Algérie

Abdelouahab Fersaoui, président de l'association RAJ 'Les luttes de pouvoir avaient pris le dessus"



Abdelouahab Fersaoui, président de l'association RAJ                                    'Les luttes de pouvoir avaient pris le dessus
Je n'étais pas encore né le 5 juillet 1962, mais mes parents et mes grands-parents m'ont raconté que le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu, et le 5 juillet, journée de l'indépendance, étaient deux dates importantes dans l'histoire de l'Algérie. C'étaient le résultat d'une résistance et d'un sacrifice immense durant plus de sept ans de lutte, qui ont donné la naissance d'un Etat et la régénération d'une patrie bafouée par plus d'un siècle de colonisation.
C'était la joie générale, c'était l'espoir de vivre libre, dans la dignité, la prospérité et la justice sociale, après de longues années de joug colonial. Malheureusement, cette indépendance fut confisquée, juste après, par les luttes de pouvoir, qui ont pris le dessus sur les valeurs de Novembre et les orientations du congrès de la Soummam. L'Algérie d'aujourd'hui aurait dû être meilleure.
Hélas, après cinquante ans d'indépendance, les Algériennes et les Algériens ne connaissent pas leur histoire, malgré la grandeur de cette Révolution qui a forcé l'admiration de tous. L'histoire de l'Algérie est banalisée par des généralités dans les manuels scolaires et par les célébrations folkloriques... et de salons.
Si les Algériens et les Algériens se sont soulevés contre le colonialisme français pour arracher leur indépendance c'est pour vivre dans un Etat de paix, de droit, de démocratie et de justice sociale. Malheureusement, après l'indépendance, l'Algérie a connu une succession de crises multidimensionnelles, causées par des luttes de pouvoir, au détriment du peuple algérien et de sa souveraineté... Pourtant, l'Algérie possède tous les atouts, pour se développer et pour s'imposer en temps que force économique, politique et technologique, vu les moyens humains et les richesses naturelles qu'elle possède, sans oublier sa place géopolitique.
À la recherche d'un avenir meilleur
Le 5 juillet, journée de l'indépendance, est baptisé 'Fête de la jeunesse" ' C'était pour récompenser les jeunes valeureux Algériens qui ont décidé de prendre en main leur destin pour libérer l'Algérie, en déclenchant l'une des plus grandes révolutions du XXe siècle. Aujourd'hui, la jeunesse est livrée à elle-même, sans avenir clair, sans perspectives et sans repères. Les jeunes sont présents dans les discours officiels et dans les différents programmes, mais ils sont absents, voire même exclus, de la sphère de prise de décision. Les problèmes de chômage, de logement, l'injustice sociale et l'absence de toutes les libertés poussent, malheureusement, les jeunes à se suicider, à s'immoler et à fuir leur propre pays, en traversant la Méditerranée, dans des conditions terribles, pour atteindre l'autre rive, à la recherche d'un avenir meilleur. Malgré ces problèmes, les Algériens sont en mouvement permanent pour exprimer leur ras-le-bol et leur refus de l'ordre établi, et ce, à travers des contestations à l'échelle nationale, surtout ces dernières années, et cela dans un contexte régional marqué par des mutations historiques, avec les chutes successives des régimes autoritaires et totalitaires de la région.
Pour ma part, je reste optimiste car, comme ont fait nos aînés, la jeunesse fera son devoir. Je pense que la jeunesse algérienne d'aujourd'hui a la capacité de relever le défi et de réaliser les espérances de l'indépendance, grâce à la lutte citoyenne, responsable et pacifique : émancipation d'un Etat de droit, démocratie et justice sociale. Nous osons aussi espérer que les forces sociales et politiques progressistes fassent des efforts pour s'imposer, afin d'instaurer une politique économique et sociale qui prenne en considération les valeurs universelles des droits de l'homme et la redistribution équitable des richesses du pays, tant dans le Nord que dans le Sud. Une politique différente de celle menée depuis une vingtaine d'années, qui est plus une politique libérale répondant aux injonctions des puissances économiques mondiales.
Les espoirs nés après l'indépendance doivent commencer à voir le jour, 50 années après. Il est largement temps et... le potentiel humain existe pour y arriver.
H. A.


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