Dans cet entretien, l'expert pétrolier explique la portée symbolique du 24 février 1971, à l'occasion du 41e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures. Il présente de manière succincte l'état des lieux et les perspectives du secteur.Liberté : Qu'est-ce qui reste de la symbolique du 24 février '
Abdelmadjid Attar : Ce qui reste de la symbolique de 24 février, c'est la souveraineté de la nation sur ses principales ressources. Si ce n'était pas le 24 février, je ne sais pas dans quel état on serait aujourd'hui. C'est vrai qu'entre-temps le monde s'est ouvert. Beaucoup de gens font des reproches en disant qu'hier vous avez nationalisé et aujourd'hui vous faites de la promotion pour attirer les compagnies étrangères. Oui, mais on ne les attire pas dans les mêmes conditions. Elles étaient les maîtres à bord avant le 24 février. Les ressources, dans le sous-sol, appartenaient aux compagnies étrangères. Mais aujourd'hui, les ressources dans le sous-sol appartiennent à la collectivité nationale conformément à la Constitution. Le principal reproche que je fais à la loi de 2005, ce n'est pas tellement le nouveau type de partenariat. Il y avait des améliorations qui étaient bonnes et il y avait des choses qui n'étaient pas bonnes. Mais l'erreur qui a été faite en 2005, c'est de dire que la part de production pétrolière du partenaire étranger lui appartient à la tête de puits. Cela veut dire qu'entre la tête de puits et le port, il peut faire ce qu'il veut de sa production. D'accord, qu'il fasse ce qu'il veut. C'est un partenaire qui a investi. Dans 10 ans, par exemple, imaginez qu'on n'a plus de pétrole ou qu'on ait besoin de raffiner notre pétrole pour notre propre industrie et faire des plus-values ici en Algérie. À ce moment-là, vous ne pouvez pas imposer votre position. La différence fondamentale entre la loi de 2005 et celle de 1986 est que dans celle de 1986 la part de production du partenaire devenait sa propriété sur le bateau au port de chargement. à partir du moment où il charge sur le bateau, c'est sa propriété, avant ce n'est pas sa propriété.
Quel est l'état des lieux aujourd'hui du secteur des hydrocarbures '
Au jour d'aujourd'hui, je dirais que techniquement il n'y a pas de problèmes, disons pour tout ce qui a été découvert jusqu'à aujourd'hui et tout ce qui est en cours de production. Sonatrach est maître à bord sur les principaux gisements, Hassi R'mel et Hassi Messaoud. C'est elle qui opère pratiquement seule sur 51% minimum des réserves et de la production aujourd'hui. Elle est présente dans des groupements, parce que les partenaires ne produisent pas seuls. L'operating c'est Sonatrach. Pour le gaz, 80% des réserves et de la production c'est Sonatrach. Il n'y a que 20% qui sont en association. La force de Sonatrach c'est ça. Mais aujourd'hui les temps ont changé. On parle de plus en plus d'hydrocarbures non conventionnels. On a commencé pour le gaz, maintenant on parle pour l'huile. Et pour cela, il faut des technologies extraordinaires que nous n'avons pas, il faut le reconnaître. Ce sont les Américains qui ont développé tout cela. Il n'y a personne d'autre. Même pas les Européens. Il faut des financements extraordinaires. Il faut énormément d'intelligence pour rentabiliser ces hydrocarbures parce qu'ils coûtent cher. Et cela demande beaucoup de temps pour les produire. Donc technologiquement, on n'est pas encore à jour sur ce plan. Enfin, il y a le volet humain. Il faut dire que la décennie passée, il y a eu de nouvelles mentalités. Il y a eu des scandales et beaucoup d'autres choses qui ont fait beaucoup de mal aux cadres. Actuellement ' Moi, je regrette que les cadres de Sonatrach ne prennent pas d'initiative. Ils ne sont pas motivés.
Eu égard à cette situation que vous décrivez, comment vous voyez les perspectives du secteur '
Moi je suis optimiste. Sonatrach est restée debout. Elle a continué à produire. Il y a de nouveaux cadres, ce sont des jeunes et c'est normal. Il faut bien qu'il y ait une relève. Et il y a des ressources. Même si on ne découvre rien, de toute façon pour le pétrole, on en a jusqu'à 2030 et le gaz minimum jusqu'à 2040. Maintenant, il reste tout ce pétrole difficile à découvrir et à produire. Il faut que Sonatrach se remue.
S. S.
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Posté Le : 29/02/2012
Posté par : archives
Ecrit par : Said SMATI
Source : www.liberte-algerie.com