Abdelwahab Braham (1) connaît à fond sa ville natale (Bizerte) et s’identifie à une étape de son évolution qui a été immortalisée dans un beau livre d’art ; notre écrivain en est l’initiateur.
Les débuts littéraires de Abdelwahab Braham furent précoces : encore étudiant, il écrira quelques nouvelles (dont plusieurs sur la guerre d’Algérie) de circonstances bien venues qui, diffusées par la presse quotidienne, firent le tour de la Tunisie. Mais, n’apercevant pas dans les lettres une carrière à la mesure de ses énergies, il se consacra à l’animation culturelle (2). Cela ne l’empêcha pas cependant de publier ses meilleures nouvelles dans deux recueils. Depuis quelques années, il est revenu à l’écriture. II est à son 4e roman. II a acquis une expérience qui fait de lui l’un des meilleurs romanciers dans son pays. Ses voyages en Afrique et surtout dans le monde arabe ont élargi ses horizons sans modifier vraiment sa vision d’homme intègre, fortement imprégné par l’amour d’un Maghreb uni et prospère. Pour lui, ce n’est pas un rêve, mais une réalité qu’il faut concrétiser le plus tôt possible. La foi dans le progrès du Maghreb, héritée de la lutte de libération de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc et revécue en fonction des regroupements internationaux en Europe et en Extrême-Orient est, chez lui, un postulat fondamental. Sur l’influence du milieu, sur l’atténuation de la responsabilité qui en résulte, on trouve chez Abdelwahab Braham plus d’un aperçu suggestif, notamment dans ses romans (Mer calme, ciel bleu-2004). II est pourtant exempt de réalisme social à la Naguib Mahfouz. II rêve d’une civilisation arabe forte malgré le statu quo qui caractérise les régimes arabes contemporains. La civilisation dont il rêve lui paraît réalisable et peut être engagée sur la voie des améliorations graduelles. Cet attachant rêve domine la production littéraire de Abdelwahab Braham. Nouvelliste, notre écrivain est un visionnaire limpide et adroit, dont certaines nouvelles paraissent faites pour les anthologies. Dans ses romans, il sait fréquemment tenir en échec les facilités élégiaques et fixer un état d’âme d’un trait pittoresque, caractéristique ou piquant (L’amour du temps fou 2000). Quand il s’exprime par la bouche de ces personnages facétieux, il est souverain.
1- Ecrivain tunisien
2- II a été cadre au ministère tunisien de la Culture, conseiller à l’Alesco, représentant de l’Unesco en Côte d’Ivoire, etc.
Posté Le : 04/02/2007
Posté par : hichem
Ecrit par : Djilali Khellas
Source : www.elwatan.com