ABDELMALEK SELLAL LE REVÈLE : «Nous accusons un retard dans le lancement de 1,5 million de logements»

De notre envoyé spécial à Annaba, Kamel Amarni
«Nous accusons un retard dans le lancement des travaux de construction de 1,5 million de logements.» Ce chiffre astronomique a été annoncé par le Premier ministre en personne, Abdelmalek Sellal, au terme de sa visite dans la wilaya de Annaba qu'il a effectuée jeudi dernier.
Paradoxalement, le retard n'est pas dû au manque de moyens financiers, mais est le résultat de l'incapacité des entreprises algériennes, publiques et privées, à faire face à ce gigantesque chantier qui constitue l'un des engagements phare du troisième mandat de Abdelaziz Bouteflika. Son ancien directeur de campagne et actuel chef de l'exécutif en fait d'ailleurs l'une des priorités de son plan d'action. L'essentiel du programme de sa sortie de ce jeudi à Annaba sera d'ailleurs consacré à ce secteur. Tout comme le point de presse qu'il a animé à l'aéroport d'Annaba. La veille déjà, mercredi, le gouvernement s'était penché sur un décret assouplissant grandement les procédures d'attribution de marchés de gré à gré dans le secteur du bâtiment. Une mesure particulièrement destinée aux partenaires étrangers. «Nous devons accélérer les constructions de logements, quitte à faire participer les partenaires étrangers», dira Sellal. «Nous devons profiter de la crise économique en Europe pour faire venir des entreprises investir en Algérie, en partenariat avec les entreprises nationales.» Le Premier ministre cite les exemples des Portugais et des Espagnols qui ont déjà commencé à prendre des marchés en Algérie. Aussi, et outre le déficit en matière de main-d'œuvre qualifiée dans les métiers du bâtiment, le gouvernement se doit, selon son premier responsable, de résoudre définitivement le problème récurrent du foncier qui bloque tous les grands projets. «Il nous faut une vision homogène pour construire de vraies villes et non plus des cités-dortoirs avec leur lot de fléaux sociaux», expliquera encore Sellal qui, la matinée même, s'en est allé inspecter «de visu» les lieux où sera érigée une méga nouvelle ville de Annaba, la cité Draâ Errich, dans la daïra de Berrahal.
«45 000 logements finis et non encore attribués»
Une nouvelle cité où seront construits pas moins de 50 000 logements de différents types. Une concentration humaine et urbaine d'une ampleur telle, que le gouvernement décide de s'emparer du dossier, avant que cela ne soit trop tard. Autrement dit, avant de refaire «la même erreur que la cité Ali- Mendjeli de Constantine», précisera Sellal. «Vous m'avez entendu ce matin. J'ai longuement insisté sur la notion de l'espace. A ce titre, il faut prévoir de grands boulevards, des espaces verts, des lieux de loisirs, etc.». En tout cas, tout cela fera l'objet d'un conseil interministériel que Sellal annonce pour jeudi prochain où il sera question, entre autres, de la création d'un EPIC (Etablissement public à caractère industriel et économique) qui aura toute latitude de suivre le projet. «A travers ce projet, nous voulons montrer notre vision d'ensemble pour ce secteur. Nous voulons gagner du temps. Nous voulons aussi éviter d'empiéter sur les terres agricoles.» Et quoi qu'il en soit, Sellal s'engage à faire lancer l'ensemble des chantiers inscrits au programme quinquennal avant la fin de l'année. De même que «la distribution, dans un délai de 3 mois, de 45 000 logements finis mais qui demeurent encore non attribués». Autre échéance fixée par le gouvernement, celle de mettre fin définitivement aux activités informelles dans le commerce. Sellal, comme son ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, s'engage à recycler l'ensemble des jeunes commerçants exerçant dans l'informel, dans des activités commerciales légales avant le début du mois de Ramadan. Ils bénéficieront à travers les quarante-huit wilayas d'espaces aménagés comme celui inauguré jeudi à Annaba. «Ce gouvernement accorde beaucoup d'importance à l'amélioration de la qualité de service public», dira également le Premier ministre qui cite un autre problème, peu évoqué en Algérie : «Nous avons un grand problème dans ce pays, celui des loisirs. Nous avons recensé pas moins de 600 salles de cinéma à travers le pays et qui ne sont pas du tout utilisées. Nous avons décidé de les réaménager pour les distribuer à des jeunes en vue de leur exploitation. La ministre de la Culture a été chargée de préparer un projet dans ce sens.» Le patron de l'exécutif, qui effectuait jeudi à Annaba sa troisième visite sur le terrain depuis sa nomination en septembre 2012, a dû, par ailleurs, annuler celle de Constantine, prévue l'après-midi même, et ce, en raison des intempéries qui paralysaient la ville. Il était accompagné de sept ministres : l'Intérieur, l'Habitat, le Tourisme, l'Environnement, les Transports, les Travaux publics et la Culture.