Le dollar reste la monnaie de réserve internationale et «ni l'euro, ni le yuan ne sont des concurrents sérieux à moyen terme pour le remplacer», a déclaré hier l'économiste Abderrahim Bessaha sur les ondes de la radio nationale Chaîne 3.«A chaque crise économique mondiale, la question de la domination du dollar comme monnaie de réserve internationale revient sur la table. Elle est reposée de nouveau dans le contexte du conflit armé en Ukraine. Mais la situation, quand nous regardons les chiffres, montre le contraire.
Il est vrai que la part du dollar dans les réserves internationales de change est passée de 71% en 2000 à 59% en 2021. Cette baisse est due à une restructuration des portefeuilles d'actifs par des Banques centrales. Le dollar reste donc la monnaie internationale la plus utilisée, tout simplement parce qu'il reflète la force de l'économie américaine et la force de son système financier», a-t-il ajouté.
Qu'est-ce qui a fait la force du dollar ' Abderrahim Bessaha estime que «c'est dû au fait que l'économie américaine est la plus importante du monde», rappelant qu'elle représente «le 1/5e du PIB mondial», «mais aussi la profondeur de son système monétaire et financier» et «la possibilité pour ceux qui détiennent du dollar d'acheter des biens à travers le monde ou auprès des Etats-Unis».
Invité à commenter la situation économique mondiale depuis la pandémie de Covid-19 et particulièrement après l'éclatement de la crise en Ukraine, l'invité de la Chaine 3 a estimé que le marqueur de cette crise est l'inflation qui risque de durer «jusqu'en 2023». «Une inflation record, notamment sur les produits énergétiques et les matières premières», explique M. Bessaha. Pour l'expert, les Banques centrales des pays développés n'ont pas su saisir le caractère structurel de cette inflation, induite par une forte demande et des problèmes au niveau de l'offre. Selon lui, les spécialistes s'accordent à dire que «cette inflation pourrait durer jusqu'en 2023, le temps de résoudre tous les obstacles structurels à la reprise d'une production qui pourrait satisfaire la demande».
L'expert constate que le conflit Ukraine-Russie a montré les fragilités de l'Europe : «d'abord, un réel problème de sécurité». Le vieux continent a également des problèmes «d'approvisionnement en énergie et en produits alimentaires», relève-t-il, estimant que «l'impact sur l'Europe dépendra de la durée du conflit». Sans exclure «le risque d'une récession de l'économie en Europe, si le conflit perdure».
Concernant l'Algérie, l'intervenant considère que le pays «doit reconstruire une économie forte pour maintenir sa sécurité alimentaire, son indépendance géostratégique et assurer la prospérité de la population», pour faire face à cette nouvelle donne géopolitique et économique mondiale.
Mais de manière générale, il constate que «les pays en voie de développement, doublement impactés par la hausse des prix de l'énergie et des produits alimentaires et feront, eux aussi, face à un ralentissement de la croissance», prédit l'expert. Dans le cas de l'Algérie, il relève que « les gains engrangés grâce à la hausse des prix du pétrole seront consommés par les importations».
Toujours dans le volet énergétique, l'expert avertit que «la décarbonisation est en cours». «Peut-être qu'elle va ralentir pendant un certain moment, mais elle va continuer. Donc à charge pour nous de plus miser sur le pétrole. Il faut très vite lancer notre programme de réforme de manière à trouver d'autres alternatives aux activités pétrolières».
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Posté Le : 06/04/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R N
Source : www.lequotidien-oran.com