stratégie du gouvernement dans le financement de l'économie nationale dans les années à venir. «Il est vrai, estimait-il, que la conjoncture nécessité une attention particulière mais l'Etat des lieux n'est pas si dramatique.» «Toutefois, ajouter-t-il, avant toute chose, il convient de séparer et faire la distinction entre le financement du budget et le financement de l'économie. Ce sont deux choses distinctes et différentes». Benkhalfa s'est d'ailleurs refusé à porter une appréciation sur la démarche gouvernementale actuelle estimant qu'on ne peut considérer un financement bon ou mauvais, car il n'est qu'une partie d'un paquet global qui est la réforme structurelle de l'économie nationale.Abordant son sujet, l'ancien ministre a énuméré une panoplie d'alternatives pour le financement de l'économie nationale car pour cet éminent expert, le financement du budget est un autre domaine sur lequel il n'a pas voulu s'attarder. Tout d'abord, Benkhalfa a préconisé la bancarisation des opérations financières et marchandes. Alors que le financement du budget est tiré des taxes, le financement de l'économie doit émaner des activités économiques. Plus le budget est loin de l'économie, plus notre pays ira mieux», dira-t-il en précisant qu'«il faut désormais découpler le déficit budgétaire du déficit économique; l'un n'étant pas l'autre».
Abordant ainsi, le financement non conventionnel, Benkhalfa a préconisé son utilisation avec beaucoup de vigilance estimant qu'il faut qu'il soit maîtrisé. C'est une sorte de prêt de la banque à l'Etat. Ce qui met le pays dans un carrefour et une conjoncture cruciale obligeant l'économie algérienne à produire les ressources nécessaires à un financement sain. Aussi, dans cette conjoncture, la bancarisation commence par la thésaurisation, puis la mobilisation des patrimoines gigantesques qui sont en dehors des circuits bancaires. L'expert préconisera, pour ce faire, d'élargir le catalogue des instruments bancaires.
En second lieu, Benkhalfa recommande vivement d'attirer le maximum d'IDE. «Un atout majeur permet à notre pays d'attirer les IDE. L'Algérie est un pays tranquille du point de vue sécuritaire», affirme-t-il. «Dans deux à trois années, nous devrons gagner la bataille de l'ouverture de notre économie». «Mais, ajout-t-il, «jamais ça ne pourra se faire d'abord, sans notre communauté basée à l'étranger, puis le mixage de nos capitaux avec les grands groupes étrangers. Cette année, on n'a pas pu exporter nos excédents agricoles faute de partenariats qui nous permettent de vendre à l'international. Nous avons un atout majeur à faire valoir, notre coût de production est très bas. Ce sont là des opportunités à mobiliser pour faire fonctionner l'économie nationale».
Troisièmement, l'orateur a préconisé l'élargissement de l'assiette fiscale afin de capter le secteur informel. Pour Benkhalfa, le détenteur d'argent hors circuit bancaire n'est pas contre la loi, bien au contraire, il faut aller vers son inclusion et non son exclusion. Après la réconciliation politique réussie, Benkhalfa plaide désormais pour la réconciliation économique afin d'intégrer tous les acteurs dans une stratégie nationale globale.
Enfin, abordant certains sujets après des questions lors des débats, l'ex-ministre a averti quant à la tentation de changer de monnaie. Il citera d'ailleurs, pour illustrer son avertissement, le cas de l'Inde qui a ouvert la porte à la spéculation et à l'inflation avec cette opération. Quant au marché informel de la devise et autres, l'orateur préconisera d'assécher la demande par des mécanismes économiques.


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