Abdelmadjid Sellini :«On a sauvé l'essentiel» Après les amendements introduits dans la loi réorganisant la profession d'avocat

Le Conseil de l'ordre des avocats d'Alger présidé par Me Abdelmadjid Sellini s'apprête à lancer une étude comparative visant à démontrer la différence entre les conditions liées à l'exercice du métier de la défense en Algérie et dans d'autres pays, notamment les pays voisins.Reçu hier au forum de notre confrère Liberté, Abdelmadjid Sellini explique que cette initiative obéit à la logique de démontrer une fois de plus que «la nouvelle loi régissant la profession des robes noires adoptée le 2 juillet à l'APN est en deçà des attentes des avocats et de toute la société qui aspirent à une meilleure défense dans les arènes judiciaires». La loi devant remplacer celle promulguée en 1991 que Sellini qualifie «de référence» a, pour rappel, soulevé le courroux des avocats une fois imprégnés de sa mouture initiale.
La contestation des robes noires, en particulier celle menée par le bâtonnat d'Alger dans le sillage de laquelle Sellini ira jusqu'à crier à la trahison, s'est traduite par une révision partielle du projet de loi, à travers le recours à une batterie d'amendements qui ont été débattus et promulgués à l'APN.
Toutefois, cela demeure «insuffisant», déplore encore le bâtonnier d'Alger qui juge toutefois que les amendements en question ont «permis de sauver l'essentiel». Evoquant la rencontre de concertation tenue lundi entre le ministre de la Justice, Mohamed Charfi, et 15 bâtonnats régionaux, l'invité du Forum de Liberté a estimé qu'elle avait pour seul et unique objectif d'apaiser les esprits et contenir la colère des avocats. «Aucun engagement solennel n'a été pris par le ministre au cours de cette réunion», tiendra à préciser Me Sellini. Il tiendra, sur sa lancée, une série de propos élogieux à l'endroit de Mohamed Charfi.

Le bâtonnier encense son ministre
«C'est un homme respectueux de la corporation des avocats. Il a pris la défense de certaines dispositions contenues dans la nouvelle loi et qui vont dans le bon sens. C'est quelqu'un qui 'uvre pour une justice crédible», n'a-t-il cessé de répéter. Sur un autre volet, le bâtonnier d'Alger informe que les avocats de la capitale avaient bel et bien l'intention de sortir dans la rue pour dénoncer la nouvelle loi régissant leur fonction, avant que celle-ci ne soit adoptée à l'APN. «La quasi-majorité des avocats voulait sortir dans la rue pour contester ce nouveau texte.
C'est moi-même qui ai 'uvré pour que ce scénario ne se produise pas, estimant que la stabilité de l'Algérie passe avant tout», a-t-il révélé. Il ajoutera que les avocats ont exprimé un rejet en bloc de la nouvelle loi si controversée et ne s'opposent pas uniquement à certaines dispositions, particulièrement celles contenues dans les articles 9 et 24. «La nouvelle loi des avocats s'inscrit globalement dans un esprit répressif. Elle participe d'une volonté de museler la libre parole de l'avocat qui constitue la condition sine qua non d'une défense forte», dira pour finir Me Sellini.