Abdelmalek Sellal mène une campagne en dents de scie

"Vous voyez de quoi sont capables les gens de Constantine '" lance, tout sourire, le directeur de campagne du Président-candidat, Abdelmalek Sellal, aux journalistes, visiblement soulagé de constater que la salle du complexe sportif Chahid-Hamlaoui de Constantine est bien remplie. Son moral semble remonté d'un cran après la dure journée qu'il avait vécue la veille à Ouargla. Dans cette ville du sud du pays, son meeting a non seulement connu une faible affluence, mais a aussi été fortement chahuté par des jeunes chômeurs qui lui ont cruellement rappelé ses engagements non tenus. "Ya Sellal ya kedhab, win rah tachghil chabab '" (Sellal, vous êtes menteur, où est l'emploi des jeunes ') Un peu déstabilisé par cette intrusion hostile, il s'est justifié, tant bien que mal : "Le gouvernement a donné des instructions. C'est la faute à la bureaucratie si rien n'est encore fait."Confronté aux manifestations récurrentes, au printemps 2013, des jeunes dés?uvrés des régions du Sud qui réclamaient un emploi, Sellal, alors Premier ministre, avait annoncé, tambour battant, que le gouvernement a pris des mesures pour que les sociétés nationales installées dans cette partie du pays recrutent en priorité la main-d'?uvre locale. Une année après, ces promesses ne sont pas encore concrétisées. En réaction, les animateurs de la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs n'ont pas raté son passage dans la ville pour le mettre devant ses actes manqués. C'est dire l'enjouement de l'ex-Premier ministre à la vue des centaines de citoyens qui occupaient le terrain et une partie des gradins de la salle omnisports de Constantine. C'est, certes, une wilaya qu'il connaît bien, car il l'a administrée pendant des années. Au-delà, il a mêlé les Constantinois à sa blague douteuse sur les Chaouis. Ce qui pouvait présager un autre incident dans le parcours de la campagne électorale, qui bouclera, aujourd'hui, sa première semaine. "Barak Allah fikoum ya nass Constantine. Merci pour cet accueil." C'est par ces mots de reconnaissance qu'il entamera son meeting. Il enchaîne, ensuite, sur des passages choisis de ce qui devrait être le projet du candidat Bouteflika pour les cinq prochaines années, à savoir donner du travail aux jeunes, combattre les injustices et la corruption, réviser la Constitution... et préparer la relève au plus haut niveau de la hiérarchie de l'Etat. Là aussi, il réaffirme que la volonté du chef de l'Etat est de céder, au terme de son 4e mandat, la gestion des affaires du pays à la génération post-Indépendance. Abdelmalek Sellal parle aussi de la professionnalisation et de la modernisation de l'ANP, pour qu'elle puisse assurer les missions qui lui sont conférées dans les meilleures conditions. "Il est impératif de soutenir l'Armée nationale", martèle-t-il, comme pour mieux signifier qu'il n'y a aucune divergence de vue, d'intérêt ou de projet entre le candidat qu'il représente et l'institution militaire.Sur un autre registre, l'homme de confiance du Président-candidat a regretté que la campagne électorale soit entachée par des attaques personnelles. "La politique de l'insulte ne mènera nulle part. Nous menons une campagne propre, loin de toute forme de violence verbale ou d'atteinte à la moralité des personnes", avertit-il, sans trop s'attarder sur le sujet. Il a achevé son rassemblement par un geste classique en pareilles circonstances. "Ayez confiance en votre pays et en cet homme intègre", clame-t-il, en pointant de l'index le portrait du chef de l'Etat, qui rempile pour un 4e mandat.La bon déroulement du rendez-vous de la matinée augurait une ambiance similaire pour la sortie de proximité que le staff de campagne a prévu dans la localité d'El-Khroub. Une rencontre directe avec les électeurs qui aurait démenti les bruits qui courraient sur le déplacement en masse au meeting de citoyens ramenés par le RND et le FLN des villes limitrophes de Constantine. Contre toute attente, les journalistes ont appris, en début d'après-midi, que l'action de proximité a été annulée. Sellal n'ira pas non plus au devant de la population aujourd'hui à Arzew, ni la semaine prochaine à Barika. Aucune explication cohérente n'a été fournie pour justifier ce changement inopiné dans le programme du directeur de campagne de M. Bouteflika.S. H.NomAdresse email