ABDENOUR HOCHICHE, PRESIDENT DE L'ASSOCIATION PROJECT'HEURTS, À LIBERTE

Dans cet entretien, il revient sur les dix ans d'existence des Journées cinématographiques de Béjaïa, sur le cinéma algérien'
Liberté : Les Journées cinématographiques de Béjaïa fêteront leur dixième anniversaire. Quelle sera la particularité de cette édition '
Abdenour Hochiche : Il n'y aura pas vraiment de particularité, même si tenir une dixième édition est en soi assez particulier, c'est un anniversaire en quelque sorte. Pour revenir à cette nouvelle édition, je dirais qu'elle va être riche en films, en rencontres et en débats. Les films choisis ont la particularité d'être des moments de création assez forts dans le fond et dans la forme. Il s'agit pour nous d'établir la corrélation qui existe entre le réalisateur en tant que créateur et l'objet de sa création, à savoir son film. C'est cette interaction esthétique et thématique que nous essayons de donner à voir au public lors de notre manifestation.
Si vous êtes amené à faire une rétrospective, que diriez-vous '
Les rencontres existent depuis dix ans et c'est déjà l'heure de faire les premiers bilans pour essayer de se projeter dans l'avenir. Cette manifestation existe dans un environnement qui n'est pas toujours facile. Chaque édition est une nouvelle épreuve devant les difficultés qui peuvent se poser devant nous. Ceci dit, d'année en année, les rencontres s'installent dans le paysage culturel et cinématographique local et national, ce qui est en soi une réussite puisqu'il faut rappeler que ces rencontres sont portées par une association, des jeunes bénévoles et une solidarité locale et quelques sponsors et aides publics et privés. Il faut aussi se rendre à l'évidence que l'acte culturel doit être porté par l'ensemble des partenaires et qu'il ne peut ni ne doit être sporadique et conjoncturel, ce qui revient à dire que la culture doit être le souci de tous et tous les jours.
Ces rencontres ont-elles permis à de jeunes réalisateurs d'émerger '
C'est beaucoup dire. Il s'agit pour nous de donner un espace aux réalisateurs algériens en fonction aussi des films que nous choisissons et que nous programmons. La programmation se fait aussi à partir de certains critères établis par l'équipe de programmation, ce qui fait que nous choisissons dans le nombre de films qui nous sont donnés à voir pour arrêter un programme et le présenter au public.
En dix ans d'activité, avez-vous constaté une évolution dans le 7e art algérien '
Si on parle de l'évolution 'dans' le cinéma, il est évident que cela existe à travers une nouvelle génération de cinéastes qui arrive, une nouvelle façon de faire et d'aborder la création, et c'est somme toute normal puisque les sociétés évoluent avec leur lot d'accidents de parcours et de perspectives. Maintenant et pour parler de l'évolution 'du' 7e art en Algérie, la chose est différente. Celle-ci dépend de beaucoup de paramètres qui sont toujours en retard pour donner le dynamisme qu'il faut à l'évolution naturelle de la création en Algérie, je dis naturelle parce que la création ne doit en aucun cas être considérée comme un souci ou un problème, il s'agit d'un processus qui accompagne toute société dans son existence.
Les films retenus cette année collent-ils à l'actualité du moment : cinquantenaire de l'Indépendance, Printemps arabe' '
Il s'agit pour nous de faire une programmation qui ne soit pas collée nécessairement à l'actualité ou à la conjoncture. Nous choisissons des films en fonction d'autres critères ; ceci dit, il y a des films qui parlent de la Tunisie par exemple et de ce qui s'y passe mais avec un regard subjectif et esthétique propre aux réalisateurs, ce qui donne à la thématique un regard autre et nouveau.
H. M.