Algérie

Abdelmalek Sellal à Tizi Ouzou



Abdelmalek Sellal à Tizi Ouzou
De notre envoyé spécial à Tizi Ouzou, Kamel AmarniLe Premier ministre Abdelmalek Sellal a effectué, hier, dans la wilaya de Tizi Ouzou, une visite officielle qui diffère grandement de toutes les autres sorties similaires effectuées jusque-là dans les autres wilayas. Dans sa préparation, tout comme dans son contenu. Avec un programme très allégé et une délégation ministérielle moins pléthorique que d'habitude, cette visite avait surtout une symbolique politique forte.En fait, cette visite était même très redoutée, comme en témoigne ce souci de la garder «secrète» jusqu'à la dernière minute. Aussi, Sellal a-t-il tenu à marquer le coup, en quelque sorte, en faisant ce qu'aucun autre haut responsable n'a fait avant lui, depuis 1999 : pousser sa visite au-delà du seul chef-lieu de la wilaya et de ses environs, en se rendant à Béni Yenni, au pied du Djurdjura, pour inaugurer un projet à caractère social mais, surtout, se recueillir sur la tombe de l'écrivain et monument de la revendication amazighe, Mouloud Mammeri. Pour le politique donc, ce sera des symboles et des gestes mais pas de paroles. Pour le discours, en effet, Sellal le réservera entièrement au volet économique et social.En fin de journée d'hier, le Premier ministre a présidé une rencontre-débats avec les investisseurs de la région qu'il a inaugurée avec un très long discours où il a fait l'état des lieux de l'économie nationale. «Nous avons certes connu une baisse très sévère des revenus pétroliers depuis 2014. Mais notre économie résiste et elle résiste très bien, contrairement à beaucoup d'autres pays dans notre cas, et ce, de l'avis même de toutes les institutions internationales.»Ceci dit, le Premier ministre estimera que «nous avons trop compté sur la rente pétrolière au point de perdre la notion de travail ! La notion du travail n'existe plus en Algérie !» S'il a insisté sur le fait qu'en l'état actuel des choses, son gouvernement maîtrise la situation et que nous «pourrons tenir trois à quatre ans sans problèmes, et ce, grâce aux réserves que certains nous avaient reproché d'avoir dilapidées», il tirera la sonnette d'alarme. «En quatre ans d'exercice comme Premier ministre, je suis arrivé à la conclusion que le problème majeur dans ce pays reste les mentalités ! Elles doivent changer ! Ce n'est plus possible de continuer ainsi.»Sellal dénoncera particulièrement le secteur des banques. «Certains viennent déposer ou mettre de l'argent pour investir et on les bloque ! On leur demande d'où ils le détiennent. Ou, inversement, d'autres se présentent pour retirer leur propre argent et le banquier les bloque. Mais de quoi je me mêle ! Nous leur avons pourtant demandé de faciliter au maximum mais les mentalités ne changent pas. Pourtant, tout cela doit changer.»C'est dans cet ordre d'idées qu'il annoncera le contenu de la prochaine tripartite du 5 juin prochain. «Nous y avons prévu trois points dont le plus important reste le nouveau modèle économique». S'adressant à une assistance composée d'investisseurs, Sellal insistera à plusieurs reprises : «Il faut oser et avoir de l'ambition.Il faut aller vers de grands investissements. Il faut avoir de l'ambition pour cette wilaya et pour ce pays. L'Algérie ne peut plus continuer à jouer dans la division d'honneur. Il faut faire comme la JSK, et jouer toujours en première division». Il citera des exemples comme celui de cet agriculteur de Blida qui a importé 20 000 têtes de vaches laitières, ou encore un projet avalisé par le CPE et consistant en un partenariat pour la construction des hélicoptères. «Oui ! C'est cela que nous voulons ! Allez vers des partenariats, y compris avec des étrangers. Nous ne sommes pas contre les gens qui gagnent de l'argent, pour peu que cela se fasse dans la transparence.»Aussi, Sellal ne manquera pas de dénoncer aussi bien l'administration que des secteurs sensibles comme les services des douanes. «Ce n'est pas possible que les douanes freinent l'opération d'exportation de la pomme de terre par exemple au prétexte de traquer la contrebande. C'est inadmissible.» Le ministre de l'Agriculture également aura cette pique assassine de la part de son Premier ministre. «Il n'est plus possible que Giplait ou l'ONCC soit des organismes uniquement tournés vers l'importation. Leur rèle, c'est la production. Le rôle du ministère de l'Agriculture est également, et avant tout, la production et non pas l'importation». Un message lourd de sens.


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